#61 | Rois d’Autriche en terre arverne |

Trois pilotes autrichiens ayant roulé à Charade ont laissé l’image de champions éternels. Et tous ont couru lors du Grand Prix de France sur le circuit auvergnat mais avec des fortunes diverses: Jochen Rindt en 1969 et 1970; Niki Lauda et Helmut Marko en 1972.

 

Le dernier a également participé à une course de prototypes 2 Litres, en 1971, avec une victoire à la clé. Un an plus tard, il perd l’usage d’un oeil pendant le Grand Prix F1. En effet, au 9e tour alors qu’il se trouve en sixième position, un gravillon projeté par une monoplace le précédant, perfore la visière de son casque et touche son oeil gauche. Une polémique sur la lenteur de l’intervention ajoutée au doute sur l’identité de l’auto qui aurait catapulté cette scorie ne pourront masquer une certitude: cet accident mit un terme à la carrière de pilote d’Helmut Marko. Et fragilisa un peu plus l’avenir de la F1 à Charade, déjà pointé du doigt pour sa sécurité insuffisante. Quarante ans plus tard, le tempérament, l’expérience de la course et du management font devenir Marko l’une des têtes pensantes de l’écurie Red Bull Racing de F1 et responsable de la filière de détection de jeunes pilotes (Red Bull Junior Team).

 

Quelques chiffres sur les résultats de ces trois géants d’Autriche au pays des volcans:

 

Jochen Rindt

  • Dimanche 6 juillet 1969: après un 3e temps des essais du Grand Prix de France sur Lotus Ford 49B R6 #15 (3’2’’5), il sera victime de nausées tout le week-end en raison des difficultés que présente le Circuit de montagne d’Auvergne, mais il prouve sa rapidité. Dimanche, laissant le casque intégral de côté, il revient à l’ancien modèle. Malgré le malaise qui persiste en course, il bataille pour le podium avant d’abandonner au 22e tour.
  • Dimanche 5 juillet 1970: 6e temps aux essais (2’59’’74) avec sa Lotus Ford 72B/2 (#6). En course, il portera un petit pansement à la lèvre attestant d’une pierre projetée par la voiture de Jean-Pierre Beltoise aux essais du vendredi. Après avoir bataillé avec le Français (Matra MS120) victime de crevaison à mi-parcours, il prend la tête et gagne malgré une « touchette » au Petit Pont dans le dernier tour. Il termine avec sept secondes d’avance sur la March 701 de Chris Amon (NZ). Il se tuera aux essais du Grand Prix d’Italie, à Monza, le 5 septembre suivant. En fin de saison, avec cinq victoires, il sera sacré Champion du monde de F1 à titre posthume.

Helmut Marko

  • Dimanche 20 juin 1971: victoire des 300 KM d’Auvergne réservés aux prototypes dans le cadre des Trophées d’Auvergne, sur une Lola T212 FVC 2 Litres blanche (#16) après avoir obtenu le meilleur temps des essais (3’12’’1) malgré la concurrence de Gérard Larrousse (F) sur une Matra MS660 (#1), seule 3 Litres du plateau. Le Suédois Jo Bonnier, également sur Lola T212 (#3) termine avec 1’20’’ de retard. Une semaine avant, Helmut Marko remportait les 24 Heures du Mans sur Porsche 917 du Martini Racing, associé au Néerlandais Gijs van Lennep.
  • Dimanche 2 juillet 1972: 6e temps aux essais (2’57’’3) du 4e et dernier Grand Prix de France de Formule 1 couru à Charade sur sa Marlboro BRM P160B 06 (#25). Puis abandon en course après s’être crevé l’oeil gauche au 9e tour alors qu’il était 6e (voir plus haut).

Niki Lauda

  • Dimanche 2 juillet 1972: en fond de grille (21e temps avec 3’3’’1 sur 24 voitures) avec sa STP March Ford 721G/02 (#14), il abandonne très tôt au 4e tour (transmission cassée). Son coéquipier Ronnie Peterson assure le 9e temps des essais et termine le Grand Prix en 5e position à près d’une minute du vainqueur Jackie Stewart sur Tyrrell Ford 003. Après trois saisons à « payer » pour avoir un volant en F1 (March et BRM), Lauda « le robot » ou « l’ordinateur » signera en 1974 chez Ferrari où les résultats vont vite traduire ses grandes capacités. Il obtient trois fois la couronne mondiale (1975 et 77 sur Ferrari, 1984 sur McLaren; 17 victoires en Grand Prix) malgré un grave accident au Nürburgring en 1976. Il reprend le volant après seulement deux mois et revient au premier plan. Il décède en 2019 à 70 ans.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

Photos Paul Lutz

#60 | Il y a 50 ans… |

 

En cette année 1974, le Circuit de montagne d’Auvergne vit certainement sa plus belle saison sportive. Un alignement de planètes si favorable qu’avec le recul d’un demi-siècle on en oublierait qu’il s’agissait aussi d’un point de bascule vers un avenir incertain. La F1 était attendue pour l’année suivante. Hélas ! Après 1972, on ne devait plus jamais revoir le Grand Prix de France au pied du Puy de Dôme, pas plus que les motos de Grand Prix à partir de 1975.

 

En 1974, cinq rendez-vous majeurs confirment ce jugement.

 

  • 20 & 21 avril: le « Continental Circus » se trouve une piste de prédilection. Sous le soleil printanier alors qu’il neigeait la semaine précédente, Charade et le MCA (Moto Club d’Auvergne) accueillent le gratin mondial de la moto pour son 10e Grand Prix de France comptant pour les championnats du monde. Ce sera le dernier. Après la course des side-cars, le 21 avril en fin d’après-midi, plus aucune moto ne participera à une course officielle sur le « grand Huit ». Avec les duels Giacomo Agostini (It)/Phil Read (GB), en 350 et 500 cm3, le public exulte. Le premier découvre le deux temps avec Yamaha. Le second le remplace sur MV Agusta 4 temps que son adversaire a pilotée pendant dix ans. Les Français brillent en Inter: Bourgeois, Chevallier, Pons, Rougerie, Tchernine aux avant-postes.Avec une affluence dépassant les 100.000 spectateurs (resquilleurs compris!) et une ambiance festive défiant la sécurité, certains médias qualifieront Charade de « Woodstock auvergnat ». Du monde partout, sur les talus, dans les arbres, assis sur des bottes de paille protégeant des rails de sécurité, parfois les pieds sur la piste, des villages de toiles de tente bourgeonnent… Les records tombent aussi du côté des chronos. Le Roi Ago signe un 3’32’’4 en 500 (136,525 km/h). Effaçant ainsi le 3’36’’ de Mike Hailwood (GB) sur Honda 250 six cylindres de 1967 (134,250 km/h). Jamais une moto ne battra cette performance en compétition officielle sur la piste des volcans. C’est l’apothéose. Ago gagne en 350 et Read en 500: fantastique ! Autres vainqueurs: Henk Van Kessel (NL) sur 50 Kreidler; Kent Andersson (S) sur 125 Yamaha; Siegfried Schauzu (D) sur BMW en side-cars. Ce week-end fit oublier les désagréments de 1973 (Prix FIM 750) où régnaient la tension et les inquiétudes autour de la sécurité sur cette piste.

 

  • 26 mai: depuis 15 ans l’ASACA (Association sportive de l’Automobile club d’Auvergne) organisait une course de côte automobile dont le parcours a évolué, entre Champeaux et la ligne droite des stands. En 1974, elle devient internationale/Championnat de France et permet à l’excellent « Montagnard » Pierre Maublanc de l’emporter sur sa March F2.

 

  • 22 & 23 juin: Trophées d’Auvergne. Le championnat d’Europe des sport-prototypes 2 Litres revient pour la 2e fois après 1973. Des pilotes de renom et huit marques présentes pour la course reine du week-end. Des barquettes belles et très performantes sur le profil de Charade. Alpine Renault s’impose avec l’une des quatre A441 entre les mains de Gérard Larrousse (#3). Une trentaine d’engagés pour le Challenge européen de Formule Renault permet à Dany Snobeck d’imposer sa Martini MK14. Didier Pironi s’adjuge le record du tour sur le même modèle d’auto. La Coupe Renault ELF Gordini avec les R12 (1er, Gérard Delplanque) et la Coupe Simca Shell avec des protos 2 Litres à moteur Simca (victoire de Bernard Béguin sur GRAC MT20) complètent le superbe programme du week-end.

 

  • 19 septembre: le Tour de France Automobile fait étape à Charade. Une occasion supplémentaire pour Gérard Larrousse de briller sur ce circuit. Devançant Bob Wolleck (Porsche 911) et l’autre Ligier aux mains de Bernard Darniche, il pilotait une Ligier JS2 à moteur Maserati avec laquelle il s’adjugeait la victoire finale du rallye.

 

  • 21 & 22 septembre: sous l’intitulé « 24 Heures de Charade », les finales nationales du Simca Racing Team alignent des Rallye 1 ou 2 à travers six courses différentes (Stars, challenge féminin, filiales européennes, relais intervilles, Groupes 1 & 2). De belles bagarres et de l’ambiance sur une piste humide.

 

Cette saison 1974 conclut une période d’excellence qui aura duré 16 ans en présence des plus grands champions. Mais l’évolution de la sécurité sur les circuits et les fréquentes projections de gravillons commençaient à précipiter Charade vers sa métamorphose. Ou sa fin… L’ASACA et le MCA ont ainsi connu leurs heures de gloire. Mais aussi de doutes. La moto avait prouvé sa popularité. Cependant, les Tourisme de Production et les Formule Renault Europe assureront le spectacle auto encore quelques années pour le plus grand plaisir des fidèles de Charade.

 

Photo Marcel Chouvy – La Montagne
Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#59 | La période des « épis » est révolue |

Dès sa première année d’existence, en 1958, le Circuit de Charade accueille des courses auto ou moto avec un départ « type 24 Heures du Mans », autrement dit en épi. Pour des raisons de sécurité, cette pratique a cessé. D’aucuns regrettent cette « mise en scène » qui apportait du spectacle en début de course en voyant les pilotes courir pour traverser la piste.

 

Lors de l’édition 1925 des 24 Heures du Mans auto (3e année) est apparu ce départ dit « en arêtes de poisson ». Mais, en 1969, le jeune pilote belge Jacky Ickx est le seul à ne pas courir pour rejoindre sa Ford GT40. Associé à l’Anglais Jackie Oliver, il gagnera l’épreuve avec 120 mètres d’avance sur la Porsche 908 d’Herrmann-Larrousse. Et convaincra ainsi avec panache les organisateurs sur les risques liés à la précipitation de nombreux pilotes (ceinture non attachée, collisions diverses). Le principe est revu en 1970. Seules les motos pratiquent encore aujourd’hui ce type de départ en Endurance.

 

Une quinzaine de compétitions auto (Trophées d’Auvergne et Tour de France automobile) ou moto ont bénéficié, à Charade, d’un départ « type Le Mans » jusqu’au milieu des années 70. Ensuite, rares ont été celles à intégrer cette coquetterie de protocole et seulement pour des autos à travers des formules de promotion. Chronologie de ces petits rendez-vous avec l’histoire du départ type Le Mans.

 

AUTOS

  • 1958: Dimanche 27 juillet, Trois Heures internationales d’Auvergne (GT, Trophée Total). Victoire d’Innes Ireland (Écosse) sur Lotus MK11.
  • 1959: Dimanche 26 juillet, Deux Heures d’Auvergne (Sport+GT). Victoire de Peter Ashdown (GB) sur Lola Climax.
  • Jeudi 24 septembre, passage du Tour de France automobile. Victoires d’Olivier Gendebien (B) sur Ferrari 250 en GT et de Bernard Consten (F) en Tourisme sur Alfa Giuletta.
  • 1960: Dimanche 10 juillet, Six Heures d’Auvergne, épreuve internationale en trois manches de 3, 2 et une heure. Victoire de Jo Bonnier (Suède) sur Porsche RS60.
  • 1961: Dimanche 9 juillet, Six Heures d’Auvergne.Victoire de Willy Mairesse (B) sur Ferrari 250 GT.
  • Jeudi 14 septembre, Tour de France automobile. Victoires de Willy Mairesse en GT (Ferrari 250 GT) et Bernard Consten (F) en Tourisme (Jaguar MK2).
  • 1962: Dimanche 15 juillet, 300 Kilomètres d’Auvergne/Championnat du monde des marques. Victoire de Carlo Abate (It) sur Ferrari 250 GTO.
  • Mardi 11 septembre, Tour de France automobile. Victoires de Henri Oreiller (F) sur Ferrari 250 GTO en GT et de Bernard Consten sur Jaguar MK2 en Tourisme.
  • 1963: Dimanche 7 juillet, Trois Heures d’Auvergne/Championnat du monde des marques. Victoire de Lorenzo Bandini (It) sur Ferrari Testa Rossa.
  • Samedi 21 septembre, Tour de France automobile. Victoires de Jean Guichet (F) sur Ferrari 250 GTO en GT et de Henri Greder (F) sur Ford Galaxie en Tourisme.

MOTOS

  • 1970: Dimanche 24 mai, dans le cadre du Circuit international de Charade. Victoire de Jimmy Belmont du Moto Club d’Auvergne (Yamaha) en Critérium des Sports 250 (National).
  • 1971: Dimanche 23 mai, dans le cadre des 300 Kilomètres de Charade. Victoires en Critérium des Sports (National, 7 tours) de Hubert Crassard (Ossa) en 250 et de Jacques Luc (Honda) en 500/750. Toutes ces motos rangées en épis partent avec les 500/750 devant les 250. Comme pour les courses auto, les motards attendent le départ de l’autre côté de la piste, à partir d’un cercle tracé sur le sol et face à leur bolide.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#58 | Pescarolo : la vie en vert et bleu |

Avec son éternel casque vert, Henri Pescarolo écrit cependant en bleu sa vie de pilote.

 

En premier lieu, celui du constructeur français Matra, marque sportive et industrielle pour laquelle il a été un des plus fidèles et brillants serviteurs. Ses passages sur le Circuit de Montagne d’Auvergne restent toujours des instants de plaisir appréciés du public. Ses engagements pour d’autres écuries attestent de son éclectisme et de sa volonté de découvrir et d’entreprendre, notamment en dirigeant un Team à son nom pour l’Endurance.

Trois victoires aux 24 Heures du Mans avec Matra (1972,1973, 1974) dont deux avec Gérard Larrousse l’ont définitivement propulsé au club des meilleurs pilotes français de tous les temps. Petit rappel de ses apparitions à Charade.

 

  • 1964: la Coupe de Provinces valorise les meilleurs jeunes volants de l’Hexagone grâce aux Automobile Clubs et quelques sponsors. Le 19 juillet, cette caravane de Lotus Super Seven permet à Henri (AGACI #20) de réaliser le meilleur tour à Charade récompensé par une 6e place. Le Clermontois Patrick Depailler, lui-aussi à ses débuts, termine 2e. Tous deux se font ainsi remarquer. Cette saison 1964 éloigne définitivement Henri de ses études de médecine.
  • 1970: le dimanche 5 juillet, Charade accueille le 3e des quatre Grands Prix de France de F1 courus ici. Second pilote de l’équipe Matra avec Jean-Pierre Beltoise, « Pesca » réalise le 8e temps aux essais sur sa MS 120 (#20) avec un chrono de 3’00’’59. Après avoir bataillé avec des monoplaces à moteur V8 Ford Cosworth, il se classe 5e avec son V12 Matra derrière Rindt, Amon, Brabham et Hulme.
  • 1970: trois mois plus tard, le Tour de France automobile passe par le circuit auvergnat. Les vedettes sont les Matra MS 650 d’usine pilotées par Jean-Pierre Beltoise/Patrick Depailler/Jean Todt et Pescarolo/Jean-Pierre Jabouille/Johnny Rives (#15). Ces deux voitures termineront l’étape de Charade dans cet ordre, roue dans roue, devant la Porsche 911S de Gérard Larrousse à plus d’un tour !
  • 1972: le 2 juillet, Grand Prix de France de F1. Au volant d’une March 721 (#16) du Team Williams, Henri ne parvient malheureusement pas à se qualifier suite à un accident aux essais et une voiture mal préparée. Au final de ce week-end, c’est la colère qui dominera chez Pescarolo. Charade venait de vivre son quatrième et dernier Grand Prix de Formule 1.
  • 1999: en avril, le Tour Auto fête son centième anniversaire et, le vendredi 23, passe par Charade lequel, depuis dix ans, a vu son tracé réduit de 8,055 km à 3,975 km. Henri Pescarolo découvre cette piste modifiée et devient ouvreur de prestige au volant d’une Matra MS 650 (#146). Le son inimitable du V12 fait sensation à chaque passage.
  • 2018: organisé par le Clermontois Claude Michy, Charade Heroes #1 fête les 60 ans du circuit. Henri fait partie des invités de marque avec Jackie Stewart, Jacques Laffite et David Piper ainsi que Giacomo Agostini et Phil Read pour la moto. Il retrouve le V12 Matra au volant d’une MS11 de 1968 (sans numéro).
  • 2020: Charade Heroes #2 accueille de nouveau Pescarolo rejoint par René Arnoux, Jacques Laffite et Gérard Larrousse. A défaut de piloter la Matra MS 120 D (1972) présente mais trop délicate à régler, le sympathique barbu fait office de Directeur de piste d’honneur. Il brandit le drapeau tricolore devant ses amis pilotes, notamment pour la Porsche 917 LH #3 du Martini Racing pilotée par Larrousse (2e au Mans en 1970 avec Willi Kauhsen) et la Ferrari 312 B3 (F1 ex-Niki Lauda de 1974) entre les mains d’Arnoux.
  • 2023: jeudi 20 avril, le Tour Auto Optic 2000 (Tour Auto historique) fait de nouveau étape à Charade. Parmi les engagés en VHC, Henri Pescarolo est au volant d’une Shelby Cobra 289 (#215) de 1965, avec Michel Perin pour copilote. Dans le peloton de tête sur le circuit auvergnat, Henri terminera le rallye en 11e place.

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#57 | Les années Larrousse |

Quinze années consacrées à la vitesse en rallye ou circuit (1961-1975) et plus du double dans l’historique ou à des postes de responsabilité dans le sport automobile y compris en Formule 1: le palmarès de Gérard Larrousse ne se limite pas à des victoires et autres nombreux podiums.

 

Au coeur de cette vie intense couronnée de succès, le circuit de Charade a accueilli une dizaine de fois ce grand champion français deux fois vainqueur des 24 Heures du Mans sur Matra avec Henri Pescarolo (1973/1974). Et la diversité des autos pilotées en Auvergne rappelle qu’il a oeuvré pour une douzaine de constructeurs.

