En 1973, la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) crée une nouvelle formule dans le cadre de ses championnats du monde : le Trophée FIM 750 (1973-1974) devenu Championnat d’Europe 750 (1975-1976) puis Championnat du monde 750 jusqu’à son terme en 1979. Mais le Circuit de Montagne d’Auvergne avec son important public espère que le choix d’une épreuve française sur ce site confirmera le succès de l’année précédente : près de 80.000 spectateurs avaient assisté au Grand Prix de France à travers les autres catégories (125, 250, 350, 500 et side-cars). Que nenni ! Les 26 et 27 mai 1973 marqueront un tournant majeur dans l’avenir de Charade. Et catalysera le besoin de plus de sécurité sur les circuits.
Entre silences pesants, colère et huées, ce public est exposé au régime de la douche écossaise laborieusement géré par le Moto Club d’Auvergne (MCA) organisateur, la FFM et la gendarmerie. En tête d’affiche, pourtant, les 750 FIM : un plateau de toute beauté avec des bécanes inédites et de nombreuses marques (Honda, Kawasaki, Suzuki, Yamaha/350, Harley-Davidson, Ducati, Moto Guzzi, BSA, Norton, Triumph, Yamsel). Côté pilotes, du beau monde également : des vedettes du Continental Circus (Barry Sheene, John Dodds, Werner Pfirter, Gianfranco Bonera, etc.) accompagnés d’Anglais comme John Cooper ou Peter Williams fidèles de leurs « petits » circuits britanniques. Et de nombreux Français « inter » : Christian Bourgeois, Christian Léon, Eric Offenstadt ou Michel Rougerie. Parmi ces derniers, les trois premiers soulèvent la contestation dès le samedi. En cause, trop de glissières coupe-gorge indispensables aux autos. Et donc, pas assez de bottes de paille pour protéger les pilotes moto. Si la contestation s’appuie sur ce point de sécurité, la confusion et les retards se propageront tout le week-end avec menaces et sanctions des autorités. Pour cause, une semaine plus tôt, ces champions perdaient deux des leurs à Monza (Jarno Saarinen et Renzo Pasolini). Présents dans le public de Charade lors de ces deux journées insolites, nous nous souviendrons longtemps d’une ambiance crispante que la victoire et le fairplay de Barry Sheene, futur vainqueur du championnat 750 cette année-là, auront difficilement effacée. Le Riomois Michel Garnier terminera 9e et 1er Français sur une Moto Guzzi. Les autres séries inscrites (250 Inter, Trophées motocyclismes Coupe Kawasaki, Critérium sports 750, side-cars) auront souffert de cette ambiance.
Onze mois plus tôt, la piste du circuit de Charade s’était déjà « illustrée » par ses bas-côtés instables dont les projections de gravillons provoquèrent une dizaine de crevaisons lors du Grand Prix de France de Formule 1. Au 9e tour, le pilote autrichien Helmut Marko (BRM) perdait un œil, une semaine après sa victoire aux 24 Heures du Mans sur Porsche 917 K et des années avant de devenir l’une des éminences grises de Red Bull F1 et sa filière de jeunes pilotes. L’année 1974 permettra cependant au toboggan auvergnat de briller à nouveau en accueillant deux compétitions exceptionnelles : le dernier GP de France moto couru ici, devant plus de 100.000 spectateurs, avec les duels Agostini/Read et une manche du Championnat d’Europe des sport-prototypes 2 Litres agrémentée de moult batailles de marques et de pilotes. Charade au sommet de sa notoriété dérangerait-il les autres circuits français ? Certains le pensent. Mais ne peuvent éclipser un facteur sécurité devenu incontournable. En temps d’incertitude, tous les coups sont permis.
Guy Lemaître/Agissons pour Charade (Texte & photo)
Notre photo : Le pilote-ingénieur anglais Peter Williams, 3e du Prix FIM 750 en 1973 à Charade, et sa belle JPS Norton préparée par ses soins.
Une légende se bâtit sur des événements, des hommes et un contexte. En autorisant les bolides et bécanes de course anciennes pour des parades sur le grand tracé de 8,055 km à l’occasion du deuxième Charade Super Show, le matin du dimanche 21 mai 2023, c’est un flot de souvenirs qui jaillit dans l’esprit de nombreux passionnés.
