Long comme… une belle histoire

8,055 km. Un numéro de code ? Non. Pas plus une distance olympique ou celle entre deux localités. Mais la longueur d’un ruban d’asphalte qui, en ce dimanche inaugural du 27 juillet 1958, fut présenté au public comme le « Circuit de montagne d’Auvergne ». Situé à un jet de pierre de Clermont-Ferrand au milieu des premiers contreforts de la Chaîne des Puys, ce qui deviendra vite le circuit de Charade (nom du village – dépendant de Royat – le plus proche de la piste) commence très tôt à se faire un nom. D’abord dans le milieu de la compétition automobile puis, rapidement, dans celui de la moto. Et, enfin, dans le cœur d’une génération de Clermontois qui, les week-ends, prennent plaisir à fréquenter cette piste devenue célèbre et ouverte à la circulation.
51 virages forment ce chapelet qui serpente à une altitude moyenne de 800 mètres. Certains s’impriment rapidement dans l’esprit des pilotes. Ils ont pour noms : après le départ et une côte de 600 m, la courbe de Manson qui prépare à la descente de Gravenoire, frissons garantis, une fois le col de Charade franchi. Arrivent au galop le Belvédère (Grand balcon), les Jumeaux, la Carrière puis l’incroyable banking à hauteur de la route de Royat… les gaz à fond. C’est ensuite le début de la remontée, Clermont et Boisséjour-Ceyrat à gauche dans le vide, les falaises volcaniques du Puy de Gravenoire à droite. Pas le temps de souffler. Champeaux donne le ton d’un final mouvementé. Le « S » de la Ferme et la descente vers le Petit Pont précèdent une courte côte et l’épingle Marlboro. Puis déboulent Thèdes, son pif-paf, sa courbe, sa descente. Enfin, le Rosier permet aux intrépides quelques prouesses ultimes et appréciées du public avant de franchir la ligne d’arrivée.
De 1959 à 1974, Charade accueille la F1 à travers quatre Grands Prix et les championnats du monde de moto avec dix Grands Prix de France ainsi qu’un Grand Prix FIM 750. Et un public énorme ! Entre ces dates, se faufilent les Trophées d’Auvergne (Prototypes, GT, formules de promotion monoplaces ou de tourisme), des courses de moto « inter » ainsi que le passage du Tour de France automobile.
Postes de secours, commissaires de piste et autres responsables du contrôle sportif, de la billetterie ou du chronométrage constituent une communauté de plusieurs dizaines d’officiels. Tous restent fidèles de ces rendez-vous orchestrés par l’Association sportive de l’Automobile club d’Auvergne (ASACA) à l’origine du circuit ou le Moto Club d’Auvergne (MCA).
1989 met un terme à cette période d’activité du grand tracé avec ses 4 passerelles. Le petit circuit fermé lui succède : 3.975 mètres, 18 virages. Dimanche matin 21 mai 2023, le « 8 km » sera exceptionnellement ouvert aux bolides à l’occasion de la deuxième édition du Charade Super Show. Parmi eux, quelques champions du passé, afin d’écrire un nouveau chapitre de cette belle histoire.
Guy Lemaître/Agissons pour Charade (texte & photo)