 

  • Juin 1966: abandon aux Trophées d’Auvergne sur NSU 1000 Prinz (#22 Tourisme Spéciales).
  • Septembre 1969: 2e sur Porsche 911R (#181) derrière Henri Greder (Corvette C3) à l’étape du Tour de France automobile, rallye qu’il remportera.
  • Septembre 1970: 3e de l’étape du Tour de France sur Porsche 911S (#139) derrière les intouchables proto Matra MS650 de Beltoise et Pescarolo.
  • Juin 1971: clou des Trophées d’Auvergne, un plateau de proto 2 Litres dominé par le duel Lola/Chevron. Seule 3 Litres engagée, une Matra MS 660 (#1) vient se « tester » pour le Tour de France entre les mains de Larrousse. Le son inouï du V12 marque les esprits. Mais deux arrêts au stand ne lui laisseront que la 3e place à quelques secondes des deux premiers sur Lola T212 dont le vainqueur Helmut Marko (Aut) qui, une semaine avant, emportait les 24 Heures du Mans sur Porsche 917.
  • Septembre 1971: le Tour de France s’étoffe avec trois prototypes du Mans. Deux Matra MS650 pour Larrousse/Rives (#134) et Fiorentino/Gelin (#135), ainsi qu’une superbe Ferrari 512M (#142/Escuderia Montjuic) conduite à Charade par Jean-Pierre Jabouille. Ce dernier gagne l’étape avec plus d’une minute sur Larrousse suivi de l’autre Matra.
  • Juin 1973: Championnat d’Europe des Sport-prototypes 2 Litres. Le « tourniquet » auvergnat était taillé pour ces bolides. Gérard est au volant d’une Lola T292 (#15) du Team Archambeaud aux couleurs des fromages Switzerland. Record du tour et 14e pour un arrêt au stand de trois minutes.
  • Septembre 1973: avec sa Ligier JS2 (#114) aux couleurs BP jaune et vert, Larrousse gagne et devance d’une demi-minute trois Porsche 911 et la Lancia Stratos de Sandro Munari dans l’étape du Tour de France automobile. Il abandonnera le rallye un peu plus tard.
  • Juin 1974: plateau royal pour le retour des prototypes 2 Litres européens dans le cadre des traditionnels Trophées d’Auvergne (Alpine-Renault, Abarth Osella, Chevron, Lola, March, TOJ, AMS, Grac). Gérard renoue avec la victoire sur le Circuit de Montagne d’Auvergne. Son A441 (#3) devance celle d’Alain Serpaggi (#2) de 50 secondes.
  • Septembre 1974: jamais deux sans trois…! L’étape du Tour de France automobile lui offre une troisième victoire d’affilée à Charade. Avec la Ligier JS2 (#139) aux couleurs Gitanes bleue et blanche, il termine sous la pluie devant Bob Wolleck (Porsche 911).
  • Avril 2014: Larrousse revient ici comme ouvreur de prestige du Tour Auto Optic 2000 sur une BMW berline contemporaine. Pour l’avoir suivi, cette année-là sur une étape précédant Charade dans une voiture identique, le coup de volant de notre champion donnait le vertige!
  • Septembre 2020: organisé par le Clermontois Claude Michy, Charade Heroes avait pour invités vedettes Henri Pescarolo, René Arnoux et Jacques Laffite. Gérard a éprouvé un immense plaisir au volant de la superbe Porsche 917 LH psychédélique (#3) du Martini Racing avec laquelle il a fait second aux 24 Heures du Mans 1970, associé à Willi Kauhsen (D). Une fois de plus, Gérard Larrousse a enthousiasmé le public.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#56 | Insolites et fiers de l’être ! 3/3 |

Troisième et dernier volet d’une série sur des véhicules originaux ayant évolué à Charade entre 1958 et aujourd’hui.

 

  • Legend Car (#58) : inspirée des voitures de série américaine des années 30/40, ces bolides à échelle plus réduite ont vu le jour aux États-Unis en 1992. Côté français, cet élan est devenu le championnat Legends Cars Cup visible lors de meetings sur différents circuits. Près de 500 kg à vide, moteur de moto Yamaha XJR 1300 cm3, sans différentiel, 150 cv et dépassant les 200 km/h. A Charade, on a pu les voir lors du week-end de Grand Prix camions 2023. Très spectaculaires, elles disposent d’une décoration néo-rétro soignée ce qui en fait un spectacle apprécié par toutes les générations.
  • Superkart 250 : une manche du championnat de France de cette discipline survitaminée (100 CV, près de 250 km/h) était inscrite aux Trophées d’automne des 20 et 21 septembre 1997 organisés par l’ASACA (Association sportive de l’Automobile club d’Auvergne). Avec 24 secondes d’avance sur ses poursuivants, Eric Gassin (Nissag Rotax) confirmait avec panache sa suprématie et justifiait ainsi ses multiples titres nationaux et internationaux de l’époque sur des châssis de sa fabrication. (Photo d’illustration superkart)
  • Proto « Galapiats » : une belle première apparition pour ces petites barquettes artisanales lors du Charade Super Show #3 les 13 et 14 juillet 2024. Une dizaine de prototypes et monoplaces (échelle 0,7) tenait un stand où les jeunes gens de 10 à 15 ans étaient en nombre. Il s’agit du Team Les Galapiats, une association comprenant une école d’apprentissage de la mécanique et de la carrosserie pour voitures de course à moteur thermique. Porté sur le travail en atelier, ce groupe encadré par des professionnels passionnés a vu le jour en 1974 à Grenoble. Les jeunes apprentis se mettent également au volant de leurs créations afin de réaliser leur rêve. Leur expérience à Charade a suscité l’enthousiasme d’autant que le team fêtait ses 50 ans d’existence.
  • Side-car F1 : d’un blanc immaculé, cet attelage moderne a fait sensation lors du Charade Moto Rétro, le 16 juin 2024. Piloté par le Creusois Benjamin Luneau, ce side-car à moteur 1000 Honda (220 cv)  fidèle du championnat de France FSBK, a servi de Marshall pour le roulage des attelages historiques engagés ce jour-là. Gilets jaunes au vent, ces passionnés ont gratifié le public de belles trajectoires acrobatiques.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#55 | Insolites et fiers de l’être ! 2/3 |

Autos, motos, side-cars: tout ce qui a goûté à l’asphalte du Circuit de montagne d’Auvergne depuis plus de six décennies comporte quelques modèles… déroutants.

Second volet de quelques-uns de ces véhicules.

 

  • Bélénos 1: en 2019 s’est tenu le premier Electric festival de Charade sur les énergies de la mobilité de demain. Parmi les véhicules invités, une surprenante réalisation de l’école d’ingénieurs Polytech Clermont : le Bélénos 1. Classé comme tricycle à moteur, cette voiture solaire monoplace accuse 195 kg sur la balance pour une longueur de 4 mètres et 1,60 m de large. Elle dispose d’un générateur photovoltaïque composé de 326 cellules réparties en deux zones pour un ensemble de 14 panneaux. Vitesse maximale: 90 km/h. Sous la férule de Lionel Batier, professeur de génie physique, ce projet né en 2005 roulait deux ans plus tard. Une version biplace à conduite intérieure homologuée pour la route devrait suivre.
  • Side-car F1 Périllat: ce « missile » rouge et noir de 3,80 m a fait sensation lors du Charade Heroes #2 en 2020. Piloté par le Parisien Robert Poret et son fils Vincent, cet engin de 1984 a été restauré entre 2014 et 2018 par la société de Simon Périllat, Périllat Motor Classic, basée dans le Doubs. Il dispose d’un châssis Seymaz fabriqué en Suisse doté d’un moteur français GPX 4 cylindres deux temps 500 CM3 de 140 CV. Vitesse max: 220-240 km/h. A l’origine, ce modèle de side-car participait au championnat du monde entre 1984 et 1988.
  • 2 CV Spéciale: depuis quelques années, une Citroën 2 CV blanche « hante » les courses de côte et circuits. Baptisé « 2 CV Spéciale » par son pilote et concepteur l’Ardéchois Frédéric Lombard, ce prototype a les arguments pour s’imposer en piste. Une authentique carrosserie de « Deuche » abrite un moteur de moto Suzuki GSX-R de 1100 cc, soit un 4 cylindres en ligne de 150 CV. Boîte séquentielle, grosses roues et châssis tubulaire çomplètent ce bolide qui n’hésite pas à défier des GT plus puissantes mais plus lourdes. On a pu en juger en 2020, sous la pluie, lors du 2e Charade Heroes organisé par Claude Michy.
  • Formule E: à Charade, le début des années 2020 est synonyme de mobilité du futur. Aussi n’est-il pas surprenant de voir rouler quelques voitures électriques ou à hydrogène. Le premier Charade Super Show, mis sur pied en mai 2022 par GCK, a accueilli une Formule E, la « F1 électrique ». Il s’agissait d’une Gen 2 de démonstration soit un modèle de seconde génération (5e saison) qui allait s’aligner dans le nouveau championnat du monde FIA de de la spécialité en 2020 pour la 7e saison. Piloté ce jour-là par le Français Romain Monti, il disposait d’une mécanique Spark SRT 05E dont le bruit sourd parut bien discret face aux nombreux gros cubes thermiques présents.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#54 | Insolites et fiers de l’être ! 1/3 |

Depuis 1958 des milliers de véhicules en tous genres ont roulé à Charade. Qu’il s’agisse de l’ancien tracé (8,055 km) ou du plus récent (3,975 km) depuis 1989. Certains d’entre eux se distinguent plus par leur apparence que leurs performances.

Coup de projecteur sur quelques-unes de ces curiosités roulantes.

 

  • Lotus MK 11 Eleven 1500 cc (1956) : tel un éclair d’argent, cette élégante dotée d’une dérive impressionnante rappelle celle de l’Écossais Innes Ireland (-1300 cc) vainqueur en 1958 des Trois heures internationales d’Auvergne, réservées aux Grand Tourisme et première course se tenant à Charade. Le modèle présenté est conduit par Lucien Gardillou, fidèle des courses historiques, lors du 2e Charade Super Show en 2023.
  • Chevrolet NASCAR : ce « stock car » faisait partie du plateau GT/Berlines du championnat national TTE 2024 (Trophée Tourisme Endurance). Entre les mains de son jeune propriétaire, le Parisien Olivier Bec (d’où le #75 sur la carrosserie en fibre de verre), cette voiture fabriquée outre Atlantique a connu l’Euro-Nascar des années 2010-2020. Homologuée FIA, cette voiture dispose d’un moteur V8 Chevrolet 5,7 L pour plus de 400 CV, un châssis tubulaire et une boîte 4 vitesses. Son pilote souligne que sa conduite est sportive surtout sur la piste de Charade qu’il découvrait sous la pluie. D’autant plus qu’on pénètre dans l’habitacle par la fenêtre!
  • Alcyon 175  Populaire (1927) : cette moto ancienne était inscrite à la deuxième édition de Charade Moto Rétro organisée en juin 2024 par Auvergne Moto Sport. Pilotée par Jean-Claude Mathieu, président de l’Ecurie Auvergne fondée par Louis Rosier, elle a accompli ses tours de circuit… à son rythme. En effet cette bécane française d’une autre époque fabriquée à Neuilly-sur-Scène est mue par un monocylindre deux temps 175 CC de 5CV. Conservée en excellent état, elle a fait sensation en accomplissant chaque tour en sept minutes. Qui va lentement…
  • Trabant P50 (1960) : fidèle de l’Historic Tour en catégorie Trophée Maxi 1000, Michel Abeille ne passe pas inaperçu avec sa Trabant P50 . Comme si la couleur rose de sa carrosserie en fibre ne suffisait pas, le bruit strident de son moteur deux temps de 594 CC en rajoute une couche!Construite dans l’ex-Allemagne de l’Est par AWZ, cette petite voiture citadine était bourrée de ressources pour l’époque. Avec le #124, l’exemplaire présenté ne s’en laissait pas compter lors de sa prestation en 2021.
  • F1 triplace : avec près de 700 CV dans le dos, une Formule 1 suscite toujours d’intenses émotions. C’est  ce qu’ont vécu quelques candidats à un baptême de piste avec LRS Formula, une école de pilotage de F1 basée à Magny-Cours (58). Les modèles triplaces sont conçues par cette équipe avec une motorisation 3,5 Litres V8 Cosworth ou V10 Peugeot. L’une d’entre elles (#1) a fait sensation, en 2022 lors du premier Charade Super Show.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#53 | Magique liseré or sur fond noir |

Au début des années 70, en se ralliant au cigarettier anglais John Player (groupe Imperial Tobacco), Colin Chapman, le patron de l’écurie Lotus Formule 1, n’imaginait pas le rayonnement qu’apporterait le logo JPS (John Player Special) paré des couleurs « noir & or ». En termes d’image, de résultats sportifs et d’excellence.
Cette période a vu se développer le sponsoring lié à l’industrie du tabac. Un essor fructueux auquel s’est plié, sans modération, le sport automobile. Par ses lignes, son apparence et ses résultats, la Lotus 72 dans sa version D de 1971 restera comme l’emblème et le précurseur de cette fascinante réussite noire et or. Charade et son public ont eu le plaisir d’accueillir quelques modèles portant cet habillage inoubliable. En leur temps lors de compétitions officielles ou plusieurs décennies après dans le cadre de manifestations historiques.

 

  • 1972: le 4e et dernier Grand Prix de France de Formule 1 en terre auvergnate présente le Team John Player Special avec deux voitures au départ. Des Lotus 72D pilotées par le Brésilien Emerson Fittipaldi (#1, devant les stands/photo Paul Lutz), champion du monde cette année-là à 25 ans, second à Charade, et l’Australien Dave Walker (#6).
  • 1989: la SATCAR (Semaine des Arts, Techniques et Culture de l’Automobile et de la Route ) emmenée par Patrice Besqueut, vice-président de l’Automobile Club d’Auvergne, organise un Grand Prix de Formule 1 Rétro afin de célébrer le nouveau circuit de Charade dont le tracé venait d’être raccourci de moitié. Parmi les invités de marque, Juan Manuel Fangio (5 fois champion du monde de F1) est venu piloter sa Mercedes « Flèche d’argent ». A leurs côtés, quelques belles F1 dont une Lotus 77 JPS (# 5) de 1976 ex-Mario Andretti.
  • 2008: l’Association sportive de l’Automobile Club d’Auvergne (ASACA) se charge d’organiser le cinquantenaire du circuit. En vedettes, trois F1 des années 70 dont une JPS Lotus 76 (#1) à double aileron arrière ex-Ronnie Peterson de 1974. Elle était entourée d’une Matra MS120 #21 (1970) prêtée par son propriétaire à Jean-Pierre Beltoise qui avait brillé avec ce modèle au GP de France à Charade en 70 et d’une STP March 701 (1970).
  • 2024: la 3e édition du Charade Super Show organisée par le circuit de Charade dont l’exploitation appartient à GCK depuis 2021, a présenté au public quelques autos inédites dont une Chevrolet Camaro Groupe 5 de 1978 (#788) aux couleurs JPS du plus bel effet. Aux mains du pilote clermontois Rudy Servol, ce prototype préparé par le team CMR (Classic & Modern Racing) basé à Alès avait évolué dans le championnat allemand de voitures de tourisme DRM (1972-1985) ancêtre du DTM. A Charade, il a réalisé quelques tours musclés exprimant ses 450 chevaux.

Cependant, on ne peut oublier le Prix FIM 750, mis sur pied par le Moto Club d’Auvergne (MCA) en 1973, où a évolué un superbe plateau moto dans une ambiance de contestation et de revendications (sécurité insuffisante). Sur la grille de départ de la course phare, deux très belles Norton John Player 750, bandes rouges et bleues sur fond blanc, avec cadre monocoque acier conçu par le brillant ingénieur et pilote anglais Peter Williams. Ce dernier terminera 3e derrière Barry Sheene (GB) sur Suzuki et John Dodds (Aus) sur Yamaha. Son compatriote John Cooper pilotait la seconde John Player Norton (#22).

Par la suite, portant la prestigieuse livrée (liseré or sur fond noir) d’autres modèles ont roulé sur cette piste : monoplaces, barquettes, Tourisme, GT, Mitjet, motos et side-cars, mais sans revendiquer de partenariat officiel.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#52 | Hommages sur deux ou quatre roues |

Très rapidement après sa création, en 1958, le Circuit de montagne d’Auvergne a séduit par son cadre et son tracé. Le côté sportif de son dénivelé ajouté aux enchaînements sélectifs et variés de sa piste exigeait un pilotage que seuls les meilleurs assuraient avec audace. Aussi, bien au-delà des années Grands Prix auto/moto du 8,055 km, des constructeurs de différents horizons et moyens financiers ont donné le nom de Charade à un de leurs modèles lancés sur le marché.

 

Voici quelques-uns de ces véhicules ainsi baptisés en signe d’admiration et de reconnaissance.

  • Barquette Charade :  engagé dans la fameuse Coupe de l’Avenir des années 80, et s’adressant à de petits budgets pour regonfler le sport automobile français en difficulté depuis la crise pétrolière des années 70, ce petit proto a été conçu en 1986 par le Puydômois Alain Chaput (aidé de Pascale Cohade) en quatre exemplaires. Sous la référence Charade VY 004, le modèle présenté comporte un moteur Alfa Roméo 1500 (Alfasud) qui affiche 140 chevaux et une boîte de vitesses également Alfa. Elle restera la première voiture de course à porter le nom de Charade.
  • Daihatsu Charade : discrète, nerveuse et consommant peu d’essence. Voilà trois qualités qui collent au modèle Charade du constructeur japonais Daihatsu. Entre 1977 et 2000, cinq générations de cette voiture se succèderont (3 ou 5 portes; 1,3 litre; de 80 à 99 cv). Appartenant au même groupe de constructeurs automobiles, Toyota prendra le relais en produisant la Charade sur une base de Yaris à partir de 2011. Elle sera fabriquée en France près de Valenciennes. Aujourd’hui, elle peut revendiquer le qualificatif de youngtimer.
  • Monza Charade : l’idée de concevoir cette très rare auto française remonte à 1986. Implantée à Clermont-Ferrand, proche du circuit de Charade, Charade Automobile SA est très convoitée par les motoristes japonais. En 1989, elle porte d’abord le nom de Monza, allusion au circuit italien où Pierre Foissotte, le père de cette voiture, a effectué sa dernière course comme pilote. Dessinées par un designer japonais, ses formes font penser à une Nissan 300 ZX. D’autres lui trouvent des airs de Venturi. Ce prototype initialement pensé comme un coupé ne sera construit qu’à dix exemplaires dont certains cabriolets et proposé en kit. Le marché grand public est exclu comme cible d’acheteurs. Dotée de très belles lignes, la Charade Monza bénéficiera d’un moteur Peugeot 205 GTI (1,9 litre; 130 cv).
  • Voxan Charade : the last but not the least ! Avec Voxan, l’Auvergne a réalisé l’excellence motocycliste. A partir de 1995, le fabricant installé à Issoire (Puy-de-Dôme) produit quelques modèles d’exception dont la Charade présentée en 2005. Performances, esthétique très néo-rétro, nouveautés techniques et confort se retrouvent dans cette superbe bécane motorisée par un bicylindre en V de 996 cm3. Son prix de vente avoisinait les 19.000 €. Après une période économique délicate, Voxan est devenu propriété du groupe industriel MerkerYshima depuis février 2002.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#51 | Performants sur deux comme sur quatre roues (3/3) |

Troisième et dernier volet sur les pilotes ayant couru à Charade en auto et en moto, durant la période du long tracé de 8,055 km, entre 1958 et 1989.
  • Denis Dayan (F): le 2 juin 1963 voit ce Normand pour la première fois à Charade, sur deux roues, en ouverture de la course des 50 Nationaux lors du Grand Prix de France moto. Après un 4e temps aux essais, au guidon de sa Ducson #16, il termine au même rang d’une course gagnée par le local André Fargeix (Itom). Il retrouve cette piste en juin 1966  lors des Trophées d’Auvergne pour la course de R8 Gordini (1e saison de la Coupe nationale) et termine 6e (#14) d’une épreuve emportée par Jean-Claude Andruet. En 1969, sur une Grac MT6 #3, après un 2e temps aux essais derrière l’Alpine victorieuse d’Alain Serpaggi, il s’accidente au 6e tour de la course de Formule France lors du week-end du Grand Prix de France F1. Il disparaît le 2/7/1970, à 27 ans, quelques jours après la course de F3 à Rouen où son ami clermontois Jean-Luc Salomon se tua. Aux portes de la F1, tous deux étaient sur la trajectoire d’un bel avenir sportif.
  • Claude Vigreux (F): il découvre Charade le 16 mai 1964 dans le cadre du Championnat du monde moto et la course des 50 Nationaux dont il finit 2e sur Kreidler derrière Gilles Rosemon-Popp sur Derbi. En 1966, sur Morini, il décroche la 8e place du Grand Prix 250, course dominée par Mike Hailwood (GB), nouveau héros de Charade sur la fabuleuse Honda six cylindres. Parallèlement, en auto, il devient lauréat du Volant Shell 1965 à Magny-Cours et s’aligne en 1966 sur une Matra Ford MS5 dans les courses de Formule 3. Ce surdoué n’a, semble-t-il, pas piloté en auto sur le 8 km. Les attentes tellement fortes ont fait de lui un champion avant la lettre. Jouant sur deux fronts (auto et moto), on aurait pu le voir s’inscrire à la course de F3 Inter en 1965 ou 67 aux côtés des Beltoise, Depailler, Jaussaud, Offenstadt et autres ténors de la discipline. Il aurait eu sa place s’il ne s’était pas tué en moto le 30/4/1967 à Mettet (Belgique), à 23 ans, sur une Rickman Metisse Matchless 500.
  • Jo Siffert (CH): connu pour ses nombreuses victoires en Sport prototype/Endurance sur les Porsche 917 Gulf de John Wyer et sa rivalité avec Pedro Rodriguez, pilote mexicain coéquipier et rival, le sympathique helvète a goûté à Charade pour la première fois le 17 mai 1959 en side-car (#) lors du 1er Grand Prix de France moto couru ici. Coéquipier de son compatriote Edgar Strub sur un attelage BMW, le « singe » au casque rouge à croix blanche permet au tandem de monter sur la 3e marche du podium. On le retrouve ensuite sur cette piste à trois reprises pour les Grands Prix de France F1 de 1965 (ACF), 1969 et 1970 avec les résultats suivants : 6e sur Brabham BT11 #36, 9e sur Lotus Ford 49B #3 et abandon au 24e tour (accident) sur March 701B  #12. Dates auxquelles s’ajoutent quelques jours de juillet/août 1966 pour le tournage de séquences du film « Grand Prix » par la Metro Goldwyn Meyer. Il se tue le 24/10/1971 dans une course de prestige en Angleterre.
  • Paddy Driver (Af. du Sud): globe-trotter venu des Antipodes, il découvre Charade en mai 1959 pour le GP de France moto (6e/500 et 5e/350 sur Norton). 1960 (4e/500 et 5e/350 sur Norton). 1961 (court en 125 et 250 sur Suzuki). 1962 (court en 125 sur EMC #55). Auto : 1963 (9e/Formule Junior sur Lotus Ford #50). Il pilota en F1 de 1963 à 1972 mais jamais à Charade.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#50 | Performants sur deux comme sur quatre roues (2/3) |