Entre chutes, collisions et tôle froissée, la descente de Gravenoire reste un parcours du combattant pour bon nombre de ceux qui, professionnels ou amateurs locaux, ont testé leur courage dans cet enchaînement de virages exceptionnels, souvent aveugles du Circuit de Montagne d’Auvergne. Que ce soit Chris Amon, en 1972, au volant de sa Matra MS 120D ou Giacomo Agostini, en 1974, sur sa Yamaha 500, les records du tour de l’ancien tracé (jusqu’en 1988) ont été gravés définitivement dans le marbre par de grands champions : 2’53’’9 en course (moyenne : 166,751 km/h), 2’53’’4 aux essais pour la Formule 1 du Néozélandais ! ; 3’32’’4 en course pour la moto de l’Italien (moyenne : 136,525 km/h). Quant aux anonymes auvergnats qui se « jaugeaient » le week-end ou la nuit sur cette route départementale, théâtre d’exploits des pros, les gamelles étaient plus nombreuses que les chronos ! Descente aux enfers pour circuit diabolique serait-on tenté de dire…
Sur notre cliché, deux barquettes se suivent dans les « Jumeaux » au cœur de la descente de Gravenoire. Entre falaise volcanique et ravin surplombant Royat et Clermont-Ferrand, les essais vont bon train à l’occasion des « 300 kilomètres d’Auvergne », manche du Championnat d’Europe des sport-protos 2 Litres dominé en 1973 par les Lola T292 et Chevron B21 & 23. A Charade, lors de la course du dimanche 17 juin, l’Anglais Guy Edwards l’emportera devant ses deux compatriotes Chris Craft et John Burton. Le Français Gérard Larrousse bat le record du tour pour la catégorie avec un temps de 3’07’’5 (moyenne : 154,656 km/h) sur une LolaT292.
Guy Lemaître/Agissons pour Charade
Ils attendent son passage depuis 2020 ! Les passionnés du Tour Auto ont rendez-vous avec lui le jeudi 20 avril au matin dans le paddock ou en bord de piste du circuit de Charade. La nuit précédente, les voitures auront stationné à la Grande Halle d’Auvergne, Clermont-Ferrand étant ville-étape de cette édition 2023 qui, du 17 au 22 avril, mène de Paris à Cannes.
Les 238 autos (1950-1982) – ou ce qu’il en restera !- arriveront par l’accueil du circuit pour attendre dans le paddock avant de prendre la piste. Un détail qui se compare avec ce qui se passait dans les années du « 8 km ». En effet, les bolides « débarquaient » par la petite route de Thèdes dont l’accès au circuit n’était qu’une formalité. Chaque concurrent se positionnait ensuite sur la grille de départ.
De nombreux faits d’armes marquent l’étape de Charade (26 fois réalisée !). On se souvient de duels ou cavaliers seuls qui ont vu s’exprimer des As du volant. En 1958, acteur du premier passage sur le « circuit de montagne d’Auvergne » de la grande histoire du Tour de France automobile, Olivier Gendebien s’illustre sur sa Ferrari 250 GT. En septembre 1970, Jean-Pierre Beltoise et Henri Pescarolo assurent le doublé sur leurs Matra MS650. En 1971, Jean-Pierre Jabouille « mettait » plus d’une minute aux deux Matra de Gérard Larrousse et Bernard Fiorentino. Il pilotait la merveilleuse Ferrari 512 M jaune de l’Escuderia Montjuich. Cette année, il est possible que l’on revoit ce proto 5L taillé pour l’Endurance (ou une réplique ?) entre les mains de Mr John of B (#251). Deux ans après, les deux Ligier JS2 aux couleurs BP dominent face aux Porsche 911 et Lancia Stratos: Gérard Larrousse gagne, Guy Chasseuil casse. Le premier récidive en 1974.
Un grand bond en avant nous conduit sur le « petit » Charade de 4 km dans les années 2000. On y retrouve un « ancien », acrobate de la piste : « Jeannot » Ragnotti avait brillé en monoplace Renault, en Proto 2Litres (March) ou en Production (R5Turbo) sur le toboggan auvergnat de la période 1975/1985. Il réapparaît à plusieurs reprises au Tour Auto (Lissac puis Optic 2000), version contemporaine de 2000 km de ce rallye exceptionnel. Dans le siège baquet de sa berlinette Alpine A110 blanche et rouge aux couleurs La Mondiale, il assurait encore le spectacle face à son ami Alain Serpaggi sur Alpine Renault 1800 jaune et à une meute de Porsche.
