Depuis sa naissance en 1958, le circuit de Charade accueille régulièrement le passage annuel du Tour de Fance automobile, épreuve internationale créée en 1899 par l’Automobile Club de France. Après une éclipse de six ans (1986-1991), cette compétition reviendra sous le nom de Tour de France automobile historique organisée par Peter Auto, avant de devenir Tour Auto. Depuis 2009, elle est devenue le Tour Auto Optic 2000. Elle associe parcours de liaison, épreuves spéciales sur route et courses en circuit.
En cette douce journée du samedi 15 septembre 1973, la 18e édition fait étape à Charade avec son lot de vedettes. En première ligne, Claude Ballot-Léna place à la corde sa Porsche 911 Carrera (Groupe 4) aux couleurs psychédéliques. A ses côtés, en tête du Tour, l’Italien Sandro Munari est prêt avec sa superbe Lancia Stratos HF (Groupe 5TA). Si, sur la grille, tous deux sont devant les deux Ligier JS2 jaunes et vertes BP, c’est Gérard Larrousse sur une de ces deux voitures françaises fabriquées en Auvergne qui gagnera la course devant Ballot-Léna. Mais, au classement final du Tour, Munari emportera l’épreuve. Cette même saison, il deviendra champion d’Europe des rallyes puis décrochera le titre mondial en 1977.
Depuis 2020, les nombreux passionnés attendent le retour du Tour! Ils pourront se régaler le jeudi 20 avril 2023 en matinée avec la présence de près de 230 voitures engagées (ayant participé entre 1951 et 1973 plus quelques modèles d’exception) parmi lesquelles les incontournables Ford GT40, Jaguar Type E, Shelby Cobra et autres Ferrari et Porsche. D’autant que la nuit précédente, Clermont-Ferrand sera la deuxième ville-étape.
En 1975, alors que beaucoup pensaient retrouver les F1 sur le circuit auvergnat, ce qui ne se reproduira plus jamais après les quatre Grand Prix qui s’y sont déroulés entre 1965 et 1972, les Trophées d’Auvergne ont occupé le week-end des 20, 21 & 22 juin. Cinq courses figuraient au programme dont celle de la Coupe nationale Renault ELF Gordini. Pour trois ans, les R5 LS kitées remplaçaient les R12 lesquelles, pendant quatre saisons, avaient succédé aux cinq années des mythiques R8.
Avant le départ, pour chaque épreuve inscrite au programme, le Directeur de course rassemblait sur la grille tous les pilotes afin de rappeler les mesures de sécurité propres au circuit et à la compétition. Ce briefing permettait au public des tribunes et alentours de voir ces champions du volant avant qu’ils ne s’expriment sur la piste.
Si elle n’est plus pratiquée aujourd’hui sous cette forme sur les circuits, cette initiative avait une certaine saveur. Elle faisait monter la pression ambiante, tant auprès des acteurs que des spectateurs. Une sorte de prologue à un scénario de film voué à la course automobile.
Pour la petite histoire, la voiture #4 au premier plan est celle du vainqueur de Charade, Jean-Luc Rancon, qui gagnera également la coupe cette année-là.
Vic Elford, monstre sacré du sport automobile décédé en ce début d’année, symbolisait l’archétype du pilote automobile polyvalent : chaque week-end, une grande partie de l’année, le champion britannique découvrait une nouvelle équipe, changeait de volant, de discipline et d’horizon.
Un jour la F1, un autre le rallye, puis les prototypes comme les Porsche 917 en Endurance, la Can-Am, le Transam ou le rallye-cross. Il était réputé pour ses qualités au volant : audace, persévérance et, surtout, adaptation à de nouveaux modèles que d’autres se refusaient de conduire. Exemple, en 1970, l’incroyable Canadian American Challenge Cup Series (Can-Am), championnat qui se déroulait sur une dizaine de circuits d’Amérique du Nord. On y rencontrait des voitures de course innovantes et surpuissantes et un règlement qui se résumait à une philosophie : sans limites ! Vic s’y est illustré à travers trois marques entre 1970 et 1974 : McLaren, Chaparral (l’incroyable 2J à effet de sol et turbine) et Shadow. L’histoire retiendra également qu’Elford aura fait découvrir les qualités de la Porsche 911 en gagnant le rallye de Monte-Carlo en 1968.
Sa réalisation aura duré 15 mois. Mais deux années ont été nécessaires pour que tractations, démarches administratives et travaux donnent naissance au circuit de montagne d’Auvergne. Le dimanche 27 juillet 1958, son inauguration couronne l’amitié et la complémentarité de deux Auvergnats passionnés d’automobile : Jean Auchatraire (Automobile Club d’Auvergne) et le pilote Louis Rosier. Le second disparaît malheureusement en 1956, non sans avoir laissé son empreinte ce qui permet au premier d’aller jusqu’au bout de leur rêve commun. Un Champenois, Raymond Roche (circuit de Reims), apporte une expertise précieuse à cette naissance. La piste toute neuve de huit kilomètres serpente sur les hauteurs de Clermont-Ferrand, accusant un important dénivelé. Charade, qui ne portait pas encore officiellement ce nom, entrait ainsi dans la cour des plus sélectifs circuits de montagne. Deux courses au programme: les Grand Tourisme (GT) à l’occasion des Trois heures d’Auvergne (40 voitures sur la grille pour un départ type Le Mans ! ) et les Formule 2. Elles auront respectivement pour vainqueurs Innes Ireland (GB) sur Lotus MK11, et le Français Maurice Trintignant sur Cooper Climax. Gerbes aux vainqueurs et concert de louanges pour tous.
La Légende était sur orbite. Guy Lemaître / Agissons pour Charade