  • Jean-Pierre Beltoise: il est à l’origine d’intenses émotions pour le public, au point de passer du statut de héros national pour son audace en 1966 et 67 sur Matra en proto/GT et 1969 et 70 sur Matra en F1 au GP de France, à celui de lanceur d’alerte sur la sécurité à Charade. Grand Prix de France moto : 1962 (5e en 250cc sur Morini). 1963 (7e en 125cc sur Bultaco et 5e en 50cc sur Kreidler). 1964 (5e en 125cc sur Bultaco et 3e en 50cc sur Kreidler).  1966-67 (17e et 4e sur Matra face aux Ferrari puis Ford GT40). 1969-70, on se souvient de ses incroyables duels avec Jacky Ickx (2e/Matra Ford MS80 #7 et 13e après 8 tours en tête/Matra Simca MS120 #21 en F1 ; photos Paul Lutz). 1970 (1er/étape du Tour de France automobile sur Matra MS650). 1972 (15e sur BRM#5/GP de France de F1). 1976 (1er sur BMW 30CSI en Groupe 1). 1980-81-83-84-85-86 (podiums et places d’honneur sur Peugeot 505/Production).
  • Patrick Depailler: dans « son jardin », l’enfant du pays a vécu des instants gravés dans le marbre. En moto, d’abord. 1963 (en 50cc Nationaux sur une Spéciale MB #36/préparation Motos Blatin Clermont-Ferrand d’une Benelli, sous le pseudo de Patrick Lachaux pour échapper à l’interdiction parentale!). 1964 (13e en 50 Nationaux, toujours sur MB et sous son vrai nom). 1966 (en 250 sur Bultaco prêtée par Jean-Pierre Beltoise). Puis en auto. 1964 (2e/course comptant pour la Coupe des Provinces sur Lotus Ford Super Seven). 1967 (13e en F3 sur Alpine Renault A330). 1971 (1er aux essais et victoire, en F3, sur Alpine Renault A360 #1 devant son ami Jean-Pierre Jabouille). 1972 (20e du GP de France, son premier Grand Prix F1, sur Tyrrell Ford 004 #8). 1976 (1er/Simca Rallye2 #5 de la course très animée du Simca Racing Team après être parti en dernière ligne !).
  • Guy Ligier: le solide Vichyssois, pilote et constructeur, s’est illustré à deux reprises sur ce circuit. 1959 (13e en 500cc sur Norton/Grand Prix de France moto) ; 1966 (1er/étape du Rallye international du Limousin sur Ford GT40 #1).
  • Eric Offenstadt: s’il commence  par la moto en 1961, il se met à l’auto deux ans après avant de retourner aux deux roues en 1970.  La forte personnalité de « Pépé », notamment concepteur d’un cadre monocoque pour moto, l’a entraîné dans des séquences mouvementées en Auvergne. 1963 (8e en Formule Junior, antichambre de la F2, sur Lola Ford #40). 1965 (13e sur Matra MS1 #54 en F3). 1967 (14e en F3 sur Lotus 35). 1970 (Il chute lors de la course 250 Inter, en moto, avec sa Yamaha Baranne après un second temps aux essais). Ensuite, quelques résultats mitigés : en 1971 aux 300 km de Charade (Kawasaki 500) ; 1972 (abandon en 500 cc sur Kawasaki au Grand Prix de France moto) ; 1973 (Inscrit sur Kawasaki au Prix FIM 750, il est avec Christian Bourgeois l’un des deux chefs de file de la contestation des pilotes français en Inter qui s’insurgent contre le manque de sécurité en bord de piste et boycottent la course) ; 1974 (sur Kawasaki, il abandonne en 350 et 500 au Grand Prix de France). A suivre…

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#49 | Performants sur deux comme sur quatre roues (1/3) |

Entre 1958 et 1989, le Circuit de Charade accueille de grands pilotes auto ou moto à travers 14 Grands Prix de France (4 F1, 10 moto). Mais certains d’entre eux, et non les moindres, ont aussi connu cette piste dans les deux disciplines. Tous possèdent un fort tempérament. En premier lieu, voici deux d’entre eux, des Anglais, qui ont marqué leurs passages à Charade.

 

John Surtees (GB) : avec sept titres de champion du monde moto entre 1956 et 1960 (trois en 350 cc et quatre en 500) et un titre de champion du monde de Formule 1 en 1964, il s’est imposé en Auvergne de la manière suivante. Vainqueur en 350 et 500 cc, en 1959, sur MV Agusta lors du premier Grand Prix de France moto sur ce circuit. L’année suivante, après avoir encore dominé les essais, il termine 3e en 350 et 1er en 500, toujours sur MV Agusta. En 1960, il court conjointement en moto et en auto, F2 puis enchaîne avec la F1. Le 27 juin 1965, il décroche la 3e place du premier Grand Prix F1 à Charade, « Grand Prix de l’Automobile Club de France » au volant sa Ferrari 158 (#2) à moteur V8 de 1,5 L et 210 cv, derrière Jim Clark et Jackie Stewart. Il revient en juillet 1972, comme directeur du team portant son nom avec trois pilotes : Andrea de Adamich (It), Mike Hailwood (GB) et Tim Schenken (Aus) qui termineront 17e, 6e et 14e (Surtees TS9B 3 L) du dernier Grand Prix de France F1 couru à Charade. La même année,  Surtees arrête la compétition, comme pilote, mais poursuit sa fonction de constructeur de F1 jusqu’en 1978  après l’avoir commencée en 1969. Il décède le 10 mars 2017 à 83 ans.

 

Mike Hailwood (GB) : en 1961, il apparaît pour la première fois sur le « toboggan » auvergnat avec deux places de 2(en 250cc sur Honda et en 500 sur Norton) et une de 4e en 125 sur EMC. En 1962, il chute en 125 (EMC) et laisse le champ libre aux Honda. En 1966, on se souvient du bruit phénoménal de sa Honda 250 six cylindres, la célèbre RC 166. Une partie de l’agglomération clermontoise, en contrebas, pouvait entendre le rugissement de ses 57 cv à 18.000 tours/minute dans la descente de Gravenoire. « Mike the bike » devient cette année-là le héros du Grand Prix de France avec cette incroyable mécanique. Meilleurs temps aux essais, il s’adjuge la première place en 250 devant Jim Redman (Honda) et précède Giacomo Agostini (MV Agusta) en 350. 1967, le public est au rendez-vous avec son idole (#1). Mais la boîte de vitesses de sa 250 donne du fil à retordre au puissant pilote britannique: 3e derrière Bill Ivy et Phil Read (GB) sur Yamaha, malgré une fulgurante remontée et un record du tour moto à 134,250 km/h qui tiendra jusqu’en 1974 (Agostini/Yamaha 500 à 136,525 km/h). En colère, le champion refuse de monter sur le podium. Il ne reviendra à Charade qu’en 1972 pour le Grand Prix de France de… F1  au sein de l’équipe de John Surtees (Surtees TS9B #26). 10e temps des essais, il termine à la 6e place cette course gagnée par Jackie Stewart (Tyrrell Ford).

 

Hailwood sera 9 fois champion du monde moto entre 1961 et 1967 (3 en 250, 2 en 350, 4 en 500) pour une dizaine de marques notamment MV Agusta et Honda. En auto, il devient champion d’Europe de F2 en 1972 et affiche 50 participations en F1, de 1963 à 1974, sur Lotus, Lola, Surtees et McLaren. Il disparaît le 23 mars 1981 à 40 ans. A suivre…

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#48 | En Auvergne, un volcan peut en cacher un autre |

Au milieu des années 2000, le jeune Clermontois Romain Delage accomplit son BTS avec, pour point d’orgue, un projet en alternance : organiser une journée « portes ouvertes » sur le célèbre circuit de Charade. Ainsi pouvait-on venir faire un tour ou deux, avec sa propre voiture en mode « parade », c’est-à-dire sans esprit de performance et encadré de voitures Marshall. L’idée a séduit puisque plus de 5.000 inscriptions ont été enregistrées. Qu’à cela ne tienne ! De l’expérience recueillie ce jour-là, Romain en fait son carburant pour un avenir qui, à coup sûr, ne sera pas sans lendemain.

 

Arrive l’hiver 2010/2011. Le calendrier de Charade s’étoffe, mais laisse libres deux des dix journées « bruit » autorisées sur la piste. Romain saisit l’opportunité et monte une équipe d’amis de sa génération. Se retrouvent ainsi autour de lui : Julien Denizon, Katia Perreira, Manon Butin et Anaïs Antonino, un comité directeur suivi par une cinquantaine d’intervenants. L’animateur Marc Lachat, alors directeur du circuit, l’Orcinois Thierry Charbonnier, ancien champion du monde d’enduro moto, et le pilote Laurent Fradetal font partie du staff.

 

Ainsi s’échafaude pour les samedi 17 et dimanche 18 juin suivants un week-end baptisé « Eruptions mécaniques ». Son objectif ? Faire découvrir le site du Circuit de Charade à travers la conduite sportive complétée d’animations pour tous.

 

Village d’exposants de véhicules regroupant des concessions auto et moto de l’agglomération, jeux pour enfants, slot-racing et tir aux pigeons ludique occuperont le paddock aux côtés des véhicules. Des balades auto tout-terrain et quad sont aussi prévues. Un show d’acrobatie moto (stunt) avec le cascadeur Jean-Pierre Goy et les exhibitions des Black Liner assureront le spectacle sur la piste. Mais le plat de résistance est réalisé par les baptêmes de piste à bord d’une douzaine de bolides musclés : des GT de Ferrari, Lamborghini, Aston Martin, Audi R8, Porsche et autres Subaru Impreza et Mégane RS. « Ces roulages aux côtés de pilotes confirmés étaient assurés par l’école parisienne de pilotage Pro’Pulsion et grâce à l’implication de mon père, Jean, directeur de la concession Porsche de Clermont-Ferrand » souligne Romain. Quelques séances de drift à bord de BMW M3 et des baptêmes en Formule biplace complétaient le menu. Initialement programmés, les vols en hélicoptère et le concert sont écartés.
Bilan du week-end : 10.000 personnes ont fréquenté la manifestation qui s’équilibre financièrement avec plus de 1.500 baptêmes de piste. « Avec le sentiment d’avoir réalisé une belle aventure, malgré le stress et la météo changeante et en attirant un public pas forcément intéressé par la compétition », conclut Romain. Moralité : au pied des puys de Charade et de Gravenoire, un volcan peut en cacher un autre…

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#47 | Roland Charrière : Tout pour Charade ! |

Son parcours sportif n’aurait pu se résumer qu’à des compétitions régionales. Mais le bouillonnant Clermontois Roland Charrière a vu son énergie récompensée par quelques coups d’éclat en inter. Sans oublier son engagement pour préserver un avenir serein à son cher Circuit de montagne d’Auvergne. De son garage Renault installé en 1969 rue Montpela-Bujadoux dans le quartier des Salins, au centre de Clermont-Ferrand, jusqu’à son dernier souffle, en passant par les ors du palais de la Principauté de Monaco pour être récompensé de sa 9e place et 1er privé au Rallye de Monte-Carlo 1970 (notre photo) : son implication à la cause du sport automobile mérite reconnaissance. Pour en parler, Danièle, sa fille (photo avec Roland à Charade), complice de toujours et passionnée de course auto. « Son enthousiasme sans détour lui a valu quelques échanges aigres-doux musclés avec la mairie lorsqu’il tenait la station-service boulevard Léon-Malfreyt. Sa première course Inter fut le Monte-Carlo 1959 avec une Dauphine Gordini et Jacques Beylot pour copilote. Il était parti de Lisbonne avec deux pneus dans le coffre ! ». Le 7 juillet 1963, il fait une modeste apparition sur René Bonnet Djet #82 (notre photo) aux 3 Heures d’Auvergne à Charade. En juin 1964, il s’aligne aux 24 Heures du Mans sur une René Bonnet RB5 (1,2L) #60 avec l’Italien Bruno Basini (ab. au 44e tour). Le 19 juillet suivant, à Charade, il participe au Grand Prix de France de Formule 2 (1000cc) sur une monoplace René-Bonnet #22. Au départ se trouvent Jackie Stewart, Denis Hulme et Jochen Rindt : l’antichambre de la F1 ! Il termine 15e après quelques pépins mécaniques. Puis, sur Alpine, 16e au Tour de France 1969 et 5e au Lyon-Charbonnières 1970. Entretemps le Monte-Carlo 1970 toujours avec Yannick Castel pour coéquipier. « Grâce à sa performance au volant de sa 1600S #92, Alpine Renault lui fit bénéficier de son assistance en cours de rallye alors que devant ne restait plus qu’une berlinette d’usine, celle de Jean-Pierre Nicolas, 3e du général. Ce résultat le confirme sur la liste des 20 meilleurs pilotes français du moment. »

Sociétaire de l’ASACA (Association sportive de l’Automobile Club d’Auvergne), Roland Charrière en part pour rejoindre l’ASA Dômes Forez dont faisait partie l’écurie Clermont Racing. Elle regroupait des pilotes auvergnats majeurs : Patrick Depailler (photo avec Roland), Philippe Bugalski, Roger Debacker, Roger Janvier, Jacky Verdier et Georges Groine, le transporteur. Ce dernier permit à Charrière d’accueillir les premiers camions dès 1982 sur la piste de Charade à l’occasion des courses de côte (slalom 79 puis nationale Manson 80-88) que le Clermont Racing organise. Roland crée l’ASA Clermont Racing en 1974. Entre 1969 et 1974, Danièle prend goût à la compétition avec ses célèbres R8 Gordini blanches puis une Alpine. Trois ans de suite (70,71,72) elle termine 3e du Critérium national (championnat de France) et s’illustre en rallye avec sa coéquipière Michèle Bordes. « Je me retrouvais derrière des pointures comme Marie-Claude Beaumont et Marianne Hoepfner ! »

Roland jette toutes ses forces dans la défense de Charade alors que monte une fronde hostile au développement du circuit et du bruit qu’il générait. Pétition massive, tentative de faire classer le circuit « d’utilité publique », Préfecture, Conseil d’Etat… Puis à partir de la fin des années 70, les initiatives du valeureux Clermontois se multiplient : Raid humanitaire camion Objectif Sud 89, course de côte de Châtel-Guyon… alors que le cancer se manifestait. En 1988, il reçoit la médaille d’or Jeunesse et Sports. Il disparaît en 1990 laissant une empreinte inoubliable dans la vie du Circuit de Charade qu’il aimait tant. L’ASA Clermont Racing existe toujours.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#46 | À la Ferme, on évite de trop ouvrir ! |

Héritage de l’ancien tracé de huit kilomètres, le « virage de la Ferme » est surtout connu de ceux qui ont fréquenté la piste. Que ce soit avant 1989 (8,055 km), que ce soit depuis (4 km). Ce secteur éloigné de tout est inaccessible au public. Il a toujours bénéficié d’un sentiment particulier. Les pilotes en apprécient la difficulté technique.

Situé en surplomb du village de Champeaux bas, il intervient dans le prolongement de la liaison entre la nouvelle et l’ancienne piste. Il offre un enchaînement gauche/droite digne d’un « pif-paf » qui  faisait face à une ferme que les pilotes n’avaient guère l’occasion de regarder. Surtout en moto ou en Formule 1. C’est le cas du grand champion anglais Graham Hill (cliché noir et blanc). En juillet 1969, lors du Grand Prix de France, sa Lotus Ford Cosworth 49B (R10)  #1 semble slalomer sur ce « S » majestueux. Ce qui élevait ce site au rang des portions les plus sélectives de Charade. Et justifiait ce dernier comme circuit de montagne qui ne pardonne pas. Sous la férule de Colin Chapman, patron de l’écurie Lotus, Hill terminera la course 6e après avoir obtenu le 8e temps aux essais sur seulement treize F1 engagées.

Pilote moto en historique, le Clermontois Patrick Foucart (notre photo) apprécie le virage de la Ferme lors de démonstrations (Charade Heroes, Charade Super Show et Charade Moto Rétro). Au guidon de sa belle 750 Suzuki TR orange et blanche (une réplique du modèle de 1973), il a pu le juger. Et décrit avec enthousiasme le comportement à adopter dans cet enchaînement : « C’est un passage très intéressant de l’ancien tracé ! Après le premier gauche qui bénéficie d’un banking naturel, le changement d’angle est très rapide. On bascule aussitôt pour négocier le droite afin d’aborder la descente vers le Petit Pont dans les meilleures conditions. C’est physique ! Et après, on essaie d’ouvrir le plus vite pour reprendre de la vitesse. » Autant dire que, lors des courses, les concurrents auto ou moto ne s’attardent pas sur ce secteur.

Un poste de secours se trouvait à la sortie du S côté extérieur de la piste, dans la version d’avant 1989 du circuit (photo N/B de 1969). Il faisait face à celui de la Ferme qui portait le #10 sur un total de 14 postes occupés.  A partir de 1989, le poste de la Ferme est devenu le #16 sur 21 occupés… soit sept de plus pour une longueur de piste divisée par deux ! Celui de sortie porte le #17 mais se situe du même côté que le 16 c’est-à-dire à l’intérieur du circuit.

Détruite par les services du Département lors de la construction de la nouvelle piste, la Ferme avait été incendiée par son ultime locataire quelque temps avant ce chantier. Aujourd’hui seuls commissaires de piste, secouristes et journalistes peuvent stationner en ce lieu. Certainement dans l’ignorance des nombreuses « passes d’armes » qui s’y sont déroulées autrefois sur la piste…

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#45 | « En rouge et jaune… » Inoubliable cheval cabré ! |

Ferrari naquit dans le jaune. Cependant on lui associe généralement le rouge. Quelle qu’en soit la couleur, la marque de Maranello brille de mille feux sur toutes les pistes et dans tous les registres (rallye, endurance, F1). Charade fait partie de ce décor sportif. On se souvient des véloces 250 GT et 750 Monza (années 58 à 63) lors des Trophées d’Auvergne ou de la Testa Rossa de Lorenzo Bandini victorieuse des 3 Heures d’Auvergne le 7 juillet 1963 ou des 365 P2 et 250 LM des Anglais David Piper et Richard Atwood en 1967. Idem des prestigieuses 250 GTO et Daytona 365 GTB4 inscrites régulièrement à ces courses ainsi qu’au Tour de France automobile puis au Tour Auto contemporain. Arrivent ensuite les Formules 1 312 B et 312 B2 lesquelles, entre les mains expertes du pilote belge Jacky Ickx ont séduit lors des Grands Prix de France 1970 et 1972. Enfin le 1er octobre 2023, Charade Classic « Italiennes » comprend une parade qui regroupe une trentaine de Ferrari sportives.

Enfin, émotions intenses avec les inoubliables sport-prototypes 512 M de cinq litres de cylindrée.  Evolutions de la 512 S en 1970, elles pouvaient atteindre les 340 km/h. Racées, puissantes (630 cv) et un V12 rugissant ont façonné l’histoire de ces « bêtes » créées en Endurance pour défier les irréductibles Porsche 917. Deux exemplaires ont découvert l’asphalte de Charade : en 1971 et 2023.