En 2023, les concurrents prestigieux de la catégorie Compétition ont pour noms Thierry Boutsen, ancien pilote belge de F1, sur Shelby Cobra 289 (#201) ou Henri Pescarolo (Shelby Cobra #215) face aux Ford GT40, Jaguar Type E ou Porsche 911. Pour l’anecdote, la voiture #1 (catégorie Régularité) est une Renault 4CV de 1950 pilotée par le tandem médiatique François Allain/Dominique Chapatte. Le 3e journaliste connu, Grégory Galiffi, conduira une BMW 3.0 CSL (#71).
Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte & photos)
69, 70, 72 : ces chiffres résument les années des trois derniers Grands Prix de France de Formule 1 ayant eu pour cadre le Circuit de montagne d’Auvergne. Autrement dit notre cher circuit de Charade. Mais ils correspondent aussi aux trois seules présences du Belge Jacky Ickx sur le tourniquet auvergnat. Voici, dans le détail, ces faits d’armes :
Jacky Ickx affiche huit victoires et 25 podiums en 114 GP de Formule 1 entre 1967 et 1979. Six victoires et trois 2es places aux 24 Heures du Mans couronnent un beau parcours en Endurance. « Monsieur le Mans » brillera par son intelligence au volant mais également grâce à sa lucidité en matière de sécurité. Pour preuve, en 1969, première participation au Mans : dernier parti ayant pris le temps d’attacher son harnais dans sa Ford GT40 pour montrer l’inconscience de ceux qui profitaient de ces fameux départs en épis pour prendre de l’avance. A l’arrivée, grâce à une aspiration calculée, il termine 1er (associé à Jackie Oliver) moins de 100 m devant la Porsche 908 d’Herrmann/Larrousse ! L’année suivante, ce type de départ, jugé à hauts risques, sera interdit définitivement. Ickx se distingue aussi en CanAm et en rallye-raid (Dakar).
2023 marque l’année du grand retour à Charade de Jacky Ickx (78 ans). Dimanche 21 mai, il sera le parrain de la 2e édition du Charade Super Show avec parades matinales exceptionnellement sur le long tracé de huit kilomètres de ses exploits.
Guy Lemaître/Agissons pour Charade
8,055 km. Un numéro de code ? Non. Pas plus une distance olympique ou celle entre deux localités. Mais la longueur d’un ruban d’asphalte qui, en ce dimanche inaugural du 27 juillet 1958, fut présenté au public comme le « Circuit de montagne d’Auvergne ». Situé à un jet de pierre de Clermont-Ferrand au milieu des premiers contreforts de la Chaîne des Puys, ce qui deviendra vite le circuit de Charade (nom du village – dépendant de Royat – le plus proche de la piste) commence très tôt à se faire un nom. D’abord dans le milieu de la compétition automobile puis, rapidement, dans celui de la moto. Et, enfin, dans le cœur d’une génération de Clermontois qui, les week-ends, prennent plaisir à fréquenter cette piste devenue célèbre et ouverte à la circulation.
51 virages forment ce chapelet qui serpente à une altitude moyenne de 800 mètres. Certains s’impriment rapidement dans l’esprit des pilotes. Ils ont pour nom : après le départ et une côte de 600 m, la courbe de Manson qui prépare à la descente de Gravenoire, frissons garantis, une fois le col de Charade franchi. Arrivent au galop le Belvédère (Grand balcon), les Jumeaux, la Carrière puis l’incroyable banking à hauteur de la route de Royat… les gaz à fond. C’est ensuite le début de la remontée, Clermont et Boisséjour-Ceyrat à gauche dans le vide, les falaises volcaniques du Puy de Gravenoire à droite. Pas le temps de souffler. Champeaux donne le ton d’un final mouvementé. Le « S » de la Ferme et la descente vers le Petit Pont précèdent une courte côte et l’épingle Marlboro. Puis déboulent Thèdes, son pif-paf, sa courbe, sa descente. Enfin, le Rosier permet aux intrépides quelques prouesses ultimes et appréciées du public avant de franchir la ligne d’arrivée.
