Charade dans le rétro #68

Jean-Marie Jung, l’extraterrestre

Jean-Marie Jung (*) appartient au patrimoine et à l’histoire du sport automobile auvergnat.

 

Avec plus d’un demi-siècle de compétitions réparties entre courses de côte, rallyes et circuits, Charade tient une place essentielle. Mais ce qui a donné une marque de fabrique au pilote préparateur clermontois originaire d’Alsace, c’est la manière: authentique et sans artifice. Point de recherche esthétique. La mécanique à l’ancienne, celle réalisée dans le cambouis et les ateliers improbables. Et un pilotage à l’instinct.

 

Aujourd’hui, quelque 300 coupes, des dizaines de médailles et une poignée de photos occupent son domicile de La Sauvetat près d’Issoire. Et lui rappellent les exploits accomplis sur l’asphalte sous la bannière de l’ASA Dôme Forez avec des titres régionaux de classe à la clé.

 

L’ancien tracé du Circuit de montagne d’Auvergne et ses huit kilomètres l’ont vu débarquer en 1972 avec une Dauphine proto qu’il équipe d’un moteur 1300 Gordini. L’épreuve se résume à plusieurs montées de 2,8 km de la course de côte interclubs de Manson. Celle-ci prend le statut d’internationale deux ans plus tard et compte pour le championnat de France de la montagne. Ce qui donne l’occasion à Jean-Marie de côtoyer les ténors de la discipline: Max Mamers, Marc Sourd, Jimmy Mieusset, Marcel Tarrès, Christian Debias, etc. Et de se frotter au Vichyssois Joël Mouetron, pilote d’une autre Dauphine proto.

 

En 1982, Jean-Marie Jung monte d’un cran. Il fait l’acquisition d’une Alpine A440 dans laquelle il installe un 1600 Alpine pour remplacer le 2 Litres officiel d’origine. Car cette auto n’est autre que le premier modèle 00 réalisé par Renault, en 1973, pour s’attaquer au championnat d’Europe des marques jusqu’à 2 Litres entre les mains de Jean-Pierre Jabouille.

 

« Charade, c’est le bonbon ! » s’exclame-t-il avec enthousiasme. « C’est ce qui me plaisait le plus. Mais il faut du temps et de l’argent. A cette époque, je n’avais ni l’un ni l’autre. » Débutant une longue série, il participera à sa première course en circuit le 29 octobre 1978, à Charade, sur une Simca Rallye 2, lors des finales du très populaire Simca Racing Team (SRT).

 

Sa grande nostalgie du 8 km est d’autant plus marquante qu’il aura été le dernier pilote de l’histoire à rouler sur cette piste: le dimanche 18 septembre 1988 lors de la Coupe des volcans où la poignée de protos (groupe PJ) partait quelques secondes derrière une meute de monoplaces (groupe E). Et Jean-Marie passera devant le drapeau à damier en queue de peloton. Un symbole pour l’éternité.

 

L’année suivante, à l’issue des travaux se concluant par le tracé réduit de moitié du circuit devenu permanent, une ère nouvelle s’ouvrait dans l’histoire de Charade.

 

Jean-Marie Jung reviendra sur son circuit favori, version courte, jusqu’en 2017, avec une barquette verte achetée en 2006: la Vierzon dotée d’un moteur de moto Suzuki 1000 GSXR. On a encore le plaisir (rare!) de le rencontrer près de sa célèbre Dauphine lors des Charade Classic (rassemblements de voitures et motos de collection) comme ce fut le cas le 5 octobre 2025. Avec tant de choses à raconter…

 

(*) Prononcer « young »

Guy Lemaître/Agissons pour Charade

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