Pour leur seul passage sur le Circuit de montagne d’Auvergne, toutes deux ont marqué les esprits. Que ce soit la jaune à bandes vertes Tergal et rouges de l’Escuderia Montjuich (#142) ou bien la rouge (#251) de son pilote-propriétaire fidèle des courses historiques organisées par Peter Auto. La première disposait du châssis #1002. Elle termine 2e aux 1000 KM de Paris 1970 (Montlhéry) et 2e du Tour de France automobile 1971 dont une victoire à Charade. On la retrouve bien des années plus tard dans les courses historiques entre les mains de gentlemen drivers successifs : Robert Horne,  Dieter Roschmann ou Carlos Monteverde. En 2016, elle « s’illustre » dans une petite rue au cœur de Londres affublée d’un PV pour stationnement gênant à proximité du siège de Fiskens, société de vente de voitures de prestige qui réalisait quelques photos de la belle ! Il semblerait que ces dernières années, une copie ait vu le jour pour préserver l’originale estimée à 13 millions d’€.

Lors de l’étape de Charade du Tour de France automobile, le 24 septembre 1971, Jean-Pierre Jabouille met plus d’une minute aux Matra MS650 de Larrousse et Fiorentino sur l’ancien tracé de 8,055 km. Il était associé à José Juncadella (propriétaire) et Jean-Claude Guénard. De son côté, la deuxième, la rouge de « Mr John of B » semble être une superbe réplique « maison », de l’aveu de son pilote. Le jeudi 20 avril 2023, elle a ravi le public du Tour Auto Optic 2000 sur la boucle de quatre kilomètres du Charade moderne jusqu’à ce qu’elle parte en vrille entre l’épingle Marlboro et l’entrée de la courbe de Thèdes, roue arrière gauche explosée : course terminée puis abandon.

Plus d’un demi-siècle sépare ces deux courses.  Et la magie opère toujours… en rouge et jaune.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#44 | Traction Avant : au fil des ans, le noir lui va si bien… |

Elle n’est ni la plus belle, ni la plus chère, encore moins la plus rapide. Mais sur le plan affectif, les Français lui accordent une place privilégiée dans leur production automobile nationale. En 2024, la Traction Avant Citroën fête ses 90 ans. Et le Circuit de Charade réserve à cet événement un rendez-vous digne des hôtes les plus prestigieux : du jeudi 9 au samedi 11 mai, près d’un millier de ces modèles réalisés entre 1934 et 1957 se retrouveront dans l’enceinte de ce temple des sports mécaniques. Déjà, lors du caniculaire été 2003 puis deux ans après, au pied des volcans, la piste et le paddock avaient accueilli des festivités consacrées à cette voiture populaire. Chacune de ces deux « Tractionades » regroupa plus de 500 modèles parmi les près de 760.000 produits par la marque au double chevron.

En 2024, au cours des trois journées « anniversaire » organisées par La Traction Universelle (club international basé dans la Drôme) épaulée par le très auvergnat Traction Club des Volcans (TCV) présidé par Bruno Murat, exposition, épreuves d’endurance et autres parades ne manqueront pas de mettre en valeur les différents modèles (7, 11 et 15). A partir de 1936, ces derniers gommèrent les imperfections techniques de leurs débuts grâce à la prise de contrôle de Citroën par Michelin.

Les belles Tractions ne manqueront pas de flatter les pupilles. Parmi ces vedettes, celle de Thierry Bissiriex (TCV) une version commerciale de la 11 dont son propriétaire évoque avec fierté la montre spéciale vissée au centre du volant : « Il faut très souvent la remettre à l’heure ! Mais je dois cette passion à mon grand-père paternel. Mon auto affiche aujourd’hui près de 120.000 kilomètres. »

Durant le conflit de 1939-1945, l’élégance de la « Traction » avait attiré le regard des belligérants. Tant la Résistance que la Gestapo l’utilisèrent comme véhicule officiel, synonyme d’autorité. Il est vrai que ses lignes pures et son noir strict en imposent. La classe, appréciée du pouvoir, des uniformes et, parfois, des gangsters. Un chapitre important de l’histoire et du patrimoine industriel français. La gamme proposait des variantes de 4 ou 6 cylindres (voire 8 cylindres en V pour le prototype !) avec des boîtes à 3 vitesses pour des puissances de 32 à 77 chevaux avec une cylindrée de 1303 à 2867 cm³. Quelques exemplaires se sont illustrés en compétition à cette époque.
 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#43 | Jean-Claude Andruet : punch et panache ! |

Rencontré dans les allées du salon Epoqu’auto 2023, à Lyon, Jean-Claude Andruet ne pouvait passer inaperçu. A l’aise dans sa combinaison de course comme aux plus beaux jours, le célèbre pilote français affiche, à 83 ans, un enthousiasme de jeune premier. Il appartient à cette génération de surdoués du volant. Certes, il ne revendique aucun titre en monoplace malgré une approche en F3. Son truc c’est la route avec les rallyes, la course de côte et, accessoirement, le circuit en proto et GT.

Surnommé « la panique » car rêveur et vite angoissé, il aura testé quelques bolides emblématiques. A commencer, en début de carrière, par la mythique Renault 8 Gordini. C’est à ce moment qu’on le trouve pour la première fois sur le circuit de montagne d’Auvergne. En ce dimanche 20 juin 1966, la nouvelle Coupe nationale des fameuses « Gordoches » fait une première apparition sur le tracé de 8,055 km. Meilleur temps aux essais et victoire sans discussion en course !  La petite Renault de 1100 cc porte le numéro 1 que son pilote honore de la plus belle manière.

A l’évocation du circuit de Charade, Jean-Claude dit avoir bien sympathisé avec l’Auvergnat Patrick Depailler. Il rappelle avec ferveur sa 2e place lors du passage du Tour de France automobile 1972. Et la « bourre » qu’il a vécue face à l’Anglais Vic Elford, tous deux au volant d’une Ferrari Daytona 365 GTB4. « A un moment, nous nous sommes retrouvés face à face ! » Au classement général final du Tour, Andruet l’emportera avec sa célèbre copilote Michèle Espinosi-Petit alias « Biche ».

Entre ces deux épreuves, Jean-Claude décroche une 9e place de la course des 300 km GT/Proto dans le cadre des Trophées d’Auvergne 1967. Autant dire que sa petite Alpine 1150 ne pouvait rivaliser avec les trois puissantes Ford GT40 de tête qui ont rencontré une belle opposition avec la Matra 2 Litres d’un Jean-Pierre Beltoise accrocheur. « Mais elle a tenu tête aux Ferrari ! ».

On le retrouvera ensuite dans les volcans, en juin 1973, lors de la manche du Championnat d’Europe des protos 2 Litres avec une des trois Abarth Osella PA1. Portant le numéro 30, le Français terminera 9e, bien loin des Lola et Chevron, montures les plus en vue cette saison-là. Quelques semaines plus tard, le retrait prématuré de sa Lancia Stratos l’empêche de s’aligner à Charade à l’occasion du Tour de France automobile. En 1974, sa Stratos termine 6e à Charade et 3e au général. Suivent une victoire aux 24 Heures de Spa 1977/BMW, 2e en 1981 et titres en Historic dans les années 2000-2010.

Quelques Tour de France automobile plus loin couronnés de succès (2e/1979, 1er/1981 & 1982, 2e/1984), Andruet n’aura l’occasion de retrouver Charade qu’en… 2021 lors de la Coupe de France des circuits à bord d’une Peugeot 505. Et de découvrir le nouveau tracé où seule l’ancienne portion est à son goût. Champion de France des rallyes en 1968, d’Europe et de France des rallyes en 1970, trois fois vainqueur du Tour de France automobile, 20 participations aux 24 Heures du Mans : le héros du Monte-Carlo et du Tour de Corse a fait preuve d’éclectisme et d’adaptation aux terrains et aux équipes. Premier pilote français à valoriser une femme copilote, une attitude qui fera école, Jean-Claude aura connu et comparé des autos françaises et italiennes. Son coup de cœur ? « Sans hésiter, la Lancia Rally 037 au sein d’une équipe avec qui le courant passait. ».

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#42 | Commissaires de piste : Les gardiens du temple |

Traits d’union entre l’asphalte et les espaces extérieurs, les commissaires de piste se reconnaissent par leur combinaison de couleur identique. Presqu’inconsciemment on les intègre à l’environnement du circuit. Chargés de la sécurité dans le cadre du bon déroulement des compétitions, ils interviennent drapeau en main pour toute irrégularité de conduite ou en cas de panne, de risque d’accident (huile ou pièces sur la piste) voire d’accident. Ils communiquent aussi avec la direction de course et les services de secours. A Charade, ils dépendent de l’ASACA (Association sportive de l’Automobile Club d’Auvergne) pour les courses auto ou d’Auvergne Moto Sport, héritier du Moto Club d’Auvergne, pour les compétitions moto. En juillet 1958, les courses inaugurales avaient fait appel à 47 « commissaires de route » rebaptisés plus tard commissaires de piste. Leur compétence couvrait, en effet, les événements en circuit, en rallye et en course de côte.

Aîné de ces bénévoles indispensables, Jean-François Cassant officie sur le Circuit de Montagne d’Auvergne depuis 1969. Il a participé aux trois Grands Prix de France F1 de 1969, 1970 et 1972 sur l’ancien tracé de 8,055 km. Pour cette même période, ce sont les Grands Prix de France Moto de 1972, 1973 (750cc) et 1974 qui l’ont mobilisé. Auxquelles s’ajoutent les nombreuses compétitions dans le cadre des Trophées d’Auvergne, Coupe de France des circuits, TTE, Historic Tour, passage du Tour de France automobile devenu Tour Auto, Grands Prix camions et formules de promotion.

De ses participations, « Jef » s’est constitué une imposante armoire à souvenirs peuplée d’images et de rencontres voire d’amitiés. Ce réservoir de faits d’armes s’étoffe de nombreuses missions sur d’autres circuits illustres : Magny-Cours, Le Castellet Paul-Ricard (auto et moto), Albi, Dijon, Lédenon, Spa Francorchamps, Super-Besse Andros. En 2023, il fêtait sa 54e participation aux 24 Heures du Mans auto avec la victoire et le grand retour de Ferrari en catégorie reine « Hypercar ». « A l’occasion de ma 50ème année de présence au Mans, Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de l’Ouest, le célèbre ACO gestionnaire des circuits du Mans, avait rappelé, lors de la réunion précédant la course que j’étais le plus ancien commissaire de piste bénévole de cette épreuve phare du Championnat du monde d’Endurance (WEC). C’est aussi lors de cette célèbre course que j’ai tissé des liens d’amitié avec le Docteur Ulrich, patron d’Audi des années 2000, et Dave Richards (Prodrive, Aston Martin).  J’ai aussi sympathisé avec les pilotes Jacky Ickx, Stéphane Ortelli et le Japonais Yojiro Terada (Mazda). » Enfin, Jean-François a eu le privilège d’être commissaire de piste pour le Grand Prix F1 de Monaco à 13 reprises.

Indissociable de l’histoire de Charade, le sympathique barbu clermontois a connu tous les postes de ce site et par tous les temps. Il se souvient particulièrement de cette épreuve de Tourisme Production lors des Trophées d’Auvergne 1982 où, entre les deux fameux virages « Jumeaux » dans la descente de Gravenoire, qu’un tête-à-queue de la Rover 3500 de René Metge aurait pu provoquer un important crash : « Ce jour-là, pendant un tour de la course, j’ai agité le drapeau jaune plus frénétiquement que jamais pour éviter le pire ! ».

Avec les années, Jean-François a plus que jamais conscience du paramètre « sécurité ». Mais il prend toujours plaisir à accompagner ses amis commissaires de piste à Charade, les gardiens du temple…

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#41 | Un toboggan pour « tasses à café » |

Très tôt depuis la création du circuit, en 1958, les courses de moto ont laissé une empreinte singulière, souvent attachante. Parmi elles, la catégorie 50 cm³ s’est taillé une place originale, au même titre que les side-cars. Début de week-end en amuse-gueules pour les premiers, fin de repas roborative pour les seconds. Malgré 3 à 8 vitesses, les « tasses à café » ont souffert du manque de chevaux (5 à 18) et des écarts de température sur les fortes pentes du « toboggan auvergnat ».

À neuf reprises entre 1961 et 1974, la plus petite cylindrée sur deux roues s’est exprimée sur cette piste : quatre en catégorie Nationale et cinq en Inter lors des championnats du monde. Président d’Auvergne Moto Sport, digne héritier du Moto Club d’Auvergne (MCA), Claude Astaix se rappelle du challenge que représentait la venue des 50 cm³ à Charade : « C’était un coup de poker, et ça a marché ! » Pour rappel, le pilote hollandais Henk Van Kessel remporte sur ce circuit, en 1974, son premier Grand Prix en 50. Il devient champion du monde la même saison sur son prestigieux Kreidler (#5 à Charade) de l’importateur Van Ven, succédant ainsi à son compatriote Jan de Vries. Avec les mêmes couleurs vert et orange des Pays-Bas, une très belle réplique était présente lors du Charade Moto Rétro en 2022 (photo couleur). Avec l’accord de Van Kessel, elle a été assemblée par un passionné auvergnat, Guillaume Dumas, autour d’un cadre réalisé par le spécialiste Jaap Voskamp.

Pour sa part Lionel Gavard, pilote local avec deux participations, a vécu les premières compétitions de 50 à Charade. Il se souvient des coulisses de certaines courses et de leurs palmarès. Ainsi, Claude Serre remporte la première, en 1961, à plus de 83 km/h de moyenne sur un Itom italien. L’année suivante, la victoire Inter revient à Jan Huberts (NL) sur Kreidler face à Honda, Suzuki et une horde de Derbi espagnols. 1963 voit l’Allemand Hans-Georg Anscheidt imposer son Kreidler en Inter. Avec la même marque, Jean-Pierre Beltoise termine 4e. Il trouvera d’autres occasions de briller à Charade sur deux et quatre roues. Son frère Michel roule sur Itom dans l’épreuve des Nationaux. Le Clermontois André Fargeix (Itom) réalise le 1er temps des essais et gagne à l’issue des cinq tours de course. Gavard (#12, photo N/B) est sélectionné pour piloter un Derbi d’usine prêté par Jacques Roca. Malheureusement il devra abandonner. Avec le numéro 36, un certain Patrick Lachaux court sur une Spéciale MB (Benelli préparée par Motos Blatin). En réalité, il s’agit d’un autre Clermontois qui s’illustrera plus tard au plus haut niveau : Patrick Depailler ! Il porte un pseudo afin de cacher son engagement à ses parents. En 1964, le Néo-Zélandais Hugh Anderson place sa Suzuki sur la plus haute marche du podium Inter. Beltoise 3e sur Kreidler. En National, Fargeix s’arrête, Gavard prend la 4e place, Depailler 13e. 60 ans plus tard, Lionel reconnaît que « ces épreuves changeaient ces motards de l’esprit blousons noirs rencontré en ville. A Charade, on n’était plus dans le même monde ! » 1967 : Charlie Dubois (Kreidler) gagne en National. En Inter, Yoshimi Katayama (Suzuki) l’emporte à près de 113 km/h de moyenne. Enfin arrive 1974, l’année de tous les records (photo départ) : plus de 100.000 spectateurs, des champions, des chronos, des bottes de paille, des gendarmes… Et la victoire de Van Kessel. 13 fois champion du monde (50 et 125), l’Espagnol Angel Nieto (Derbi) n’aura jamais brillé à Charade : 5e en 1967 (50); abandon en 1972 (125) et 1974 (125).

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#40 | Louis Rosier, père spirituel de Charade pour l’éternité |

Un brillant parcours professionnel et sportif, un enthousiasme communicatif et une énergie à toute épreuve. Louis Rosier, le natif de Chapdes-Beaufort (le 5 novembre 1905) dans les Combrailles du Puy-de-Dôme avait tout du leader accepté par le plus grand nombre. Pionnier français de la Formule 1 et des 24 Heures du Mans, ce garagiste clermontois et patron d’écurie aura vécu des hauts et des bas à la mesure de son tempérament.

Comme nombre de ses concurrents, Louis n’attend pas ses 20 ans pour goûter à la compétition en sports mécaniques. Il choisit la moto (courses de côte, moto-cross). Puis il se tourne vers l’auto et fait ses preuves au volant à travers des compétitions régionales puis nationales et inter. Première participation en Endurance lors des 24 Heures du Mans 1938 qui se solde par un abandon sur une Talbot Lago T150 SS, associé à Robert Huguet. Le long intermède de la guerre en fait un Résistant maquisard et son « Garage des Boulevards », voisin d’usines Michelin, devient une concession Renault où les véhicules de la Gestapo pouvaient être victimes… d’un sabotage maison !

Dès 1946, retour aux compétitions permettant à son palmarès de s’étoffer : champion de France de vitesse (1949, 1950, 1951, 1952). L’année 1950 consacre le pilote auvergnat : 4e du premier championnat du monde des conducteurs de Formule 1 avec plusieurs victoires de Grands Prix; vainqueur des 24 Heures du Mans où il restera au volant de sa Talbot-Lago T26 l’intégralité de la course, ne laissant à son fils Jean-Louis que deux tours en piste. Louis crée l’Ecurie Automobile d’Auvergne en 1951. Devenue Ecurie Auvergne, elle est actuellement présidée par Jean-Claude Mathieu.

Sa fidélité à Talbot-Lago, la marque française de Suresnes, est inévitablement associée aux succès du professionnel de Clermont-Ferrand. Une ville qui, dès 1956 se cherchait un nouveau terrain de jeu pour ses courses. Au côté de son ami Jean Auchatraire, président de l’Association sportive de l’Automobile club d’Auvergne (ASACA), Louis Rosier propose un site dont il échafaude un tracé à Gravenoire au-dessus de Royat. Un tracé de 8 kilomètres proche de villages de Saint-Genès-Champanelle fut ensuite validé alors que le champion venait de perdre la vie 22 jours après un accident à Montlhéry. Charade, le Circuit de Montagne d’Auvergne fut inauguré le dimanche 27 juillet 1958. Le virage menant à la ligne d’arrivée porte son nom. Une photo géante sera très tôt remplacée par une stèle. Face à la piste, elle porte le nom de Louis Rosier. Début 2023, Elodie Rosier, petite-fille de Louis (notre photo), annonce le projet d’un musée consacré à ce grand pilote : L’Aventure Louis Rosier.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#39 | Laurent Gauvin : à la rencontre des mythes |

Sa discrétion l’aura accompagné jusqu’au bout du voyage. Disparu à 50 ans le 18 mai 2023 à Clermont-Ferrand, Laurent Gauvin laisse une empreinte indélébile de sa passion pour le sport automobile. Des livres, des maquettes au 1/43e aux côtés de son ami Michel Lépine, président du Maquette Club de Châteaugay, autre passionné de Charade lui-aussi décédé, et quelques magazines resteront gravés comme son héritage dans ce domaine. Et le circuit de montagne d’Auvergne joue ici un rôle de tremplin et de plaque tournante.

Les rallyes, les champions auvergnats d’exception Philippe Bugalski et Patrick Depailler et, comme apothéose finale, une publication « kolossale » sur la Porsche 917 (Ed. Syllabe) à l’occasion des 50 ans de cette voiture mythique en 2019 (*). L’usine allemande lui avait ouvert ses portes avec de nombreux documents pour réaliser son ouvrage de 568 pages et 4,8 kg, tiré à 917 exemplaires et traduit en anglais. Laurent a même fait venir dans l’agglomération clermontoise un des 69 modèles construits par l’usine de Stuttgart. Aux couleurs du Martini Racing, elle était homologuée pour rouler sur les routes. C’est ainsi, qu’en 2019 et à son volant, son pilote propriétaire monégasque s’est rendu à Châteaugay, près de Clermont-Ferrand, afin d’y rejoindre le studio où devaient être réalisées des photos.

Lors de l’été 2020 s’est déroulée la deuxième édition de Charade Heroes organisée par le Clermontois Claude Michy. Laurent Gauvin était intervenu pour la participation de Gérard Larrousse à cette manifestation historique. En effet, le pilote français, fidèle de Porsche en Endurance, a rédigé la préface du livre sur la 917. Par ailleurs, il avait brillé sur l’ancien tracé de 8 km de Charade entre 1969 et 1974 : Tour de France automobile et Trophées d’Auvergne avec Porsche 911, Matra MS 660, Ligier JS2, Lola T292 et Alpine A441.