De 1959 à 1974, Charade accueille la F1 à travers quatre Grands Prix et les championnats du monde de moto avec dix Grands Prix de France ainsi qu’un Grand Prix FIM 750. Et un public énorme ! Entre ces dates, se faufilent les Trophées d’Auvergne (Prototypes, GT, formules de promotion monoplaces ou de tourisme), des courses de moto « inter » ainsi que le passage du Tour de France automobile.
Postes de secours, commissaires de piste et autres responsables du contrôle sportif, de la billetterie ou du chronométrage constituent une communauté de plusieurs dizaines d’officiels. Tous restent fidèles de ces rendez-vous orchestrés par l’Association sportive de l’Automobile club d’Auvergne (ASACA) à l’origine du circuit ou le Moto Club d’Auvergne (MCA).
1989 met un terme à cette période d’activité du grand tracé avec ses 4 passerelles. Le petit circuit fermé lui succède : 3.975 mètres, 18 virages. Dimanche matin 21 mai 2023, le « 8 km » sera exceptionnellement ouvert aux bolides à l’occasion de la deuxième édition du Charade Super Show. Parmi eux, quelques champions du passé, afin d’écrire un nouveau chapitre de cette belle histoire.
Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte et photo)
Il a signé ! Giacomo Agostini, le campionissimo, latin lover et gueule d’ange auteur de trois podiums lors de trois Grands Prix moto courus à Charade sera de nouveau en selle le dimanche 21 mai à l’occasion du Charade Super Show. Qui plus est, sa prestation concernera aussi bien l’ancien circuit de 8,055 km que le tracé actuel, pour des parades et démonstrations. MV Agusta 500 trois cylindres (4 temps) ou Yamaha TY (2 temps) ? Le suspense demeure. Mais retrouver Ago dans la descente de Gravenoire, dans le virage du Petit Pont ou au sein du paddock mérite de réserver cette date.
Derrière son éternel sourire charmeur, c’est avant tout un fin pilote et metteur au point. On se souvient de son dernier week-end de course à Charade en avril 1974. A l’intersaison, il venait de quitter sa fidèle marque italienne MV Agusta et le son exceptionnel de ses moteurs 4 temps pour découvrir les moteurs 2 temps du constructeur japonais Yamaha. Un geste fort quand on connaissait son attachement à la première. Une semaine avant le Grand Prix de France, il gagnait la classique américaine, les 200 Miles de Daytona, en Floride, sur sa nouvelle monture, une 750 japonaise et devant une majorité de pilotes américains très fiers. Cet exploit fut unanimement reconnu alors que beaucoup prédisaient qu’il ne s’adapterait pas à cette nouvelle motorisation. Auréolé de ce succès outre-Atlantique, il livrera deux superbes duels aux essais à l’Anglais Phil Read qui l’avait rejoint chez MV la saison précédente. Devant plus de 100.000 spectateurs, Giacomo emportera la catégorie 350 cc et cassera en 500, non sans avoir signé le record du tour moto définitif de l’ancien tracé (3’32’’4 à 136,525 km/h).
Ses passages à Charade au GP de France : 2e (MV) derrière Mike Hailwood (Honda) en 350cc en 1966 ; 4e (MV) en 350cc et 1er en 500cc en 1972 ; 1er (Yamaha) en 350cc et abandon en 500cc, en 1974. En 2018, au guidon d’une MV 500 3 cylindres, Ago est l’invité vedette du plateau moto de la première édition de Charade Heroes qui commémorait, cette année-là, le 60e anniversaire de l’inauguration du grand circuit.
Le palmarès d’Ago est inégalé. Il comporte 15 titres de champion du monde entre 1963 et 1977 (sept en 350cc et huit en 500cc) soient 123 victoires et 159 podiums en Grand Prix ; dix victoires au Tourist Trophy (GB) et d’autres à des classiques (Daytona, Imola, etc).
Guy Lemaître / Agissons pour Charade (texte et photos)
Metteur au point autant que pilote, Jean-Pierre Jabouille* s’est autant illustré par la qualité de son travail que par son attachement aux marques françaises emblématiques des années 70 et 80.
