Charade dans le rétro #28

Lorsque la moto soufflait le chaud et le froid de l’Histoire

En 1973, la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) crée une nouvelle formule dans le cadre de ses championnats du monde : le Trophée FIM 750 (1973-1974) devenu Championnat d’Europe 750 (1975-1976) puis Championnat du monde 750 jusqu’à son terme en 1979. Mais le Circuit de Montagne d’Auvergne avec son important public espère que le choix d’une épreuve française sur ce site confirmera le succès de l’année précédente : près de 80.000 spectateurs avaient assisté au Grand Prix de France à travers les autres catégories (125, 250, 350, 500 et side-cars). Que nenni ! Les 26 et 27 mai 1973 marqueront un tournant majeur dans l’avenir de Charade. Et catalysera le besoin de plus de sécurité sur les circuits.

 

Entre silences pesants, colère et huées, ce public est exposé au régime de la douche écossaise laborieusement géré par le Moto Club d’Auvergne (MCA) organisateur, la FFM et la gendarmerie. En tête d’affiche, pourtant, les 750 FIM : un plateau de toute beauté avec des bécanes inédites et de nombreuses marques (Honda, Kawasaki, Suzuki, Yamaha/350, Harley-Davidson, Ducati, Moto Guzzi, BSA, Norton, Triumph, Yamsel). Côté pilotes, du beau monde également : des vedettes du Continental Circus (Barry Sheene, John Dodds, Werner Pfirter, Gianfranco Bonera, etc.) accompagnés d’Anglais comme John Cooper ou Peter Williams fidèles de leurs « petits » circuits britanniques. Et de nombreux Français « inter » : Christian Bourgeois, Christian Léon, Eric Offenstadt ou Michel Rougerie. Parmi ces derniers, les trois premiers soulèvent la contestation dès le samedi. En cause, trop de glissières coupe-gorge indispensables aux autos. Et donc, pas assez de bottes de paille pour protéger les pilotes moto. Si la contestation s’appuie sur ce point de sécurité, la confusion et les retards se propageront tout le week-end avec menaces et sanctions des autorités. Pour cause, une semaine plus tôt, ces champions perdaient deux des leurs à Monza (Jarno Saarinen et Renzo Pasolini). Présents dans le public de Charade lors de ces deux journées insolites, nous nous souviendrons longtemps d’une ambiance crispante que la victoire et le fairplay de Barry Sheene, futur vainqueur du championnat 750 cette année-là, auront difficilement effacée. Le Riomois Michel Garnier terminera 9e et 1er Français sur une Moto Guzzi. Les autres séries inscrites (250 Inter, Trophées motocyclismes Coupe Kawasaki, Critérium sports 750, side-cars) auront souffert de cette ambiance.

 

Onze mois plus tôt, la piste du circuit de Charade s’était déjà « illustrée » par ses bas-côtés instables dont les projections de gravillons provoquèrent une dizaine de crevaisons lors du Grand Prix de France de Formule 1. Au 9e tour, le pilote autrichien Helmut Marko (BRM) perdait un œil, une semaine après sa victoire aux 24 Heures du Mans sur Porsche 917 K et des années avant de devenir l’une des éminences grises de Red Bull F1 et sa filière de jeunes pilotes. L’année 1974 permettra cependant au toboggan auvergnat de briller à nouveau en accueillant deux compétitions exceptionnelles : le dernier GP de France moto couru ici, devant plus de 100.000 spectateurs, avec les duels Agostini/Read et une manche du Championnat d’Europe des sport-prototypes 2 Litres agrémentée de moult batailles de marques et de pilotes. Charade au sommet de sa notoriété dérangerait-il les autres circuits français ? Certains le pensent. Mais ne peuvent éclipser un facteur sécurité devenu incontournable. En temps d’incertitude, tous les coups sont permis.

 

Guy Lemaître/Agissons pour Charade (Texte & photo)

Notre photo : Le pilote-ingénieur anglais Peter Williams, 3e du Prix FIM 750 en 1973 à Charade, et sa belle JPS Norton préparée par ses soins.

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