Ainsi, en 2020, Larrousse est revenu à Charade et a piloté la Porsche 917 LH (longue queue #3 aux couleurs très psychédéliques) avec laquelle il a terminé 2e aux 24 Heures du Mans 1970 associé à Willy Kauhsen: un régal pour les yeux et les oreilles et une première à Charade! Ce jour-là, Laurent se sentait bien sur cette piste non loin de chez lui…

(*) Une version moins étoffée de cet ouvrage a également été publiée.

 

Guy Lemaître (texte et photos)/Agissons pour Charade

#38 | 2023 : un excellent cru côté spectacle |

S’il est des saisons qui laissent peu de souvenirs, celle de 2023, en revanche, est à marquer d’une pierre blanche. Pour sa troisième année aux commandes de l’exploitation du circuit de Charade, le groupe GCK a frappé un grand coup sur la piste et dans les paddocks. Particulièrement développée, la médiatisation des événements a bénéficié en retour d’une fréquentation exceptionnelle.

Avec cinq rendez-vous, les rassemblements Charade Classic se sont terminés en apothéose, le 1er octobre. Près de 1.200 voitures de collection sur le thème des Italiennes, une triple parade comprenant une trentaine de Ferrari et un public dépassant les 5.000 visiteurs, le tout sous un soleil estival : de bon augure pour fêter le dixième anniversaire en 2024 !

Le Tour Auto était aussi de la partie le 20 avril. Un plateau toujours aussi étoffé concocté par Peter Auto avec un prototype Ferrari 512 M de 1970 auteur d’une spectaculaire embardée entre le virage Marlboro et le S de Thèdes.

Trophée Tourisme (TTE), Trophée des volcans et Ultimate Cup 208 ont permis aux formules de promotion de prouver leur intérêt sportif. Mais le plat de résistance restera, sans ambiguïté, la 2e édition du Charade Super Show le dimanche 21 mai. Une douzaine de champions auto et moto de différentes époques dont Giacomo Agostini, Jacky Ickx, Sébastien Loeb et Christian Sarron, des bolides d’anthologie ou du futur (électrique). Et du spectacle avec, en prime, l’ouverture de l’ancien l’ancien tracé de 8 km le matin. Grand patron de GCK, Guerlain Chicherit était aussi de la fête avec un enthousiasme flagrant. Bilan : quelque 12.000 spectateurs emballés par les parades et démonstrations. Certains observateurs faisaient un parallèle avec le Goodwood Festival of speed, référence anglaise pour ce type de manifestation historique.

Début septembre, le Grand Prix camions a fait aussi le show avec 12.000 passionnés venus de toute la France. Charade associe histoire et avenir…

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte et photos)

#37 | Des exploits figés pour la postérité |

Il y a l’Histoire, ceux qui la font, ceux qui la racontent et  ceux qui l’immortalisent par l’image ou le texte. Esthétique, performances  et passions  se conjuguent au futur dans un univers tapissant un mur de chambre, de salon, de restaurant, de garage ou d’atelier. Parmi eux se trouvent des établissements privés mais accessibles au public car relevant du commerce. Quelques-uns recèlent ces documents attestant d’instants de course sur l’asphalte du circuit de Charade.

Un départ, une arrivée, une belle trajectoire, un dépassement ou un portrait fixé par l’objectif d’un photographe ou le crayon d’un dessinateur. A travers posters et affiches, couleurs ou noir et blanc valorisent ces témoignages en embellissant ces espaces. Par leur proximité géographique avec le circuit, ils se souviennent des rugissements des bolides dévalant la descente de Gravenoire. Certains propriétaires actuels passionnés ont voulu rappeler ces épopées dans leurs établissements.

  • Princesse Flore : l’hôtel 5 étoiles de la place Allard à Royat consacre l’un de ses deux restaurants, « La Flèche d’argent », aux superbes clichés de Paul Lutz, photographe professionnel clermontois témoin des années 70 à Charade ; l’autre restaurant, « Le Grand Prix », expose deux illustrations du film « Grand Prix » tourné en partie à Royat en 1966;
  • Royat Centre Auto : grand garage du boulevard Barrieu, à Royat, le long bâtiment abritant partie commerciale et atelier mécanique existe depuis les années 30. Il arbore neuf superbes agrandissements d’un à deux mètres de côté, empruntés à des agences photo. Deux concernent aussi  le film « Grand Prix » tourné par la Metro Goldwyn Mayer (Hollywood) dont quelques séquences ont eu pour cadre ces locaux et leurs alentours en accueillant les F1 d’époque ainsi que certains des acteurs (Yves Montand, Françoise Hardy, etc.);
  • Driver’s Park : proche de la Voie romaine sur les hauteurs de Chamalières, cette ancienne menuiserie est devenue un garage pour location d’emplacements de voitures de collection. Au centre, un bar baptisé « Le Charade » est entouré de photos du circuit (photo 3);
  • Classic Driver Home 1&2 : en haut de l’avenue du Puy-de-Dôme, à Royat, riverains de la Tiretaine, deux gîtes très classes pour voitures de collection et leurs propriétaires ont été aménagés. Les intérieurs s’ornent de quelques photos et objets rappelant Charade. Tout comme la construction précédente, ces deux hébergements ont été réalisés par Thierry Penet, artisan décorateur acquis à la cause Charade, dont le showroom Driver’s Loft se trouve sur Châtel-Guyon, station thermale (comme Royat !) toute proche; dans la même cité, Thierry est propriétaire de Driver’s Room, une maison de maître superbement reconditionnée pour accueillir des passionnés qui peuvent voir leur voiture de leur lit;
  • Relais des Puys : cet hôtel-restaurant de La Baraque, commune d’Orcines, dispose d’une quarantaine de tirages de Paul Lutz pour la décoration des chambres (photos 1&2);
  • Le volant : à Ladoux (Cébazat), ce restaurant présente des photos murales de la collection de Patrice Besqueut, historien et acteur majeur de Charade, disparu le 2 octobre 2021.

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#36 | Comme un avant-goût de Californie… |

Au printemps 2022, le chantier de modernisation de la tribune, construite au début des années  1970, créa de nouveaux espaces. Notamment deux salles de travail baptisées « Interlagos » et « Laguna Seca », noms de deux circuits situés au Brésil pour le premier et en Californie pour le second. Le choix de ce dernier coule de source tant de nombreux points le rapprochent de Charade.

Inauguré en novembre 1957 (27 juillet 1958 pour Charade), Laguna Seca domine les collines de Salinas, du comté de Monterey au sud de San Francisco. D’une longueur de 3,6 km (3,9 km pour Charade depuis 1989 ; 8 km et 51 virages auparavant), il se compose de 11 virages (18 à Charade) dont le « S », aveugle et en dévers, de l’emblématique Corkscrew (tire-bouchon) situé au point culminant du site. Ce dernier n’est pas sans rappeler l’épingle de Champeaux, le S de la Ferme ou le pif paf  à l’entrée de la courbe de Thèdes au cœur des volcans d’Auvergne. Le circuit américain présente un dénivelé de 55 mètres qui avoisine celui de son homologue français.

Sous l’influence du Pacifique, Laguna Seca se drape souvent  de brouillard et de… sable. Un petit plan d’eau, la lagune, occupe l’espace central. Le Monterey County Parks Department est le propriétaire alors que le Département du Puy-de-Dôme possède Charade, traversé par un ruisseau, l’Artière.

Le tracé américain accueille des compétitions auto (IndyCar, etc.) et moto ainsi que de l’historique à l’occasion d’événements très prisés tel  le hill climb (course de côte), des courses classiques ou le Porsche Rennsport Réunion (grand rassemblement autour de la marque de Stuttgart). D’avril à octobre, ce calendrier s’étoffe d’animations sportives comme le cyclisme. Idem pour Charade avec le VTT électrique, le  trial moto thermique, les véhicules tout-terrain et le paintball. Sur ces deux sites, le rôle des bénévoles s’impose de plus en plus avec la particularité, côté Pacifique,  d’attirer les associations de vétérans (anciens combattants). Ces deux très belles propriétés et leurs exploitants (Sports Car Racing Association of the Monterey Peninsula d’un côté et Groupe GCK de l‘autre) ont compris la nécessité d’associer le passé aux exigences environnementales et touristiques de demain. Cars and Coffee à Monterey et Charade Classic attirent des centaines de collectionneurs le dimanche.

Voici les grands pilotes encore en vie ayant couru sur les deux circuits dans les années 60, 70 et 80 (F1 et autres championnats à Charade ; CanAm, Proto aux USA): le Français Jean-Pierre Jarier,  l’Ecossais Jackie Stewart; les Anglais Derek Bell, Jackie Oliver, Brian Redman.  Puis ceux disparus avant 2024: François Cevert, Patrick Tambay (France); Vic Elford, Stirling Moss, John Surtees (GB) ; Dan Gurney (USA) ; Pedro Rodriguez (Mexique) ; (GB) ; Jo Bonnier (Suède) ; Chris Amon, Denny Hulme, Bruce McLaren (NZ). Pour la petite Histoire, l’Américain Pete Lovely a gagné la 1e course  à Laguna Seca  (1957) sur une barquette Ferrari  500 TR. En 1970, pour le G P de France, ce pilote privé avait transporté sa Lotus 49B jusqu’au paddock de Charade sur un Combi Volkswagen « aménagé » ; il était concessionnaire VW à Seattle.  Accidenté aux essais, il ne put qualifier sa monoplace #25.

La 2e édition de Charade Super Show, le 21 mai 2023, a vu rouler une rare McLaren M8B orange, vedette de l’impressionnant challenge CanAm des années 66-74 avec Laguna Seca. Prémonitoire ?

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#35 | Du lourd avant d’aborder la fin de saison |

Les camions sur la piste du circuit de Charade : une aventure qui a débuté timidement dans les années 80 pour devenir aujourd’hui un temps fort du calendrier annuel des courses.

L’association Clermont Racing, alors présidée par le pilote et garagiste clermontois Roland Charrière, organisa la course de côte nationale auto de Manson de 1980 à 1988, succédant à une première tentative, en 1979, dénommée Slalom en côte de Charade. Sur un tronçon de 2.800 à 4.000 mètres de l’ancien tracé de 8,055 km, cette compétition où les bolides partaient l’un après l’autre face au chrono intégra les camions en 1983. Elle marqua le début d’une série appelée « Grandes Heures d’Auvergne Camions » qui verra six éditions de suite. Vitesse pure, slalom attelé, maniabilité et mécanique étaient au menu et devaient attirer des professionnels régionaux utilisant ces « bahuts ».

Pour ce qui venait d’être rebaptisé « Charade Camions » en 1987, un routier bien connu de Montbrison (42), Noël Crozier, sur Renault, est le premier de cette spécialité  à se faire un nom sur ce circuit. Ses trois fils, Nicolas, Vincent et Hervé, lui succèderont dans cette passion.

Les années 90 accueillent enfin les courses groupées de camions à Charade. 1990, 1997 puis 2002 leur permettent d’intégrer des meetings auto organisés par l’ASACA (Association sportive de l’Automobile Club d’Auvergne), fondatrice du circuit en 1958.Ces participations se multiplient au fil des ans, relevant alors de la Coupe de France Camions FFSA qui, en 2018, devient Championnat de France Camions FFSA sous la férule d’un promoteur, le magazine France Routes. Charade devient rapidement un des piliers majeurs de cette compétition. Autant apprécié par sa piste que son cadre verdoyant. Pour preuve, le vendredi soir des week-ends du Grand Prix Camions, le parking public accueille des camping-cars familiaux venus de toute la France. Charade tient une place importante, en tête des circuits français, dans le cœur de ces passionnés : chaque année, ils sont environ 10.000.

Les années 2010 et 2020 ont enregistré une évolution fulgurante de cet univers sportif des routiers. Des camions artistiquement décorés, d’une puissance dépassant les 1100 cv, nourris au biocarburant et dont les performances atteignent les 160 km/h, fumée garantie ! On y rencontre les marques Daf, Freightliner, Iveco, Man, Mercedes, Renault, Scania ou Volvo. Chaque rendez-vous relève du show à l’Américaine avec parade et animations autour d’une vingtaine de  camions pilotés par de jeunes concurrents, hommes ou femmes appartenant à des teams très professionnels : un paddock impressionnant et animé. Les 2 & 3 septembre 2023, pour la 4e des six manches de ce championnat, Charade accueille cet impressionnant spectacle.

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#34 | Patrick Depailler, l’enfant du pays parmi les meilleurs |

Dans les années 60 à 80, quand on vit à Clermont-Ferrand, il est inévitable d’avoir entendu  parler  du Circuit de Montagne d’Auvergne. Certains auront même envisagé d’entreprendre une activité professionnelle liée aux sports mécaniques. Patrick Depailler lui, c’est la piste ! Celle qui l’a vu rouler sur deux ou quatre roues dès 1963, l’année de ses 19 ans (il est né le 9 août 1944). Comme pour beaucoup de sa génération, le tracé mythique de 8,055 km lui permettait de meubler ses week-ends.

A se prendre pour un champion, on a envie de le devenir. Qu’à cela ne tienne ! Première course moto, le 3 juin 1963 lors du Grand Prix de France à Charade sur une Benelli dans la catégorie 50 cc Nationaux sous le nom de Patrick Lachaux : un pseudonyme afin d’échapper à l’interdit parental. Il court ensuite sous son vrai nom le 17 mai 1964 et le 29 mai 1966 sur une Bultaco 250 prêtée par Jean-Pierre Beltoise qui avait reconnu les capacités du Clermontois. Puis l’auto : le 19 juillet 1964, lors du GP de France F2, il s’aligne à la Coupe des Provinces dont il termine 2e sur une  Lotus Super Seven de l’Ecurie Auvergne fondée en 1951 par Louis Rosier, l’un des pères du circuit de Charade.

Première victoire auto à Charade le 20 juin 1971 au volant d’une Alpine Renault A360 de Formule 3 devant son ami Jean-Pierre Jabouille sur une monoplace identique. En fin de saison, il devient champion de France de la catégorie. 1974 lui offre le titre de champion d’Europe de Formule 2 sur March BMW.  Aux Trophées d’Auvergne 1976, Patrick gagne de nouveau à domicile sur une Simca Rallye 2 dans la course du très médiatique Simca Racing Team. Mais la Formule 1 lui tendait les bras dès 1972 au sein de l’écurie anglaise créée par Ken Tyrrell. Cette année-là, Charade accueillait son 4e et dernier Grand Prix de France. Aux côtés de Jackie Stewart et François Cevert, Patrick Depailler essaie de se faire une place chez lui. Il termine la course non classé à cinq tours (Tyrrell 004).

Six saisons en F1 chez Tyrrell seront récompensées par la victoire au GP de Monaco en 1978 (008) et une 5e place au championnat du monde puis, sur un plan technique, l’expérience inédite de conduire l’une des six roues de ce championnat (1976/77 avec la P34). L’année 1979 lui offre sa 2e victoire en F1, sur Ligier JS11, au GP d’Espagne. 1980 restera inscrit dans la vie de ce merveilleux pilote auvergnat comme la plus sombre, avec Alfa Roméo, et lors de sa disparition le 1er août au cours d’essais privés sur le circuit d’Hockenheim pour le GP d’Allemagne, le 96e Grand Prix qu’il aurait fait. Les marques françaises Alpine, Ligier et Matra lui auront aussi  permis de briller en Endurance.

Depuis le début des années 2000, un bâtiment de Charade porte son nom, au pied de la tour de contrôle, ainsi qu’une rue dans le parc technologique de la Pardieu à Clermont-Ferrand. Le mini circuit de voitures radiocommandées au plateau de Gergovie (63) et une rue de Perpignan (66) portent aussi son nom et une statue lui rend hommage près de la piscine de Chamalières (63).

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#33 | Une bougie de plus pour entretenir la mémoire |

Date anniversaire de l’inauguration du Circuit automobile de montagne d’Auvergne Clermont-Ferrand (devenu plus tard Circuit de Charade), le 27 juillet valorise les témoignages d’époque encore existants. En premier lieu, des photographies réalisées lors de ce premier dimanche de fête et de compétition en 1958. Une cérémonie, un ruban coupé par des autorités locales au pied d’installations temporaires (Tour de contrôle, stands, tribunes), un public important, un parking bien rempli et un programme regroupant deux courses au sein des Trophées d’Auvergne : les Trois heures internationales d’Auvergne comprenant une quarantaine de Grand Tourisme au départ. Cette épreuve aura pour vainqueur le Britannique Innes Ireland sur Lotus MK 11 #50 face aux Ferrari 250 GT dont la première entre les mains d’un flamboyant Maurice Trintignant rebaptisé Pétoulet.

Encore plus illustre, une course de Formule 2 avec vingt voitures sur la grille de départ complète le programme de cette journée inaugurale. Et la victoire, cette fois, de Maurice Trintignant qui pilotait une des nombreuses Cooper Climax présentes au départ pour assoir sa domination. Et prendre sa revanche. Le pilote clermontois Maurice Michy (père de Claude, futur pilote et organisateur d’événements) faisait partie du plateau d’engagés.

Premier record du tour du tracé de 8,055 km, celui réalisé en F2 par l’Anglais Ivor Bueb (Lotus Climax T43 #10) avec un chrono de 3’56’’6 (120,536 km/h). Chez les GT, le Français Olivier Gendebien assure un temps de 4’09’’9 (114,122 km/h) sur sa Ferrari 250 GT.

Notre photo (La Montagne) représente le départ de la course de Formule 2 avec, au premier plan, la barquette Porsche 550 RS Spyder #44 du Français Claude Storez qui semble avoir jailli de nulle part surprenant le groupe de monoplaces emmené par Ivor Bueb (#10).

Cette journée réussie avait de quoi rassurer l’Association sportive de l’Automobile Club d’Auvergne (ASACA) et son président Jean Auchatraire de tous les efforts, choix et investissements consentis pendant près de deux ans pour cette création. La légende « Charade » était en route.

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#32 | La piste aux étoiles des « zonards » |

Il y eut les 13 et 14 juillet 2002. Puis le 4 juillet 2021. A deux reprises, une manche française du championnat du monde de moto trial thermique a pris place dans l’enceinte du circuit de Charade. Froid dans le premier cas, légère pluie dans le second. Quelques centaines de spectateurs ont honoré chacun de ces deux rendez-vous tout au long de la douzaine de zones proposées.

Les talus du paddock, de l’épingle Marlboro et de la passerelle Michelin, le tertre de Thèdes, les sous-bois de l’Artière ou les rochers du puy de Charade surplombant la Ferme : autant de noms plus connus pour les courses sur la piste mais qui ont également servi de secteurs à franchir pour les champions de l’équilibre. Aujourd’hui, ils s’affrontent au sein du TrialGP, catégorie reine du trial moto thermique. Ils sont majoritairement anglais, espagnols ou japonais. Belges et Français suivent.

La première édition a été réalisée par Auvergne Moto Sport. La seconde par la direction du circuit. Les deux ont été supervisées par les fédérations nationale et internationale de motocyclisme (FFM/FIM) et la ligue régionale  de la FFM. Des blocs rocheux venus de l’extérieur finalisent certaines zones délicates : un vrai spectacle que ces champions imaginant et « avalant » ces obstacles !

En 2002, cette 8e épreuve du championnat du monde comportait deux manches. Le champion du monde (de 1997 à 2003) anglais Dougie Lampkin (Montesa) remportait la première devant l’Espagnol Adam Raga et le Japonais Takahisa Fujinami. Ce même Japonais décrochait la seconde devant Lampkin et l’Espagnol Marc Freixa.

Dix-neuf ans plus tard, ce qui a été baptisé « Grand Prix de Charade » a enregistré la victoire de l’Espagnol Antonio (Toni) Bou sur Montesa à moteur Honda du Team Repsol. Depuis 2007, ce pilote exceptionnel revendique 16 titres de champion du monde (TrialGP) et autant de titres mondiaux en trial indoor  sans parler de nombreux trophées prestigieux : le plus beau palmarès dans le domaine du trial moto. A Charade, en 2021, il précèdera l’Italien Matteo Grattarola et Adam Raga.

Lors de cette deuxième tentative d’une grande compétition de trial à Charade, les espaces verts du circuit et sa merveilleuse histoire  ont séduit organisateurs, sportifs et public. Ces instants ne sont pas sans rappeler que dans les années 70/80, le circuit étant route ouverte, tous les week-ends voyaient les « exploits » de pilotes autos et motos locaux s’exprimer sur la piste. Pour leur part, les trialistes et enduristes tout-terrain se retrouvaient par plaisir sur le tertre de Thèdes.  Avec de telles références et même si, en France, cette discipline moto n’attire pas toujours les foules, ces deux rendez-vous sur le toboggan auvergnat ne devraient pas rester sans lendemain.