Longiligne était sa silhouette, rectiligne aura été son parcours professionnel dans le sport automobile. Jean-Pierre Jabouille faisait partie de ces pilotes auto dont la France était fière deux décennies durant. Mais celui qui a été rebaptisé « le Grand blond » a longtemps prouvé sa confiance dans la production nationale. A commencer par Renault, Alpine et Matra. Puis Peugeot et Ligier.
On retiendra en priorité ses années Formule 1. Entre 1975 et 1980, au service de Tyrrell, Renault puis Ligier, il participe à 55 Grands Prix qui se soldent par six pole positions et deux victoires (France 1979, à Dijon, où son talent est couronné par la première victoire d’un moteur turbo, qui plus est français avec Renault, en F1 ; et Autriche 1980). Cette même saison, il se blesse les deux jambes au GP du Canada. Cependant, son excellent travail technique valorise la polyvalence du pilote.
En effet, depuis ses débuts en 1966 dans la Coupe R8 Gordini, le Grand blond passera d’une discipline du sport automobile à une autre avec la même passion. Mais avec des bonheurs différents. Monoplace F3 (vice-champion de France 1968 derrière François Cevert), puis F2 (champion d’Europe en 1976 sur Alpine) ; Endurance avec 13 participations aux 24 Heures du Mans dont quatre fois 3e, notamment à travers l’épopée Matra Simca puis celle d’Alpine Renault. En 1993, il remplace Jean Todt à la tête de Peugeot Sport. On le retrouvera sur Lada au Dakar 1984 avec Michel Sardou.
Les années Charade commencent en 1966 avec une participation à la Coupe R8G lors des Trophées d’Auvergne. Puis en 1967, 1971 et 1972 sur Alpine Renault en F3. En septembre 1971, l’étape de Charade du Tour de France automobile le voit mettre plus d’une minute aux deux Matra 660 de Larrousse et Fiorentino ! Il pilote à ce moment-là la superbe Ferrari 512 M jaune (#142) de l’Escuderia Montjuich, un proto 5 Litres concurrent du Championnat du Monde d’Endurance, qui terminera 2e du Tour de France automobile avec le pilote espagnol José Juncadella.
Ce seront ensuite les deux manches (1973 et 1974) du Championnat d’Europe des prototypes 2 Litres sur Alpine Renault A440 (#14) puis A441 (#1) où la chance, ces jours-là, malgré d’excellents temps aux essais, n’était pas au rendez-vous. Le public auvergnat aura l’occasion de revoir Jean-Pierre Jabouille dans les années 1980 sur Peugeot 505 puis début des années 1990 BMW M3 lors des courses de Production et de SuperTourisme.
On notera enfin son amitié avec Jacques Laffite, son beau-frère, qui a aussi été mécanicien/R8G en 1966 et coéquipier de Jabouille chez Ligier en 1980. Ces deux Parisiens se retrouvaient régulièrement en Creuse, département voisin du Puy-de-Dôme où ils ont des attaches.
(*) Décédé le 2 févier 2023 à l’âge de 80 ans
Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte et photo)
Depuis sa naissance en 1958, le circuit de Charade accueille régulièrement le passage annuel du Tour de Fance automobile, épreuve internationale créée en 1899 par l’Automobile Club de France. Après une éclipse de six ans (1986-1991), cette compétition reviendra sous le nom de Tour de France automobile historique organisée par Peter Auto, avant de devenir Tour Auto. Depuis 2009, elle est devenue le Tour Auto Optic 2000. Elle associe parcours de liaison, épreuves spéciales sur route et courses en circuit.
En cette douce journée du samedi 15 septembre 1973, la 18e édition fait étape à Charade avec son lot de vedettes. En première ligne, Claude Ballot-Léna place à la corde sa Porsche 911 Carrera (Groupe 4) aux couleurs psychédéliques. A ses côtés, en tête du Tour, l’Italien Sandro Munari est prêt avec sa superbe Lancia Stratos HF (Groupe 5TA). Si, sur la grille, tous deux sont devant les deux Ligier JS2 jaunes et vertes BP, c’est Gérard Larrousse sur une de ces deux voitures françaises fabriquées en Auvergne qui gagnera la course devant Ballot-Léna. Mais, au classement final du Tour, Munari emportera l’épreuve. Cette même saison, il deviendra champion d’Europe des rallyes puis décrochera le titre mondial en 1977.
