Charade dans le rétro #43
Jean-Claude Andruet : punch et panache !
Rencontré dans les allées du salon Epoqu’auto 2023, à Lyon, Jean-Claude Andruet ne pouvait passer inaperçu. A l’aise dans sa combinaison de course comme aux plus beaux jours, le célèbre pilote français affiche, à 83 ans, un enthousiasme de jeune premier. Il appartient à cette génération de surdoués du volant. Certes, il ne revendique aucun titre en monoplace malgré une approche en F3. Son truc c’est la route avec les rallyes, la course de côte et, accessoirement, le circuit en proto et GT.
Surnommé « la panique » car rêveur et vite angoissé, il aura testé quelques bolides emblématiques. A commencer, en début de carrière, par la mythique Renault 8 Gordini. C’est à ce moment qu’on le trouve pour la première fois sur le circuit de montagne d’Auvergne. En ce dimanche 20 juin 1966, la nouvelle Coupe nationale des fameuses « Gordoches » fait une première apparition sur le tracé de 8,055 km. Meilleur temps aux essais et victoire sans discussion en course ! La petite Renault de 1100 cc porte le numéro 1 que son pilote honore de la plus belle manière.
A l’évocation du circuit de Charade, Jean-Claude dit avoir bien sympathisé avec l’Auvergnat Patrick Depailler. Il rappelle avec ferveur sa 2e place lors du passage du Tour de France automobile 1972. Et la « bourre » qu’il a vécue face à l’Anglais Vic Elford, tous deux au volant d’une Ferrari Daytona 365 GTB4. « A un moment, nous nous sommes retrouvés face à face ! » Au classement général final du Tour, Andruet l’emportera avec sa célèbre copilote Michèle Espinosi-Petit alias « Biche ».
Entre ces deux épreuves, Jean-Claude décroche une 9e place de la course des 300 km GT/Proto dans le cadre des Trophées d’Auvergne 1967. Autant dire que sa petite Alpine 1150 ne pouvait rivaliser avec les trois puissantes Ford GT40 de tête qui ont rencontré une belle opposition avec la Matra 2 Litres d’un Jean-Pierre Beltoise accrocheur. « Mais elle a tenu tête aux Ferrari ! ».
On le retrouvera ensuite dans les volcans, en juin 1973, lors de la manche du Championnat d’Europe des protos 2 Litres avec une des trois Abarth Osella PA1. Portant le numéro 30, le Français terminera 9e, bien loin des Lola et Chevron, montures les plus en vue cette saison-là. Quelques semaines plus tard, le retrait prématuré de sa Lancia Stratos l’empêche de s’aligner à Charade à l’occasion du Tour de France automobile. En 1974, sa Stratos termine 6e à Charade et 3e au général. Suivent une victoire aux 24 Heures de Spa 1977/BMW, 2e en 1981 et titres en Historic dans les années 2000-2010.
Quelques Tour de France automobile plus loin couronnés de succès (2e/1979, 1er/1981 & 1982, 2e/1984), Andruet n’aura l’occasion de retrouver Charade qu’en… 2021 lors de la Coupe de France des circuits à bord d’une Peugeot 505. Et de découvrir le nouveau tracé où seule l’ancienne portion est à son goût. Champion de France des rallyes en 1968, d’Europe et de France des rallyes en 1970, trois fois vainqueur du Tour de France automobile, 20 participations aux 24 Heures du Mans : le héros du Monte-Carlo et du Tour de Corse a fait preuve d’éclectisme et d’adaptation aux terrains et aux équipes. Premier pilote français à valoriser une femme copilote, une attitude qui fera école, Jean-Claude aura connu et comparé des autos françaises et italiennes. Son coup de cœur ? « Sans hésiter, la Lancia Rally 037 au sein d’une équipe avec qui le courant passait. ».
Guy Lemaître/Agissons pour Charade