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#31| Ces messages qui, de temps à autre, font fausse route |

La notoriété repose parfois sur des contre-pieds, voire de la mésinformation. Telle une star, l’image du Circuit de Charade a servi de support à des produits divers. Malheureusement son identité a pu être détournée au profit d’objets de nature différente. Ou à celui de circuits concurrents. Petits exemples plus ou moins récents…

Au début des années 60, la marque française de jouets GéGé propose des trains et circuits automobiles électriques miniatures. Pour ces derniers, le fabricant de Montbrison (Loire) mit en avant son spécial « Rallye de Monte Carlo ». La boîte en carton comporte principalement une grande photo de départ d’une course identifiable même 60 ans après. Un départ en épis type « 24 Heures du Mans » auquel participent les 31 autos des Trois Heures d’Auvergne comptant pour le Championnat du monde des marques 1963. La piste n’est autre que celle des stands et tribunes du Circuit de montagne d’Auvergne. Dans le cadre de l’incontournable rendez-vous estival des Trophées d’Auvergne, en ce dimanche 7 juillet, cette épreuve enregistra la victoire de l’Italien Lorenzo Bandini (Ferrari Testa Rossa 3L), vainqueur au Mans trois semaines plus tôt avec Ludovico Scarfiotti.

Au premier plan de cette photo, on reconnaît la Lola MK1 Climax #20 grise de l’Anglais Chris Kerrison qui terminera 14e. Charade incarne ici l’image d’un… rallye accompli sur des routes entre Alpes et Côte d’Azur, bien loin des volcans d’Auvergne.

En 2016, le magazine Sport Auto publie un hors-série sur « La Formule 1 des années 70 ». En couverture, le départ vient d’être donné de ce que la légende désigne plus loin en double page intérieure, avec la même photo, comme le Grand Prix de Belgique 1970 à Spa-Francorchamps. Mais il s’agit de celui de France, à Charade, la même année, avec le deuxième célèbre duel opposant ici Jean-Pierre Beltoise (Matra MS120) à Jacky Ickx (Ferrari 312B). La comparaison est, certes, flatteuse mais aussi frustrante qu’involontaire. L’Autrichien Jochen Rindt l’emportera sur sa Lotus Ford 72 avant de devenir champion du monde à titre posthume car décédé en septembre à Monza.

Début 2023, à travers son #38, le trimestriel Grand Prix relate la victoire de Jackie Stewart (Tyrrell) lors du Grand Prix de France 1972 mais situe l’événement au circuit Paul Ricard ! Il s’agissait cependant de Charade qui accueillait en ce dimanche 2 juillet son quatrième et dernier GP de Formule 1 du championnat du monde des conducteurs.

Côté moto, l’encyclopédie Wikipédia, sur Internet, attribue au circuit de Rouen-les-Essarts le théâtre du Grand Prix de France moto 1966 (voir Rapport). Mais c’est bien Charade qui accueillait, ce week-end-là, cette compétition avec les deux victoires de l’Anglais Mike Hailwood (Honda) en 250 et 350cm3. Les Légendes ont la vie dure…

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#30 | Une boucle qui en connaît un rayon |

Moins de bruit, mais tout autant de panache ! Alors que le passage du Tour de France cycliste 2023 (*) se précise pour la 9e étape le dimanche 9 juillet à proximité de Charade pour l’ascension du Puy de Dôme (arrivée au sommet après 35 ans d’absence !), un rappel s’impose : ce circuit mythique et le cyclisme ont tissé une belle histoire commencée le jeudi 9 juillet 1959 avec l’arrivée de la 14e étape du Tour de France (Aurillac-Clermont-Ferrand) gagnée par le Français André Le Dissez.

Premier grand champion couronné ici, le vendredi 16 août 1963, Jacques Anquetil remporte la 10e Ronde du Rasoir Philips. Cette épreuve professionnelle internationale de 205 km et 34 coureurs au départ de Vergongheon (Haute-Loire) permet de couronner sur le Circuit de Montagne d’Auvergne celui qui vient de gagner le Tour de France pour la quatrième fois. Cette course revient l’année suivante avec la victoire de Louis Rostollan.

A partir de 1965, sont organisés des contre-la-montre sur un tour (8km) pour des amateurs régionaux. Dans les années 70, plusieurs arrivées au circuit vont se réaliser. 1985 voit apparaître une petite série d’épreuves amateurs sous la férule de l’UC Sayat.

1998: que des grands ! Depuis neuf ans, la longueur du tracé de Charade est divisée par deux offrant un circuit fermé permanent. Pour sa part, devant des tribunes pleines, l’arrivée du Championnat de France professionnel sacre Laurent Jalabert, champion du monde contre-la-montre sortant (1997). Sur le podium auvergnat, il devance Luc Leblanc et Richard Virenque. Jeannie Longo s’illustre chez les femmes. François Simon l’emporte en 1999.

Entre 2016 et 2019, une épreuve propre au circuit a lieu sur la totalité du petit tracé de quatre kilomètres: l’Atria Charade Cycliste Tour. Cette organisation prometteuse créée par le Sayatois Patrick Bulidon enregistrera notamment les victoires de Laurent Brochard et Luc Leblanc.

En juillet 2021, la seule manche française de la toute jeune E-Mountain Bike World Cup Series UCI, Coupe du Monde de VTT électrique, emprunte une petite partie de la piste de Charade et quelques sous-bois pentus et appréciés de cette belle propriété de 82 hectares. Rebelote en 2022 et 2023.

Pour une grande partie de ces informations, merci à Patrick Bulidon, référence incontournable du cyclisme auvergnat. Selon ce manager d’équipe et président du comité régional de cyclisme de 1992 à 1996, « Charade peut accueillir une très belle épreuve sur deux jours maximum. Elle pourrait être associée à d’autres disciplines proches du vélo comme le VTT ou le BMX. » La boucle serait ainsi bouclée de la plus belle manière.

(*) A cette occasion, le circuit hébergera une partie de la logistique du Tour.

Guy Lemaître/Agissons pour Charade (photo Richard Brunel-La Montagne)

#29 | Saveurs des volcans d’Auvergne en Sologne |

Romorantin-Lanthenay, dans le département du Loir-et-Cher, symbolise le cœur de la douce Sologne. Mais depuis mai 2000, cette commune abrite L’Espace automobiles Matra, autrement dit le musée Matra qui, lui, existait depuis 1976 dans d’autres locaux.

 

Dans ses 3.000 m2 d’exposition répartis sur deux niveaux, cet antre du Bleu France de la compétition automobile présente différents modèles de Matra. A côté des incontournables véhicules sportifs ou familiaux que sont les 530, Bagheera, Murena et autre Rancho, ces lieux magiques alignent la fierté Matra en circuit, en premier lieu Formule 1 et Endurance. Pour compléter l’exposition, de nombreux posters relatent des faits d’armes concernant ces deux disciplines. Parmi ces toiles murales, une superbe photo couleurs de plusieurs mètres carrés immortalise un passage du Grand Prix de France 1969 sur le Circuit de Montagne d’Auvergne. On y reconnaît l’Ecossais Jackie Stewart sur Matra Ford MS80 devant le Néo-Zélandais Denis Hulme sur McLaren Ford M7A et les Lotus Ford de Jochen Rindt (Aut) et Graham Hill (GB) en haut de la côte « lignade » de Manson.

 

Pour la petite histoire, Stewart gagnera avec 57 secondes d’avance sur l’autre Matra pilotée par Jean-Pierre Beltoise, héros du jour pour son duel avec Jacky Ickx (Bel) sur Brabham Ford BT26 lequel arrive dans les roues du Français. Stewart devient champion du monde en fin de saison 1969. Le modèle présenté à Romorantin est le numéro 2, identique à celui de Stewart ce jour-là ainsi que sur la photo prise à Charade. Il côtoie un exemplaire de la Matra MS120 de 1970 (Beltoise, 13e et Henri Pescarolo, 5e au GP de France à Charade). Plus loin se tient la MS 120 D #18 identique à celle du Néo-Zélandais Chris Amon #9, 3e au GP de France toujours à Charade mais en 1972. Ce dernier, lui-aussi reconnu comme un héros par le public, bat le record du tour aux essais (2’53¨4) et celui, définitif pour le grand tracé de 8,055 km, de 2’53¨9 en course après un arrêt pour crevaison au 20e tour.

 

D’autres Matra, des prototypes comme la Matra BRM MS620 (BRM 2 L) ou les Matra Simca MS650 et 660 (3 L) présentes à Romorantin, rappellent quelques épopées auvergnates des voitures bleues (Trophées d’Auvergne, Tour de France automobile).

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#28 | Lorsque la moto soufflait le chaud et le froid de l’Histoire |

En 1973, la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) crée une nouvelle formule dans le cadre de ses championnats du monde : le Trophée FIM 750 (1973-1974) devenu Championnat d’Europe 750 (1975-1976) puis Championnat du monde 750 jusqu’à son terme en 1979. Mais le Circuit de Montagne d’Auvergne avec son important public espère que le choix d’une épreuve française sur ce site confirmera le succès de l’année précédente : près de 80.000 spectateurs avaient assisté au Grand Prix de France à travers les autres catégories (125, 250, 350, 500 et side-cars). Que nenni ! Les 26 et 27 mai 1973 marqueront un tournant majeur dans l’avenir de Charade. Et catalysera le besoin de plus de sécurité sur les circuits.

 

Entre silences pesants, colère et huées, ce public est exposé au régime de la douche écossaise laborieusement géré par le Moto Club d’Auvergne (MCA) organisateur, la FFM et la gendarmerie. En tête d’affiche, pourtant, les 750 FIM : un plateau de toute beauté avec des bécanes inédites et de nombreuses marques (Honda, Kawasaki, Suzuki, Yamaha/350, Harley-Davidson, Ducati, Moto Guzzi, BSA, Norton, Triumph, Yamsel). Côté pilotes, du beau monde également : des vedettes du Continental Circus (Barry Sheene, John Dodds, Werner Pfirter, Gianfranco Bonera, etc.) accompagnés d’Anglais comme John Cooper ou Peter Williams fidèles de leurs « petits » circuits britanniques. Et de nombreux Français « inter » : Christian Bourgeois, Christian Léon, Eric Offenstadt ou Michel Rougerie. Parmi ces derniers, les trois premiers soulèvent la contestation dès le samedi. En cause, trop de glissières coupe-gorge indispensables aux autos. Et donc, pas assez de bottes de paille pour protéger les pilotes moto. Si la contestation s’appuie sur ce point de sécurité, la confusion et les retards se propageront tout le week-end avec menaces et sanctions des autorités. Pour cause, une semaine plus tôt, ces champions perdaient deux des leurs à Monza (Jarno Saarinen et Renzo Pasolini). Présents dans le public de Charade lors de ces deux journées insolites, nous nous souviendrons longtemps d’une ambiance crispante que la victoire et le fairplay de Barry Sheene, futur vainqueur du championnat 750 cette année-là, auront difficilement effacée. Le Riomois Michel Garnier terminera 9e et 1er Français sur une Moto Guzzi. Les autres séries inscrites (250 Inter, Trophées motocyclismes Coupe Kawasaki, Critérium sports 750, side-cars) auront souffert de cette ambiance.

 

Onze mois plus tôt, la piste du circuit de Charade s’était déjà « illustrée » par ses bas-côtés instables dont les projections de gravillons provoquèrent une dizaine de crevaisons lors du Grand Prix de France de Formule 1. Au 9e tour, le pilote autrichien Helmut Marko (BRM) perdait un œil, une semaine après sa victoire aux 24 Heures du Mans sur Porsche 917 K et des années avant de devenir l’une des éminences grises de Red Bull F1 et sa filière de jeunes pilotes. L’année 1974 permettra cependant au toboggan auvergnat de briller à nouveau en accueillant deux compétitions exceptionnelles : le dernier GP de France moto couru ici, devant plus de 100.000 spectateurs, avec les duels Agostini/Read et une manche du Championnat d’Europe des sport-prototypes 2 Litres agrémentée de moult batailles de marques et de pilotes. Charade au sommet de sa notoriété dérangerait-il les autres circuits français ? Certains le pensent. Mais ne peuvent éclipser un facteur sécurité devenu incontournable. En temps d’incertitude, tous les coups sont permis.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade (Texte & photo)

Notre photo : Le pilote-ingénieur anglais Peter Williams, 3e du Prix FIM 750 en 1973 à Charade, et sa belle JPS Norton préparée par ses soins.

#27 | Le paddock dans tous ses états ! |

Lové au cœur des bâtiments et de la piste, le paddock du circuit de Charade en a vu de toutes les couleurs. En cause, la diversité géologique de ce terrain proche de trois hectares au relief initial accidenté. Qui plus est, une ligne de partage résulte du ruisseau l’Artière venant de Manson. Ce dernier reçoit au célèbre Petit Pont son affluent rive droite le modeste Beaupriant venant de Thèdes sous le virage Rosier. De part et d’autre de ces tranchées aquatiques, le sous-sol complexe recèle maintes sources dont une importante d’eau ferrugineuse. La coupe est pleine !

 

Abondance de biens ne nuit pas. Mais lorsqu’il s’agit d’eau, on patauge souvent dans l’inconnu. Propriétaire du site, le Département du Puy-de-Dôme peut en témoigner. La construction de la piste, 4 comme 8 km, a partout rencontré cette eau, parfois ses truites ou écrevisses, devenant un casse-tête pour les ingénieurs de l’Equipement. Au début des années 90, un projet de petit étang avait même été imaginé sur le ruisseau à l’amont du Petit Pont alors que les eaux de ruissellement menaçaient de déborder sur la piste ! En 2020, à l’extérieur du dégagement du virage de ce même célèbre Petit Pont, un bassin d’orage de quelques dizaines de mètres carrés a été réalisé.

 

Puis les engins de terrassement ont eu raison de ce terrain difficile à maîtriser. Le paddock se divise aujourd’hui en trois zones à différents niveaux. Si, dans les années 60 et 70, les Grands Prix F1, F2, moto et autres courses internationales ont connu cette aire d’accueil peu confortable pour les teams et leurs mécaniciens (notre photo : Trophées d’Europe prototypes 2 Litres en 1973), la lente métamorphose a enregistré d’énormes progrès. Mauvaises herbes et pouzzolane se sont effacées pour un revêtement de qualité doté d’une signalétique au sol. Et nécessite un entretien permanent. Bornes de recharge électrique et branchements divers complètent les équipements nécessaires ainsi que les ateliers. En 1997, à l’entrée du Rosier, un tunnel sous la piste permettait d’accéder au tertre et au village de Thèdes. Un second favorise l’accès au paddock à partir de l’accueil du site. Plus modeste, un troisième en surplomb du Petit Pont n’a jamais trouvé son chemin…

 

En six décennies, cet espace vital du temple auvergnat des sports mécaniques a vu défiler plusieurs générations de bolides. Il a même complété la piste et les tertres naturels pour deux manches du championnat du Monde de trial thermique (2002 et 2021) et deux éditions du Supermotard (1990 et 1991). Les années 2005 et quelques suivantes ont accueilli un bivouac de motards de Cambouis et Compagnie dans le cadre de son Classic Circus. Au même moment, l’extension de ce paddock bénéficiait d’un important tonnage de tout-venant extrait du chantier du tramway clermontois. L’été 2018 a vu débarquer les gentlemen drivers anglais avec leurs F1 des années 60 du Trophée HGPCA lors de l’Historic Tour : une ambiance « so british » entre les courses autour de l’Union Jack! Les 18 et 19 octobre 2019, le premier E-Festival donne le ton avec l’émergence des énergies nouvelles pour la mobilité. Sans le savoir, cette fête préfigurait l’arrivée du groupe GCK aux commandes du circuit.

 

Hors compétitions, le paddock de Charade accueille l’AFMA (Auvergne Formation Moniteur Automobile) qui prépare les moniteurs de pilotage en sport auto. Depuis 2013, chaque premier dimanche matin du mois, d’avril à octobre, Charade Classic rassemble des centaines de passionnés d’autos et motos de collection. Le dimanche 21 mai 2023, en marge de la piste, cette superbe arène accueillera de nombreuses animations et expositions de véhicules de course à l’occasion du deuxième Charade Super Show : les Jacky Ickx, Giacomo Agostini et autre Henri Pescarolo, vedettes de cette journée d’exception, se souviendront-ils du paddock « sauvage » qu’ils ont connu lors de leurs exploits sur piste entrés dans l’Histoire un demi-siècle plus tôt ?
Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#26 | Grand « 8 » et super descente : émotions garanties ! |

Une légende se bâtit sur des événements, des hommes et un contexte. En autorisant les bolides et bécanes de course anciennes pour des parades sur le grand tracé de 8,055 km à l’occasion du deuxième Charade Super Show, le matin du dimanche 21 mai 2023, c’est un flot de souvenirs qui jaillit dans l’esprit de nombreux passionnés.

 

Entre chutes, collisions et tôle froissée, la descente de Gravenoire reste un parcours du combattant pour bon nombre de ceux qui, professionnels ou amateurs locaux, ont testé leur courage dans cet enchaînement de virages exceptionnels, souvent aveugles du Circuit de Montagne d’Auvergne. Que ce soit Chris Amon, en 1972, au volant de sa Matra MS 120D ou Giacomo Agostini, en 1974, sur sa Yamaha 500, les records du tour de l’ancien tracé (jusqu’en 1988) ont été gravés définitivement dans le marbre par de grands champions : 2’53’’9 en course (moyenne : 166,751 km/h), 2’53’’4 aux essais pour la Formule 1 du Néozélandais ! ; 3’32’’4 en course pour la moto de l’Italien (moyenne : 136,525 km/h). Quant aux anonymes auvergnats qui se « jaugeaient » le week-end ou la nuit sur cette route départementale, théâtre d’exploits des pros, les gamelles étaient plus nombreuses que les chronos ! Descente aux enfers pour circuit diabolique serait-on tenté de dire…

 

Sur notre cliché, deux barquettes se suivent dans les « Jumeaux » au cœur de la descente de Gravenoire. Entre falaise volcanique et ravin surplombant Royat et Clermont-Ferrand, les essais vont bon train à l’occasion des « 300 kilomètres d’Auvergne », manche du Championnat d’Europe des sport-protos 2 Litres dominé en 1973 par les Lola T292 et Chevron B21 & 23. A Charade, lors de la course du dimanche 17 juin, l’Anglais Guy Edwards l’emportera devant ses deux compatriotes Chris Craft et John Burton. Le Français Gérard Larrousse bat le record du tour pour la catégorie avec un temps de 3’07’’5 (moyenne : 154,656 km/h) sur une LolaT292.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#25 | Tour Auto : la piste aux étoiles ! |

Ils attendent son passage depuis 2020 ! Les passionnés du Tour Auto ont rendez-vous avec lui le jeudi 20 avril au matin dans le paddock ou en bord de piste du circuit de Charade. La nuit précédente, les voitures auront stationné à la Grande Halle d’Auvergne, Clermont-Ferrand étant ville-étape de cette édition 2023 qui, du 17 au 22 avril, mène de Paris à Cannes.

 

Les 238 autos (1950-1982) – ou ce qu’il en restera !- arriveront par l’accueil du circuit pour attendre dans le paddock avant de prendre la piste. Un détail qui se compare avec ce qui se passait dans les années du « 8 km ». En effet, les bolides « débarquaient » par la petite route de Thèdes dont l’accès au circuit n’était qu’une formalité. Chaque concurrent se positionnait ensuite sur la grille de départ.

 

De nombreux faits d’armes marquent l’étape de Charade (26 fois réalisée !). On se souvient de duels ou cavaliers seuls qui ont vu s’exprimer des As du volant. En 1958, acteur du premier passage sur le « circuit de montagne d’Auvergne » de la grande histoire du Tour de France automobile, Olivier Gendebien s’illustre sur sa Ferrari 250 GT. En septembre 1970, Jean-Pierre Beltoise et Henri Pescarolo assurent le doublé sur leurs Matra MS650. En 1971, Jean-Pierre Jabouille « mettait » plus d’une minute aux deux Matra de Gérard Larrousse et Bernard Fiorentino. Il pilotait la merveilleuse Ferrari 512 M jaune de l’Escuderia Montjuich. Cette année, il est possible que l’on revoit ce proto 5L taillé pour l’Endurance (ou une réplique ?) entre les mains de Mr John of B (#251). Deux ans après, les deux Ligier JS2 aux couleurs BP dominent face aux Porsche 911 et Lancia Stratos: Gérard Larrousse gagne, Guy Chasseuil casse. Le premier récidive en 1974.