Depuis 2020, les nombreux passionnés attendent le retour du Tour! Ils pourront se régaler le jeudi 20 avril 2023 en matinée avec la présence de près de 230 voitures engagées (ayant participé entre 1951 et 1973 plus quelques modèles d’exception) parmi lesquelles les incontournables Ford GT40, Jaguar Type E, Shelby Cobra et autres Ferrari et Porsche. D’autant que la nuit précédente, Clermont-Ferrand sera la deuxième ville-étape.
En 1975, alors que beaucoup pensaient retrouver les F1 sur le circuit auvergnat, ce qui ne se reproduira plus jamais après les quatre Grand Prix qui s’y sont déroulés entre 1965 et 1972, les Trophées d’Auvergne ont occupé le week-end des 20, 21 & 22 juin. Cinq courses figuraient au programme dont celle de la Coupe nationale Renault ELF Gordini. Pour trois ans, les R5 LS kitées remplaçaient les R12 lesquelles, pendant quatre saisons, avaient succédé aux cinq années des mythiques R8.
Avant le départ, pour chaque épreuve inscrite au programme, le Directeur de course rassemblait sur la grille tous les pilotes afin de rappeler les mesures de sécurité propres au circuit et à la compétition. Ce briefing permettait au public des tribunes et alentours de voir ces champions du volant avant qu’ils ne s’expriment sur la piste.
Si elle n’est plus pratiquée aujourd’hui sous cette forme sur les circuits, cette initiative avait une certaine saveur. Elle faisait monter la pression ambiante, tant auprès des acteurs que des spectateurs. Une sorte de prologue à un scénario de film voué à la course automobile.
Pour la petite histoire, la voiture #4 au premier plan est celle du vainqueur de Charade, Jean-Luc Rancon, qui gagnera également la coupe cette année-là.
Vic Elford, monstre sacré du sport automobile décédé en ce début d’année, symbolisait l’archétype du pilote automobile polyvalent : chaque week-end, une grande partie de l’année, le champion britannique découvrait une nouvelle équipe, changeait de volant, de discipline et d’horizon.
Un jour la F1, un autre le rallye, puis les prototypes comme les Porsche 917 en Endurance, la Can-Am, le Transam ou le rallye-cross. Il était réputé pour ses qualités au volant : audace, persévérance et, surtout, adaptation à de nouveaux modèles que d’autres se refusaient de conduire. Exemple, en 1970, l’incroyable Canadian American Challenge Cup Series (Can-Am), championnat qui se déroulait sur une dizaine de circuits d’Amérique du Nord. On y rencontrait des voitures de course innovantes et surpuissantes et un règlement qui se résumait à une philosophie : sans limites ! Vic s’y est illustré à travers trois marques entre 1970 et 1974 : McLaren, Chaparral (l’incroyable 2J à effet de sol et turbine) et Shadow. L’histoire retiendra également qu’Elford aura fait découvrir les qualités de la Porsche 911 en gagnant le rallye de Monte-Carlo en 1968.
Sa réalisation aura duré 15 mois. Mais deux années ont été nécessaires pour que tractations, démarches administratives et travaux donnent naissance au circuit de montagne d’Auvergne. Le dimanche 27 juillet 1958, son inauguration couronne l’amitié et la complémentarité de deux Auvergnats passionnés d’automobile : Jean Auchatraire (Automobile Club d’Auvergne) et le pilote Louis Rosier. Le second disparaît malheureusement en 1956, non sans avoir laissé son empreinte ce qui permet au premier d’aller jusqu’au bout de leur rêve commun. Un Champenois, Raymond Roche (circuit de Reims), apporte une expertise précieuse à cette naissance. La piste toute neuve de huit kilomètres serpente sur les hauteurs de Clermont-Ferrand, accusant un important dénivelé. Charade, qui ne portait pas encore officiellement ce nom, entrait ainsi dans la cour des plus sélectifs circuits de montagne. Deux courses au programme: les Grand Tourisme (GT) à l’occasion des Trois heures d’Auvergne (40 voitures sur la grille pour un départ type Le Mans ! ) et les Formule 2. Elles auront respectivement pour vainqueurs Innes Ireland (GB) sur Lotus MK11, et le Français Maurice Trintignant sur Cooper Climax. Gerbes aux vainqueurs et concert de louanges pour tous.
La Légende était sur orbite. Guy Lemaître / Agissons pour Charade