Comme un avant-goût de Californie…

Au printemps 2022, le chantier de modernisation de la tribune, construite au début des années 1970, créa de nouveaux espaces. Notamment deux salles de travail baptisées « Interlagos » et « Laguna Seca », noms de deux circuits situés au Brésil pour le premier et en Californie pour le second. Le choix de ce dernier coule de source tant de nombreux points le rapprochent de Charade.
Inauguré en novembre 1957 (27 juillet 1958 pour Charade), Laguna Seca domine les collines de Salinas, du comté de Monterey au sud de San Francisco. D’une longueur de 3,6 km (3,9 km pour Charade depuis 1989 ; 8 km et 51 virages auparavant), il se compose de 11 virages (18 à Charade) dont le « S », aveugle et en dévers, de l’emblématique Corkscrew (tire-bouchon) situé au point culminant du site. Ce dernier n’est pas sans rappeler l’épingle de Champeaux, le S de la Ferme ou le pif paf à l’entrée de la courbe de Thèdes au cœur des volcans d’Auvergne. Le circuit américain présente un dénivelé de 55 mètres qui avoisine celui de son homologue français.
Sous l’influence du Pacifique, Laguna Seca se drape souvent de brouillard et de… sable. Un petit plan d’eau, la lagune, occupe l’espace central. Le Monterey County Parks Department est le propriétaire alors que le Département du Puy-de-Dôme possède Charade, traversé par un ruisseau, l’Artière.
Le tracé américain accueille des compétitions auto (IndyCar, etc.) et moto ainsi que de l’historique à l’occasion d’événements très prisés tel le hill climb (course de côte), des courses classiques ou le Porsche Rennsport Réunion (grand rassemblement autour de la marque de Stuttgart). D’avril à octobre, ce calendrier s’étoffe d’animations sportives comme le cyclisme. Idem pour Charade avec le VTT électrique, le trial moto thermique, les véhicules tout-terrain et le paintball. Sur ces deux sites, le rôle des bénévoles s’impose de plus en plus avec la particularité, côté Pacifique, d’attirer les associations de vétérans (anciens combattants). Ces deux très belles propriétés et leurs exploitants (Sports Car Racing Association of the Monterey Peninsula d’un côté et Groupe GCK de l‘autre) ont compris la nécessité d’associer le passé aux exigences environnementales et touristiques de demain. Cars and Coffee à Monterey et Charade Classic attirent des centaines de collectionneurs le dimanche.
Voici les grands pilotes encore en vie ayant couru sur les deux circuits dans les années 60, 70 et 80 (F1 et autres championnats à Charade ; CanAm, Proto aux USA): le Français Jean-Pierre Jarier, l’Ecossais Jackie Stewart; les Anglais Derek Bell, Jackie Oliver, Brian Redman. Puis ceux disparus avant 2024: François Cevert, Patrick Tambay (France); Vic Elford, Stirling Moss, John Surtees (GB) ; Dan Gurney (USA) ; Pedro Rodriguez (Mexique) ; (GB) ; Jo Bonnier (Suède) ; Chris Amon, Denny Hulme, Bruce McLaren (NZ). Pour la petite Histoire, l’Américain Pete Lovely a gagné la 1e course à Laguna Seca (1957) sur une barquette Ferrari 500 TR. En 1970, pour le G P de France, ce pilote privé avait transporté sa Lotus 49B jusqu’au paddock de Charade sur un Combi Volkswagen « aménagé » ; il était concessionnaire VW à Seattle. Accidenté aux essais, il ne put qualifier sa monoplace #25.
La 2e édition de Charade Super Show, le 21 mai 2023, a vu rouler une rare McLaren M8B orange, vedette de l’impressionnant challenge CanAm des années 66-74 avec Laguna Seca. Prémonitoire ?
Guy Lemaître/Agissons pour Charade