 

Un grand bond en avant nous conduit sur le « petit » Charade de 4 km dans les années 2000. On y retrouve un « ancien », acrobate de la piste : « Jeannot » Ragnotti avait brillé en monoplace Renault, en Proto 2Litres (March) ou en Production (R5Turbo) sur le toboggan auvergnat de la période 1975/1985. Il réapparaît à plusieurs reprises au Tour Auto (Lissac puis Optic 2000), version contemporaine de 2000 km de ce rallye exceptionnel. Dans le siège baquet de sa berlinette Alpine A110 blanche et rouge aux couleurs La Mondiale, il assurait encore le spectacle face à son ami Alain Serpaggi sur Alpine Renault 1800 jaune et à une meute de Porsche.

 

En 2023, les concurrents prestigieux de la catégorie Compétition ont pour noms Thierry Boutsen, ancien pilote belge de F1, sur Shelby Cobra 289 (#201) ou Henri Pescarolo (Shelby Cobra #215) face aux Ford GT40, Jaguar Type E ou Porsche 911. Pour l’anecdote, la voiture #1 (catégorie Régularité) est une Renault 4CV de 1950 pilotée par le tandem médiatique François Allain/Dominique Chapatte. Le 3e journaliste connu, Grégory Galiffi, conduira une BMW 3.0 CSL (#71).

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte & photos)

#24 | Jacky Ickx : le retour du jeune prodige… un demi-siècle plus tard ! |

69, 70, 72 : ces chiffres résument les années des trois derniers Grands Prix de France de Formule 1 ayant eu pour cadre le Circuit de montagne d’Auvergne. Autrement dit notre cher circuit de Charade. Mais ils correspondent aussi aux trois seules présences du Belge Jacky Ickx sur le tourniquet auvergnat. Voici, dans le détail, ces faits d’armes : 

  • 1969 : 4e aux essais ; 3e en course (BrabhamBT26 Ford#11), derrière Jackie Stewart (Matra Ford MS80#2) et Jean-Pierre Beltoise (Matra Ford MS80#7). On retiendra son incroyable duel avec Beltoise, chouchou des Français, pendant la deuxième partie de la course. A l’arrivée, une demi-longueur de voiture seulement sépare les deux protagonistes qui ont régalé le public : Beltoise, héros national, devance Ickx, audacieux qui ne lâche rien. En fin de saison, le Belge devient le dauphin de Stewart au classement du championnat du monde. A Charade, sur sa combinaison, son prénom s’écrivait « Jackie » comme pour les pilotes anglais… 
  • 1970 : 1er aux essais (Ferrari 312 B #10) devant… Jean-Pierre Beltoise (Matra MS120#21) ! Le public espère retrouver ce duel au sommet. Il en sera tout autrement. Après 15 tours roue dans roue, Beltoise se retrouve seul en tête. Ickx abandonne au 16e. Et Beltoise crève au 26e ! Le pilote belge termine encore 2e au championnat derrière Jochen Rindt à titre posthume. 
  • 1972 : 4e aux essais (Ferrari 312B2#3 puis #3T/mulet en course)  derrière Chris Amon (Matra), Denis Hulme (McLaren) et  Jackie Stewart (Tyrrell) ; 11e en course à un tour. Il  termine 4e au championnat du monde derrière Fittipaldi, Stewart et Hulme. 

 

Jacky Ickx affiche huit victoires et 25 podiums en 114 GP de Formule 1 entre 1967 et 1979. Six victoires et trois 2es places aux 24 Heures du Mans couronnent un beau parcours en Endurance. « Monsieur le Mans » brillera par son intelligence au volant mais également grâce à sa lucidité en matière de sécurité. Pour preuve, en 1969, première participation au Mans : dernier parti ayant pris le temps d’attacher son harnais dans sa Ford GT40 pour montrer l’inconscience de ceux qui profitaient de ces fameux départs en épis pour prendre de l’avance.  A l’arrivée, grâce à une aspiration calculée, il termine 1er (associé à Jackie Oliver) moins de 100 m devant la Porsche 908 d’Herrmann/Larrousse ! L’année suivante, ce type de départ, jugé à hauts risques, sera interdit définitivement. Ickx se distingue aussi  en CanAm et en rallye-raid (Dakar). 

 

2023 marque l’année du grand retour à Charade de Jacky Ickx (78 ans). Dimanche 21 mai, il sera le parrain de la 2e édition du Charade Super Show avec parades matinales exceptionnellement sur le long tracé de huit kilomètres de ses exploits.  

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade 

circuit de charade

#23 | Long comme… une belle histoire |

8,055 km. Un numéro de code ? Non. Pas plus une distance olympique ou celle entre deux localités. Mais la longueur d’un ruban d’asphalte qui, en ce dimanche inaugural du 27 juillet 1958, fut présenté au public comme le « Circuit de montagne d’Auvergne ». Situé à un jet de pierre de Clermont-Ferrand au milieu des premiers contreforts de la Chaîne des Puys, ce qui deviendra vite le circuit de Charade (nom du village – dépendant de Royat – le plus proche de la piste) commence très tôt à se faire un nom. D’abord dans le milieu de la compétition automobile puis, rapidement, dans celui de la moto. Et, enfin, dans le cœur d’une génération de Clermontois qui, les week-ends, prennent plaisir à fréquenter cette piste devenue célèbre et ouverte à la circulation.

51 virages forment ce chapelet qui serpente à une altitude moyenne de 800 mètres. Certains s’impriment rapidement dans l’esprit des pilotes. Ils ont pour nom : après le départ et une côte de 600 m, la courbe de Manson qui prépare à la descente de Gravenoire, frissons garantis, une fois le col de Charade franchi. Arrivent au galop le Belvédère (Grand balcon), les Jumeaux, la Carrière puis l’incroyable banking à hauteur de la route de Royat… les gaz à fond. C’est ensuite le début de la remontée, Clermont et Boisséjour-Ceyrat à gauche dans le vide, les falaises volcaniques du Puy de Gravenoire à droite. Pas le temps de souffler. Champeaux donne le ton d’un final mouvementé. Le « S » de la Ferme et la descente vers le Petit Pont précèdent une courte côte et l’épingle Marlboro. Puis déboulent Thèdes, son pif-paf, sa courbe, sa descente. Enfin, le Rosier permet aux intrépides quelques prouesses ultimes et appréciées du public avant de franchir la ligne d’arrivée.

De 1959 à 1974, Charade accueille la F1 à travers quatre Grands Prix  et les championnats du monde de moto avec dix Grands Prix de France ainsi qu’un Grand Prix FIM 750. Et un public énorme ! Entre ces dates, se faufilent les Trophées d’Auvergne (Prototypes, GT, formules de promotion monoplaces ou de tourisme), des courses de moto « inter » ainsi que le passage du Tour de France automobile.

Postes de secours, commissaires de piste et autres responsables du contrôle sportif, de la billetterie  ou du chronométrage constituent une communauté de plusieurs dizaines d’officiels. Tous restent fidèles de ces rendez-vous orchestrés par l’Association sportive de l’Automobile club d’Auvergne (ASACA) à l’origine du circuit ou le Moto Club d’Auvergne (MCA).

1989 met un terme à cette période d’activité du grand tracé avec ses 4 passerelles. Le petit circuit fermé lui succède : 3.975 mètres, 18 virages. Dimanche matin 21 mai 2023, le « 8 km » sera exceptionnellement ouvert aux bolides à l’occasion de la deuxième édition du Charade Super Show. Parmi eux, quelques champions du passé, afin d’écrire un nouveau chapitre de cette belle histoire.

Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte et photo)

#22 | Le roi Ago de retour en terre Arverne |

Il a signé ! Giacomo Agostini, le campionissimo, latin lover et gueule d’ange auteur de trois podiums lors de trois Grands Prix moto courus à Charade sera de nouveau en selle le dimanche 21 mai à l’occasion du Charade Super Show. Qui plus est, sa prestation concernera aussi bien l’ancien circuit de 8,055 km que le tracé actuel, pour des parades et démonstrations. MV Agusta 500 trois cylindres (4 temps) ou Yamaha TY (2 temps) ? Le suspense demeure. Mais retrouver Ago dans la descente de Gravenoire, dans le virage du Petit Pont ou au sein du paddock mérite de réserver cette date.

Derrière son éternel sourire charmeur, c’est avant tout un fin pilote et metteur au point. On se souvient de son dernier week-end de course à Charade en avril 1974. A l’intersaison, il venait de quitter sa fidèle marque italienne MV Agusta et le son exceptionnel de ses moteurs 4 temps pour découvrir les moteurs 2 temps du constructeur japonais Yamaha. Un geste fort quand on connaissait son attachement à la première. Une semaine avant le Grand Prix de France, il gagnait la classique américaine, les 200 Miles de Daytona, en Floride, sur sa nouvelle monture, une 750 japonaise et devant une majorité de pilotes américains très fiers. Cet exploit fut unanimement reconnu alors que beaucoup prédisaient qu’il ne s’adapterait pas à cette nouvelle motorisation. Auréolé de ce succès outre-Atlantique, il livrera deux superbes duels aux essais à l’Anglais Phil Read qui l’avait rejoint chez MV la saison précédente. Devant plus de 100.000 spectateurs, Giacomo emportera la catégorie 350 cc et cassera en 500, non sans avoir signé le record du tour moto définitif de l’ancien tracé (3’32’’4 à 136,525 km/h).

Ses passages à Charade au GP de France : 2e (MV) derrière Mike Hailwood (Honda) en 350cc en 1966 ; 4e (MV) en 350cc et 1er en 500cc en 1972 ; 1er (Yamaha) en 350cc et abandon en 500cc, en 1974. En 2018, au guidon d’une MV 500 3 cylindres, Ago est l’invité vedette du plateau moto de la première édition de Charade Heroes qui commémorait, cette année-là, le 60e anniversaire de l’inauguration du grand circuit.

Le palmarès d’Ago est inégalé. Il comporte 15 titres de champion du monde entre 1963 et 1977 (sept en 350cc et huit en 500cc) soient 123 victoires et 159 podiums en Grand Prix ; dix victoires au Tourist Trophy (GB) et d’autres à des classiques (Daytona, Imola, etc).

Guy Lemaître / Agissons pour Charade (texte et photos)

#21 | Jean-Pierre Jabouille, le « Grand blond » fidèle du bleu France |

Metteur au point autant que pilote, Jean-Pierre Jabouille* s’est autant illustré par la qualité de son travail que par son attachement aux marques françaises emblématiques des années 70 et 80.

Longiligne était sa silhouette, rectiligne aura été son parcours professionnel dans le sport automobile. Jean-Pierre Jabouille faisait partie de ces pilotes auto dont la France était fière deux décennies durant. Mais celui qui a été rebaptisé « le Grand blond » a longtemps prouvé sa confiance dans la production nationale. A commencer par Renault, Alpine et Matra. Puis Peugeot et Ligier.

On retiendra en priorité ses années Formule 1. Entre 1975 et 1980, au service de Tyrrell, Renault puis Ligier, il participe à 55 Grands Prix qui se soldent par six pole positions et deux victoires (France 1979, à Dijon, où son talent est couronné par la première victoire d’un moteur turbo, qui plus est français avec Renault, en F1 ; et Autriche 1980). Cette même saison, il se blesse les deux jambes au GP du Canada. Cependant, son excellent travail technique valorise la polyvalence du pilote.

En effet, depuis ses débuts en 1966 dans la Coupe R8 Gordini, le Grand blond passera d’une discipline du sport automobile à une autre avec la même passion. Mais avec des bonheurs différents. Monoplace F3 (vice-champion de France 1968 derrière François Cevert), puis F2 (champion d’Europe en 1976 sur Alpine) ; Endurance avec 13 participations aux 24 Heures du Mans dont quatre fois 3e, notamment à travers l’épopée Matra Simca puis celle d’Alpine Renault. En 1993, il remplace Jean Todt à la tête de Peugeot Sport. On le retrouvera sur Lada au Dakar 1984 avec Michel Sardou.

Les années Charade commencent en 1966 avec une participation à la Coupe R8G lors des Trophées d’Auvergne. Puis en 1967, 1971 et 1972 sur Alpine Renault en F3. En septembre 1971, l’étape de Charade du Tour de France automobile le voit mettre plus d’une minute aux deux Matra 660 de Larrousse et Fiorentino ! Il pilote à ce moment-là la superbe Ferrari 512 M jaune (#142) de l’Escuderia Montjuich, un proto 5 Litres concurrent du Championnat du Monde d’Endurance, qui terminera 2e du Tour de France automobile avec le pilote espagnol José Juncadella.

Ce seront ensuite les deux manches (1973 et 1974) du Championnat d’Europe des prototypes 2 Litres sur Alpine Renault A440 (#14)  puis A441 (#1) où la chance, ces jours-là, malgré d’excellents temps aux essais, n’était pas au rendez-vous. Le public auvergnat aura l’occasion de revoir Jean-Pierre Jabouille dans les années 1980 sur Peugeot 505 puis début des années 1990 BMW M3 lors des  courses de Production et de SuperTourisme.

On notera enfin son amitié avec Jacques Laffite, son beau-frère, qui a aussi été mécanicien/R8G en 1966 et coéquipier de Jabouille chez Ligier en 1980. Ces deux Parisiens se retrouvaient régulièrement en Creuse, département voisin du Puy-de-Dôme où ils ont des attaches.

(*) Décédé le 2 févier 2023 à l’âge de 80 ans

Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte et photo)

#20 | Tours de piste très attendus pour le Tour Auto |

Depuis sa naissance en 1958, le circuit de Charade accueille régulièrement le passage annuel du Tour de Fance automobile, épreuve internationale créée en 1899 par l’Automobile Club de France. Après une éclipse de six ans (1986-1991), cette compétition reviendra sous le nom de Tour de France automobile historique organisée par Peter Auto, avant de devenir Tour Auto. Depuis 2009, elle est devenue le Tour Auto Optic 2000. Elle associe parcours de liaison, épreuves spéciales sur route et courses en circuit.

 

En cette douce journée du samedi 15 septembre 1973, la 18e édition fait étape à Charade avec son lot de vedettes. En première ligne, Claude Ballot-Léna place à la corde sa Porsche 911 Carrera (Groupe 4) aux couleurs psychédéliques. A ses côtés, en tête du Tour, l’Italien Sandro Munari est prêt avec sa superbe Lancia Stratos HF (Groupe 5TA). Si, sur la grille, tous deux sont devant les deux Ligier JS2 jaunes et vertes BP, c’est Gérard Larrousse sur une de ces deux voitures françaises fabriquées en Auvergne qui gagnera la course devant Ballot-Léna. Mais, au classement final du Tour, Munari emportera l’épreuve. Cette même saison, il deviendra champion d’Europe des rallyes puis décrochera le titre mondial en 1977.

 

Depuis 2020, les nombreux passionnés attendent le retour du Tour! Ils pourront se régaler le jeudi 20 avril 2023 en matinée avec la présence de près de 230 voitures engagées (ayant participé entre 1951 et 1973 plus quelques modèles d’exception) parmi lesquelles les incontournables Ford GT40, Jaguar Type E, Shelby Cobra et autres Ferrari et Porsche. D’autant que la nuit précédente, Clermont-Ferrand sera la deuxième ville-étape.

Guy Lemaître / Agissons pour Charade

#19 | Briefing d’avant-course : une autre époque |

En 1975, alors que beaucoup pensaient retrouver les F1 sur le circuit auvergnat, ce qui ne se reproduira plus jamais après les quatre Grand Prix qui s’y sont déroulés entre 1965 et 1972, les Trophées d’Auvergne ont occupé le week-end des 20, 21 & 22 juin. Cinq courses figuraient au programme dont celle de la Coupe nationale Renault ELF Gordini. Pour trois ans, les R5 LS kitées remplaçaient les R12 lesquelles, pendant quatre saisons, avaient succédé aux cinq années des mythiques R8.

Avant le départ, pour chaque épreuve inscrite au programme, le Directeur de course rassemblait sur la grille tous les pilotes afin de rappeler les mesures de sécurité propres au circuit et à la compétition. Ce briefing permettait au public des tribunes et alentours de voir ces champions du volant avant qu’ils ne s’expriment sur la piste.

Si elle n’est plus pratiquée aujourd’hui sous cette forme sur les circuits, cette initiative avait une certaine saveur. Elle faisait monter la pression ambiante, tant auprès des acteurs que des spectateurs. Une sorte de prologue à un scénario de film voué à la course automobile.

Pour la petite histoire, la voiture #4 au premier plan est celle du vainqueur de Charade, Jean-Luc Rancon, qui gagnera également la coupe cette année-là.

Guy Lemaître / Agissons pour Charade (texte et photo)

#18 | Circuit de montagne… le bien nommé ! |

Les années 70 et 80 ont connu un important engouement pour les courses de côte sur route. Charade n’a pas échappé à cette vague de sport mécanique individuel accessible aux petits budgets sur de courtes distances.
Sur son circuit qu’elle avait créé en 1958, l’ASACA (Association sportive de l’Automobile club d’Auvergne) se lance dans l’aventure d’une telle organisation en avril 1970 : la course de côte automobile de Manson était sur les rails ! Malheureusement, le jour J, à plus de 800 mètres d’altitude, une neige tardive a créé la panique et précipité l’annulation devenue évidente. Qu’à cela ne tienne ! Un an après, on prend les mêmes et on recommence. Le parcours proche de trois kilomètres (il oscillera entre 2,8 et 4 km) démarre à la passerelle de Champeaux pour se terminer devant les tribunes. Une cinquantaine d’engagés de différents groupes de catégories resteront attachés à ce rendez-vous qui ouvrait la saison sur le circuit. Dans l’attente du départ en solo, chaque concurrent empruntait la route de raccordement reliant Manson / Charade à Champeaux.
Les premières éditions se succèdent attirant un public qui se fidélise à cette épreuve sur le théâtre des Grands Prix F1 et moto qui s’y sont déroulés à 15 reprises. Au-delà des voitures de Tourisme, Grand Tourisme et autres monoplaces, on y rencontre des prototypes de constructeurs sans patente. C’est l’éclosion de talents originaux et de réussites mécaniques plus ou moins abouties : 4CV et Dauphines protos, barquettes en tous genres, etc. Des pilotes se distinguent et se font un nom au plan régional en proto ou monoplace : Gérard Bouche, Serge Vidal, Jean-Marie Jung, etc. Dans cette épreuve, ils peuvent se frotter à des leaders nationaux et inter de la discipline comme Jimmy Mieusset, Marcel Tarrès ou Christian Debias.
Une autre association locale, le Clermont Racing présidé par le garagiste pilote Roland Charrière, va assurer les éditions de 1981 à 1988 en y incluant une série Camions. L’aventure de la course de côte auto de Manson connaîtra un terme avec les années 90.
Pour sa part, en 1985 et 1986, le Moto Club d’Auvergne (MCA) met sur pied une manifestation semblable pour quelque 70 motos et side-cars. Son nom : course de côte de Thèdes.  Au début des années 2010, Auvergne Moto Sport, héritier du MCA, propose une épreuve non chronométrée, du départ jusqu’au col de la nouvelle portion. Pour raison technique (sécurité / public), elle n’aura pas lieu…
Plus récemment, à deux reprises, le Club Porsche Auvergne a organisé une montée à but caritatif pour le Lions Club sur la descente de Gravenoire de l’ancien tracé de 8 km, prise à contresens.
Le circuit de montagne d’Auvergne n’a pas tout écrit sur ses côtes les plus célèbres…
Guy Lemaître / Agissons pour Charade

#17 | Une « godasse de plomb » sur le tourniquet des volcans |

Belle rencontre en ce dimanche 6 novembre 2022 au salon Epoqu’Auto à Lyon. Très tôt surnommé « Godasse de plomb » en raison de son audace au volant, le pilote français Jean-Pierre Jarier (76 ans) a couru à Charade, sur les deux tracés de 8 km et 3,9 km, c’est à dire avant et après 1989.
Eclectique comme bon nombre de pilotes de sa génération pouvaient l’être, le Parisien a participé à 134 Grands Prix de Formule 1, de 1971 à 1983. Ces années se sont traduites par trois pole positions, trois meilleurs tours en course et trois podiums. Durant cette période, Jarier a été accueilli au sein des teams March, Shadow, Tyrrell, ATS, Lotus, Osella et Ligier. En parallèle, il prendra également le volant de F2 (champion d’Europe en 1973 sur March) et F3. Ainsi, en juillet 1972, en lever de rideau du 4e et dernier Grand Prix de France de F1 couru à Charade, Jean-Pierre Jarier terminera 5e de la course des Formule 3 sur une March 713.
Les prototypes Matra Simca, Alpine Renault, Alfa Romeo et Renault Mirage (3 Litres), en Endurance et Ferrari (7 Litres) dans le challenge américain Can-Am font aussi partie des voitures prestigieuses qu’il a conduites. Sur Matra, il fut associé à Jean-Pierre Beltoise avec lequel il a remporté plusieurs courses, notamment en 1974. En 1998 et 1999, il termine premier du Championnat de France FFSA GT sur Porsche après avoir remporté d’importantes courses internationales dans cette catégorie des GT (Spa-Francorchamps en 1993 et Suzuka en 1994).
Ses autres passages à Charade sont surtout liés aux Tourisme et Super Tourisme (Chevrolet Camaro en championnat Production 1984 et 1985) et Grand Tourisme (Porsche 911 en 1991/8e; 1995, 1996 et 1997 où il termine deuxième à chaque fois, et 1998 qu’il gagne), à l’occasion des Trophées d’Auvergne avec le championnat de France GT ou le Trophée Carrera Cup.
Guy Lemaître / Agissons pour Charade (texte et photo)

#16 | La vie secrète du Petit Pont |

Virage mythique du circuit de Charade, celui du Petit Pont a toujours été le théâtre de duels d’anthologie et de freinages intempestifs. Dès 1989, sa physionomie a évolué avec les exigences de sécurité. Ainsi l’extension de l’aire de dégagement s’est traduite par l’apport de gravillons et autres matériaux susceptibles de freiner les bolides sortis de piste. Les glissières ont remplacé grillages et poteaux en PVC. Mais, qui dit Petit Pont dit aussi rivière à franchir. A ce niveau, le ruisseau l’Artière provient de la confluence de deux bras : l’un venant de Manson et l’autre de Thèdes via le virage Rosier et le paddock.
Ce petit réseau hydrographique proche des sources offre deux intérêts majeurs : il assure le bon écoulement naturel du cours d’eau qui va ensuite traverser l’agglomération clermontoise ; il abrite une faune aquatique de qualité (truites fario et écrevisses à pattes blanches avec leurs zones de reproduction). Très tôt, des pêcheurs fréquentant ce cours d’eau jusque dans les années 80 ont alerté les pouvoirs publics afin de préserver ce site traversé par 1.200 mètres de ruisseaux.
Cette attention particulière s’est traduite par une convention « pêche » cosignée le 4 octobre 2000 par le président du Conseil général du Puy-de-Dôme et le président de l’AAPPMA La Tiretaine (association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique), de Royat. Cette dernière, devenue AAPPMA des Quatre sources, veille aussi sur ce même ruisseau en dehors du circuit. Elle poursuit l’esprit de ce texte législatif à travers une réserve de pêche (pêche interdite) où est privilégiée la préservation du cours d’eau : éviter les déversements nocifs, vérifier le bon fonctionnement des avaloirs, des buses souterraines sous le Petit Pont, entretenir la ripisylve et la stabilité des berges, inventorier les espèces sauvages par pêches électriques (inoffensives !), avec la Fédération départementale de pêche, etc. en accord avec le Département et l’exploitant du circuit.
La vie peut ainsi continuer harmonieusement, sur et sous le légendaire Petit Pont…
circuit de charade

#15 | Vic Elford: un géant éclectique |

Vic Elford, monstre sacré du sport automobile décédé en ce début d’année, symbolisait l’archétype du pilote automobile polyvalent : chaque week-end, une grande partie de l’année, le champion britannique découvrait une nouvelle équipe, changeait de volant, de discipline et d’horizon.

Un jour la F1, un autre le rallye, puis les prototypes comme les Porsche 917 en Endurance, la Can-Am, le Transam ou le rallye-cross. Il était réputé pour ses qualités au volant : audace, persévérance et, surtout, adaptation à de nouveaux modèles que d’autres se refusaient de conduire. Exemple, en 1970, l’incroyable Canadian American Challenge Cup Series (Can-Am), championnat qui se déroulait sur une dizaine de circuits d’Amérique du Nord. On y rencontrait des voitures de course innovantes et surpuissantes et un règlement qui se résumait à une philosophie : sans limites ! Vic s’y est illustré à travers trois marques entre 1970 et 1974 : McLaren, Chaparral (l’incroyable 2J à effet de sol et turbine) et Shadow. L’histoire retiendra également qu’Elford aura fait découvrir les qualités de la Porsche 911 en gagnant le rallye de Monte-Carlo en 1968.

#14 | Tour Auto: la rencontre des Légendes |

En cette fin septembre 1971, l’avant-dernière étape (Vichy-Uriage) du Tour de France automobile serait presque passée inaperçue. La vie économique et scolaire a déjà repris. Se rendre au circuit un après-midi de semaine n’est plus vraiment d’actualité. Et pourtant ! Emmené par trois prototypes du Mans dont les deux Matra 650 d’usine pilotées par Gérard Larrousse et Bernard Fiorentino, le plateau mérite le détour. Un concert de V12 en perspective avec les Matra et Ferrari !
Certainement la plus belle, la Ferrari 512 M (châssis 1002 parmi 25 construits en 1970, moteur 5 litres) arbore le numéro 142 dans sa livrée jaune et filets verts de l’Escuderia Montjuich. Pilotée par Jean-Pierre Jabouille, elle va « tourner » autour des Matra grâce à ses 620 cv, en leur mettant plus d’une minute à l’arrivée de la spéciale de Charade. Associé à l’Espagnol José Juncadella et à Jean-Claude Guénard, le Français permet à sa belle de Maranello de donner des frissons aux spectateurs auvergnats. En 2014, Jabouille avait affiché son intention de participer avec elle au Charade Revival projeté par l’association Agissons pour Charade.
Ce modèle a eu une histoire insolite. Construite à partir de la 512 S, cette évolution a eu pour mission de contrer la suprématie des « monstres » de Stuttgart, les Porsche 917, en Endurance notamment aux 24 Heures du Mans. Au début des années 1970, elle participera également au Challenge Intersérie, version européenne de la CanAm américaine. Son meilleur palmarès n’affiche que deux 2e places : en 1970 aux 1000 Km de Paris et en 1971 au Tour Auto.
Dans les années 2000, avec le Tour Auto (historique) organisé par Patrick Peter, ce châssis connaîtra plusieurs propriétaires gentlemen drivers (l’Allemand Dieter Roschmann, le Britannique Robert Horne, le Brésilien Carlos Monteverde). Contrairement à l’originale qui n’en n’avait qu’un sur le toit, les héritières de la 1002 portaient deux rétroviseurs sur les ailes.
En 2016, elle se retrouvera verbalisée pour mauvais stationnement alors qu’elle était garée au pied du siège de la maison de vente aux enchères de voitures de collection Fiskens, dans le quartier de Kensington, au coeur de Londres. Ce qui fera l’objet de plusieurs articles teintés d’humour dans la chronique des faits divers…
Si on la rencontre aujourd’hui dans quelques courses historiques comme Le Mans Classic, il ne s’agirait que d’une réplique (1002 R) afin de préserver le modèle original devenu hors de prix.
Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte & photo)

#13 | Côté spectacle, la Coupe est pleine avec les « Gordoche » |

Cinq ans seulement ! La Coupe nationale R8 Gordini aura cependant gravé dans les mémoires les exploits de ses toutes jeunes petites berlines bleues Renault de 1100 cc ainsi que de leurs pilotes casse-cou: un exercice de haute volée faisant du circuit de Charade le terrain idéal. Les moyennes en course flirtaient avec les 110 km/h. Portière contre portière, pare-choc contre pare-choc, tout était permis !
Que ce soit dans le cadre des Trophées d’Auvergne (1966 & 1967) en lever de rideau des Protos, du Grand Prix de France de Formule 1 (1969 & 1970) ou lors de la Coupe des Volcans (1969 & 1970/2 séries chaque année), de futurs grands noms du volant se sont illustrés dans cette formule de promotion : Michel Leclère, Jean-Claude Andruet, Alain Cudini, Gérard Larrousse, Jean-Pierre Jabouille et Jean-Pierre Jarier.
Un « local », le Clermontois Roland Charrière, fidèle à Renault et Alpine, a terminé 7e en 1966.
A partir de 1971, la R12 Gordini aura éprouvé beaucoup de temps et de difficultés à faire oublier les bouillonnantes « Gordoche » (ou « Gorde ») à moteur et traction arrière.
Charade et les R8 Gordini : c’est un peu le mariage du Bleu d’Auvergne avec le bleu France …
Guy Lemaître/Agissons pour Charade (photo Automobile Club)

#12 | L’histoire d’amour avec la moto continue |

Quelques mois après la naissance du Circuit de Montagne d’Auvergne en 1958, les responsables du Moto Club d’Auvergne (MCA) ont affiché leur intention d’organiser des courses sur ce merveilleux ruban de huit kilomètres aux portes de Clermont-Ferrand. Ce qui s’est vite traduit par la mise en place, de 1959 à 1964, du Grand Prix de France comptant pour les championnats du monde. John Surtees, avant de passer à la Formule 1, et Jim Redman y ont particulièrement brillé.
Motos et side-cars sont ensuite revenus en 1966 et 1967 élevant au rang de « héros de Charade » l’Anglais Mike Hailwood sur sa fameuse Honda 250cc (notre photo). Le son inimitable de cette six cylindres venue du Japon donnait les frissons aux spectateurs, de Thèdes à la descente de Gravenoire lors des changements de rapports. On ne reverra qu’une fois « Mike the bike » : en 1970, au volant d’une Surtees, lors du 3e et avant-dernier GP de France de F1 à Charade.
Puis vinrent les années fastes « Giacomo Agostini » (1972 & 74) lequel, en 350 et 500cc, au guidon d’une MV Agusta puis d’une Yamaha emballait le public lors de ses duels avec Phil Read (GB) sur le même type de bécane. 80.000 spectateurs pour l’une, plus de 100.000 pour la seconde ! 1970, 71 & 73, des courses inter, dont la nouvelle catégorie 750cc, ont permis d’apprécier d’autres champions comme Barry Sheene (GB) sur Suzuki, et son sourire charmeur flanqué d’une cigarette au bec. Les pilotes auvergnats se sont également illustrés sur leurs terres.
Le dimanche 21 août 2022, Auvergne Moto Sport perpétue l’Histoire avec les roulages de Charade Moto Rétro. Près de 200 motos et side-cars de course des années 60/70 y sont attendus avec des animations.
Guy Lemaître / Agissons pour Charade

#11 | Anniversaire du circuit |

Sa réalisation aura duré 15 mois. Mais deux années ont été nécessaires pour que tractations, démarches administratives et travaux donnent naissance au circuit de montagne d’Auvergne. Le dimanche 27 juillet 1958, son inauguration couronne l’amitié et la complémentarité de deux Auvergnats passionnés d’automobile : Jean Auchatraire (Automobile Club d’Auvergne) et le pilote Louis Rosier. Le second disparaît malheureusement en 1956, non sans avoir laissé son empreinte ce qui permet au premier d’aller jusqu’au bout de leur rêve commun. Un Champenois, Raymond Roche (circuit de Reims), apporte une expertise précieuse à cette naissance. La piste toute neuve de huit kilomètres serpente sur les hauteurs de Clermont-Ferrand, accusant un important dénivelé. Charade, qui ne portait pas encore officiellement ce nom, entrait ainsi dans la cour des plus sélectifs circuits de montagne. Deux courses au programme: les Grand Tourisme (GT) à l’occasion des Trois heures d’Auvergne (40 voitures sur la grille pour un départ type Le Mans ! ) et les Formule 2. Elles auront respectivement pour vainqueurs Innes Ireland (GB) sur Lotus MK11, et le Français Maurice Trintignant sur Cooper Climax. Gerbes aux vainqueurs et concert de louanges pour tous.

La Légende était sur orbite. Guy Lemaître / Agissons pour Charade

#10 | La consécration mondiale est en route ! |

Dimanche 27 juin 1965, avec 17 monoplaces de 1500cc (cylindrée utilisée pour la dernière saison!) au départ, le premier Grand Prix de France de Formule 1 couru à Charade, portait alors le nom de Grand Prix de France de l’Automobile Club de France (ACF). Et un grand champion devait l’emporter au volant de sa Lotus 33R11 numéro 6: l’écossais Jim Clark, au premier plan à droite sur la photo. Il terminera devant son compatriote Jackie Stewart sur BRM 2617, à 26 secondes, futur vainqueur du GP de France sur ce circuit en 1969 et 1972, et l’Anglais John Surtees sur Ferrari. Ce dernier s’était illustré à moto à plusieurs reprises sur le géant auvergnat. Que du beau monde pour un circuit de légende !
Guy Lemaître/Agissons pour Charade

#9 | De l’électricité dans l’air… du temps |

En 2021, Charade accueillait pour la première fois une manche de la toute jeune coupe du monde de E-Bike des VTT électriques. Une manière pour le groupe GCK, nouvel exploitant du circuit, de montrer deux des facettes majeures de l’exploitation nouvelle qu’il envisage pour ce site: développer les énergies plus respectueuses de l’environnement pour la mobilité de demain (électricité, hydrogène) et occuper les magnifiques espaces verts de cette propriété de 82 hectares. En résumé, du mollet et des électrons pour une compétition sportive qui se pratique aussi bien sur le bitume que dans les sous-bois. La deuxième édition de ces E-Bike Series se déroulera le samedi 23 juillet 2022.

#8 | Mini-monstres pour circuit de géants |

Le Grand Prix Camions s’est depuis longtemps installé comme le point d’orgue de la saison sportive sur le circuit de Charade. Le championnat de France de la spécialité qui s’est tenu le week-end dernier au circuit de Charade séduit un public très large : des routiers passionnés jusqu’aux adeptes de ces monstres de 1.100 cv, toutes les générations se retrouvent lors de ces exhibitions à l’Américaine. En 2021, un intermède original a permis à des modèles réduits radiocommandés de prendre la piste entre le virage Rosier et la courbe de Thèdes. Leurs pilotes de tous âges étaient très fiers d’accompagner sur le circuit leurs « jouets », poste de télécommande en mains, entre deux séances de course de leurs aînés devant un public de connaisseurs.

#7 | Instant de réflexion pour le héros des 24 Heures du Mans |

Avril 1999: ouvreur de prestige du Tour Auto à l’occasion du centième anniversaire du Tour de France automobile, cette merveilleuse épreuve devenue une grande classique historique, Henri Pescarolo se voit confier une Matra MS 650. Le son inimitable du moteur V12 fait sensation à chaque passage. Ce fut également l’occasion pour ce grand pilote français, amoureux des 24 Heures du Mans, de découvrir le nouveau circuit de Charade inauguré dix ans plus tôt. En effet, il n’était pas venu sur cette piste depuis juillet 1972 où, sur une March 721/3, il avait participé au 4e et dernier Grand Prix de France de Formule 1 réalisé sur l’ancien long tracé de 8,055 km. Un souvenir triste pour ce champion, puisqu’il n’avait pu participé à la course, s’étant accidenté aux essais.

#6 | Woodstock auvergnat dans le livre des records |

Dimanche 21 avril 1974, le circuit de montagne d’Auvergne et ses 8,055 km accueillent leur dixième et dernier Grand Prix de France moto comptant pour le Championnat du monde dont il ouvre la saison cette année-là. Duel au sommet, celui opposant l’Italien Giacomo Agostini (Yamaha) et l’Anglais Phil Read (MV Agusta) est très attendu du public. D’autant que les spectateurs sont venus bien plus nombreux que prévu: de 100.000 à près de 130.000, ce qui fait qualifier Charade de “Woodstock auvergnat” par certains médias. 1974 est la revanche de 1972 sur les 51 virages. Aux essais, les deux idoles sont proches. En course, Ago l’emporte en 350cc. Il précède Teuvo Lansivuori (Fin/Yamaha) et les Français Christian Bourgeois et Patrick Pons tous deux sur Yamaha. Read casse. En 500cc, ce dernier inverse les rôles et monte sur la plus haute marche du podium devant Barry Sheene (GB/Suzuki) et Gianfranco Bonera (It/MV). Ago bat le record moto définitif du circuit, battant le précédant détenu par l’Anglais Mike Hailwood en 1967, avant de casser à son tour. Perchés dans les arbres ou assis sur les glissières et bottes de paille en bord de piste, les innombrables spectateurs ont savouré le spectacle de très (trop!) près. Fantastique ! Mais Charade moto a vécu ses meilleurs et derniers instants de course.

#5 |Pink Floyd en symphonie V12 pour la 100e |

En cette fraîche matinée de mi-avril 1999, les concurrents du 100e anniversaire du Tour Auto font étape à Charade. Les passionnés se rapprochent des voitures arrivant dans le paddock. Un pilote sort délicatement de sa prestigieuse Ferrari 250 GTO #38 sans créer d’attroupement. Pourtant cet Anglais est très connu des amateurs de rock progressif. Il s’agit de Nick Mason, le batteur des célèbres Pink Floyd et collectionneur de Ferrari. Il fait partie des plus de 200 concurrents inscrits à cette édition de l’épreuve. Certains spectateurs avertis ont même essayé de comparer le rugissement du moteur V12 à celui produit par ce musicien, sur scène, derrière sa batterie.

#4 | Le roi d’Ecosse sacré dans l’indifférence… |

Curieuse destinée. En cet après-midi du dimanche 6 juillet 1969, rien ne semble résister au talent du pilote écossais Jackie Stewart sur sa Matra Ford MS80. En tête du Grand Prix de France de Formule 1, il s’achemine vers une large victoire avec près d’une minute d’avance sur Jean-Pierre Beltoise au volant de la même voiture. Mais le public n’en avait que pour « son » champion national. Déjà, quatre ans plus tôt, Stewart terminait second dans l’ombre de son compatriote Jim Clark, lui aussi vénéré par le public. Comble de l’histoire, en 1972, lors du 4e et dernier GP couru sur cette piste, malgré une seconde victoire de l’Ecossais ici, les plus de 50.000 spectateurs de Charade ont ovationné le Néo-Zélandais Chris Amon ! Au volant de sa Matra MS 120D, ce dernier (3e) aurait dû gagner s’il n’avait pas été victime d’une des nombreuses crevaisons enregistrées ce jour-là. Une fois de plus, malgré les résultats, l’empathie du public n’était pas tournée vers « le roi d’Ecosse ».

#3 | Sortie de piste groupée: aucune victime |

En cette froide matinée de décembre 1990, les moutons “responsables” des espaces verts du circuit s’empressent de rentrer à la bergerie. Pour y parvenir groupés, ils n’ont pas hésité à emprunter la piste à contresens des courses et la quitter à hauteur du col de la nouvelle portion du circuit inaugurée quinze mois plus tôt. Aujourd’hui encore, le circuit de Charade pratique l’écopaturage pour l’entretien des espaces verts. Ces charmants ovins, tout du moins leurs descendants, ont la permission de brouter l’herbe grâce à un accord entre leur propriétaire et l’équipe du circuit 🙂

#2 | Le toboggan auvergnat fait toujours la Une |

Sorti début 2022, un livre sur les “Circuits de nos régions” met le circuit de Charade en couverture. Le cliché présente le départ type Le Mans des “300 km d’Auvergne” comptant pour le Championnat du monde des marques 1962. Le dimanche 15 juillet, #Ferrari, #Lotus et #AstonMartin se partageaient les premières places.
En décembre 2016, le mensuel Sport Auto proposait un hors-série “La Formule 1 des années 70” dans lequel le circuit de Charade faisait aussi la Une mais malheureusement légendé à l’intérieur “Départ du Grand Prix de Belgique 1970”, une coquille que les passionnés auront relevée.

#1 | 11 novembre sur un air de Samba |

Du monde et de l’enthousiasme en bord de piste lors du Trophée Samba à l’occasion des finales des Journées Peugeot Talbot Sport, les 10 et 11 novembre 1984.
(Photo Automobile Club/Agissons pour Charade)